ALGÉRIE-FRANCE : Rixe diplomatique sur le Mali
13 octobre 2012
le soir d »Algérie
La vague de froid souffle à nouveau sur les relations algéro-françaises. La déclaration sur la Mali, jeudi, du président français François Hollande n’a pas laissé insensible Alger. La réaction, qui a manqué de revêtir le cachet d’une affirmation officiellement assumée, a été prompte et assez virulente.
Sofiane Aït Iflis – Alger (Le Soir) – Et c’est à une source diplomatique algérienne anonyme à qui il a échu de commenter la déclaration de François Hollande qui, lors de sa prestation médiatique de jeudi, s’est déclaré résolument contre le dialogue réclamé notamment par l’Algérie comme préalable à une éventuelle intervention militaire au Nord-Mali. La source diplomatique, citée aussi bien par TSA que par la Radio nationale, a dénoncé les motivations d’une France par trop portée sur la solution militaire à la crise malienne.
Selon la source diplomatique, la France veut protéger ses intérêts économiques et autres dans la région et est motivée, par ailleurs, par des impératifs de politique intérieure ainsi que par le repositionnement sur la scène internationale. Mais ce qui semble avoir le plus soulevé une si vive réplique algérienne, c’est l’image d’une Algérie bienveillante à l’égard du terrorisme que des sources diplomatiques françaises tout aussi anonymes ont travaillé à façonner. «La position de l’Algérie n’a rien d’ambiguë et nous n’avons jamais exclu le recours à la force contre les groupes terroristes d’Aqmi et de leurs affiliés du Mujao», a soutenu la source diplomatique algérienne.
Il apparaît clairement que l’Algérie ne considère pas comme organisation terroriste Ansar Dine, un mouvement islamiste armé touareg prônant l’instauration de la Charia. Ansare Dine, dont une délégation aurait séjourné récemment à Alger pour rencontrer des responsables militaires maliens venus, eux, de Bamako, ne serait pas réfractaire à l’idée de négocier une sortie de crise avec Bamako.
Ceci alors que, de son côté, la France ne distingue pas entre l’ensemble des organisations armées qui contrôlent le Nord-Mali, à l’exception, évidemment, du MNLA qui est un mouvement d’essence laïque. La France ferait tout pour maintenir en marge d’un éventuel processus de dialogue Ansare Dine. François Hollande, justifiant le choix entêté de la France de pousser à une intervention militaire dans le Nord-Mali, a nettement souligné, jeudi, qu’il mettait tout ce beau monde dans le même sac. «Discuter ? Mais avec qui ? Avec des terroristes qui sont installés dans le Nord-Mali ?
Qui imposent la Charia, qui coupent les mains et qui détruisent les monuments jusque-là considérés comme un patrimoine de l’humanité.» Par un tel propos, François Hollande entendait assurément aussi indexer, par ricochet, l’Algérie comme désirant dialoguer avec les terroristes. Ce que le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, a démenti catégoriquement jeudi. «Contrairement à ce qui se dit, l’Algérie n’est pas exclusivement pour le tout politique et nous avons toujours affirmé qu’il est légitime de recourir à tous les moyens, y compris la force, pour éradiquer les groupes terroristes et leurs affiliés du crime transnational organisé dans le Sahel», a-t-il déclaré à l’APS, ajoutant que «nous estimons toutefois que l’usage de la force doit être conduit avec discernement voulu pour éviter l’amalgame et la confusion entre les populations du Nord-Mali qui ont des revendications légitimes et les groupes terroristes».
L’Algérie, qui rappelle avoir aussi ses intérêts dans la région du Sahel, refuse, en fait, de souscrire à un schéma sécuritaire élaboré ailleurs et qui travaille des intérêts qui ne sont pas forcément les siens. Ces piques et mises au point entre Paris et Alger interviennent à la veille de la visite du ministre de l’Intérieur français, Manuel Valls, à Alger. Ce dernier vient en précurseur de la visite de François Hollande programmée pour avant la fin de l’année.
S. A. I.
S. A. I.