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28 mars 2024

CE MACHIN APPELE : FRANCOPHONIE de Jean-Paul Pougala


CE MACHIN APPELE : FRANCOPHONIE  de Jean-Paul Pougala

Vous êtes nombreux ce matin de lundi à me poser la question sur ce que
je pense sur le sommet de la francophonie à Kinshasa. Je vous renvoie
à deux textes que vous trouverez dans le tome 1 du livre Géostratégie
africaine (www.amazon.fr) : 1- ma lettre à Sarkozy, 2- Abdou Diouf ne
peut pas présider la francophonie. JPP

en voici les copies :

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9- FRANCOPHONIE  OU  UNION  EUROPENNE ?

Le 24 Octobre 2010 s’est terminée dans la ville Suisse de Montreux la
40ème rencontre des chefs d’Etats de la Francophonie. J’ai envie de
vous poser une question toute bête : A quoi sert-il ce machin ?  Parce
que je ne l’ai toujours pas compris. Est-ce que c’est l’expression
d’un monolithisme linguistique ou culturel ? Je suis originaire du
Cameroun, c’est le seul pays africain qui a le Français et l’Anglais
comme langues officielles. Et je puis vous affirmer que parler de
façon habituelle ces 2 langues ont transformé ma vie et y ajouter 2
autres langues Européennes, puis une langue asiatique m’ont permis un
épanouissement culturel inégalable. Si je ne parlais que le Français,
le monde aurait été plus gris, trop fade à mes yeux. A moins que
l’intérêt de cette institution ne soit ce que Jean-Jaurès déclarait en
1884 : « Pour la France, la langue est l’instrument nécessaire à la
colonisation… Plus d’écoles françaises aideront les colons français
dans leur difficile tache de conquête et d’assimilation ».

J’aurai pu comprendre que l’espace de la francophonie soit une ère où
circulent les idées, la culture donc, les hommes. Et pourtant, vous
n’avez cessé d’empêcher les chanteurs, les écrivains et intellectuels
africains de circuler librement aussi vers la France, sous prétexte
qu’ils étaient trop pauvres et  risquaient d’envahir la France. Ce
sont vos propos. Mais je vais essayer de vous prouver que cet argument
ne tient pas.

Voici la liste de quelques pays dits pauvres qui peuvent
entrer en France sans Visa : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili,
Costa-Rica, Guatemala, Honduras, Mexique,  Nicaragua, Panama,
Paraguay, Salvador,  Uruguay et Venezuela. Vous l’aurez constaté
vous-même, qu’il n’y a aucun pays Africain faisant partie de cette
liste dite « blanche » établie par le règlement (CE) n°539/2001 du 15
mars 2001 sur la base de 3 critères : immigration clandestine, ordre
publique et Sécurité.

En d’autres termes, sur les 53 pays africains
aucun ne respecterait ces critères ? Sur le premier critère, avez-vous
jamais vu dans vos statistiques un sans-papiers Zambien ? Botswanais ?
Namibien ? Avez-vous jamais expulsé pour clandestinité un seul
ressortissant du Lesotho ou du Swaziland ? Pour les autres 2 critères
je vous mets au défi de me prouver dans toute l’histoire coloniale et
postcoloniale de la France avec l’Afrique une quelconque trace d’une
bombe mise en France par un Sénégalais, un Malien ou un Congolais.
Vous voyez bien que la seule raison de cette obligation de visa pour
53 pays africains n’est motivée que par un racisme institutionnel
européen contre les Africains, racisme assumé par toujours plus de
dirigeants de droite comme vous. Alors quel sens a tout le baratin de
la fraternité de la francophonie si  l’obtention du visa pour la
France par un Béninois relève d’un parcours du combattant alors qu’au
même moment, un chômeur de l’Honduras peut aller chercher du travail à
Paris sans visa ? Je vous propose d’avoir le courage de dissoudre
l’institution de la Francophonie.

Lorsque le 26 Mai 2009 lors de
l’inauguration de la base militaire française à Abu Dabi (Emirats
Arabes Unis) vous vous êtes adressé à un militaire Français plutôt en
langue anglaise, vous avez en quelque sorte indiqué que vous-même ne
croyez pas tant que cela à cette francophonie. Pourquoi ne pas établir
une fois pour tout, son acte formel de décès ? Je me trouve encore
obligé de paraphraser Ernest Renan qui a écrit : « La langue invite à
se réunir et non à s’unir (…) la Suisse, si bien faite, puisqu’elle a
été faite par l’assentiment de ses différentes parties, compte trois
ou quatre langues. Il y a dans l’homme quelque chose de supérieur à la
langue : c’est la volonté. La volonté de la Suisse d’être unie, malgré
la variété de ses idiomes, est un fait bien plus important qu’une
similitude souvent obtenue par des vexations ».

J’ai une doléance à vous soumettre : Monsieur le Président, je vous
prie de bien vouloir engager des procédures pour faire que la France
renonce à son siège de Membre Permanent au Conseil de Sécurité des
Nations Unies au profit de l’Union Européenne. C’est un geste qui vous
fera entrer dans l’Histoire avec le H majuscule, par la grande porte
et donnera à l’Union Européenne ce rôle d’Eclaireuse qu’elle est
capable d’assumer aux yeux des autres peuples.  Cela contribuera à
simplifier la reforme des Nations Unies pour s’adapter au temps et se
doter des moyens adéquat pour s’attaquer aux problèmes de notre
siècle.

En l’espace de 4 mois, vous avez promis 4 fois aux Chefs d’Etat
Africains à Nice, à Paris, à New-York et à Montreux de peser de votre
poids pour permettre aux pays africains de disposer d’un ou de 2
sièges à ce même Conseil de Sécurité.  Je vous remercie Monsieur le
Président au nom des Africains, mais que voulez-vous en échange ? En
d’autres termes, quels sont vos véritables intérêts ? Sont-ils
compatibles avec ceux des Africains ? Et que dire du fait que vous
avez complètement ignoré le choix exprimé par ces mêmes Africains dans
le souci de leurs intérêts, celui de revendiquer un siège, un seul et
non deux, mais pas pour tel ou tel autre pays, un siège pour  toute
l’Union Africaine dans sa globalité.  Si l’Union Européenne pouvait
suivre l’Union Africaine dans cette démarche en récupérant le siège
français, cela contribuerait à la démocratisation des instances
destinées à assurer la Gouvernance Globale. Ainsi on ferait du Conseil
de Sécurité des Nations Unies le directoire démocratique d’une
véritable Assemblée des Peuples et non plus seulement un groupe de
pays choisis sur la base de la force.  Une telle assemblée serait plus
efficace à affronter les problèmes de son ressort, car serait dotée de
véritable pouvoir de décision parce que légitimée du fait qu’elle
serait véritablement représentative de la planète.

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Président de la Francophonie Abdou Diouf : « voilà le genre d’Africain
qu’aime l’Occident »

La fonction de Chef d’Etat est sacrée. C’est pour cela que je prétends
qu’on respecte nos chefs d’Etat (quoi qu’ils aient fait) exactement
comme on le fait ailleurs en Europe, aux Etats-Unis, en Russie, en
Chine etc… Mais en revanche, ce sont nos chefs d’Etats qui doivent
arrêter de nous humilier en acceptant de présider des associations et
institutions bidon.

De la même manière que je dis que la place d’un chef d’Etat Africain
n’est pas à la Haye et me bats même contre les Africains qui acceptent
d’y siéger comme procureurs ou juges, de la même manière je dis que la
place d’un chef d’Etat africain (Abdou Diouf, ancien Président du
Sénégal) n’est pas à défendre les intérêts de la France à travers une
institution à saveur coloniale qu’est la Francophonie dont j’ai
demandé l’abolition en 2010, à travers ma lettre ouverte au chef
d’Etat Français et au peuple français

A propos de la langue, c’est depuis 1975 que le Swahili a été reconnu
à l’ONU et inscrit à l’UNESCO comme la langue officielle Africaine et
c’est à ce titre qu’un autre ex-Président : Konaré alors président de
la Commission de l’UA (présidant l’institution juste à mes yeux) s’est
battu afin que ce Swahili soit très vite adopté comme la langue
commune Africaine. Je me serais attendu que le Président Diouf lui
donne un coup de main pour la continuité de sa bataille et non aller
défendre une langue qui empêche l’émergence de la culture africaine.
S’il contestait le Swahili, il aurait pu défendre le Wolof, pas le
français.

Par ailleurs, l’Afrique est un si grand chantier pour réécrire notre
histoire, même en formant nos jeunes, en leur faisant partager son
expérience, que je me demande si le Président Diouf n’a pas trouvé
l’utilité de donner lui aussi ce précieux coup de main à nos jeunes.
C’est ce que beaucoup font déjà, car pour le faire, on n’a pas besoin
d’être en poste ou d’être Ministre ou Président.

Il a déjà un salaire d’ancien Chef d’Etat qui le protège du besoin, et
lui laisse suffisamment d’espace pour qu’il fasse plein de choses au
Sénégal, en Afrique. Au lieu de cela, il a préféré comme son
prédécesseur, s’exiler en France.

Au fond, à quoi sert cette francophonie? Si les étudiants africains,
les chanteurs africains ne peuvent pas voyager librement vers la
France, la Suisse, le canada ou la Belgique alors que les pays de
l’Amérique du Sud qui ne sont pas dans la francophonie peuvent le
faire ? Les Africains doivent copier l’exemple des pays Scandinaves où
tous les jeunes doivent bien parler au moins 3 langues internationales
et non s’engouffrer dans une seule langue qui limite leur vision du
monde.

Le Président Diouf en présidant la Francophonie, n’a-t-il pas compris
que S’exprimer uniquement dans la langue de l’autre est symbole de
soumission ? Tous les dirigeants Nord-africains parlent français, mais
aux Nations-Unies, ils ne prononcent jamais un discours en français,
mais plutôt en Arabe. C’est aussi le cas des dirigeants Chinois qui
même si ce sont eux qui impriment tous les dictionnaires anglais, dès
lors qu’ils sont aux Nations-Unies, font semblant de ne connaitre
aucun mot d’anglais et se font traduire de leur chinois. Le Président
Diouf peut-il nous aider à faire que très bientôt, aux Nations-Unies,
un Président Africain se fasse traduire du Wolof, du Lingala ou du
Malgache, en attendant que le Swahili remplace toutes ces langues ?

PS: S’opposer au PAS est juste la fumée aux yeux, à mon avis; car ne
pas mettre en cause le Franc CFA est la preuve d’un certain alignement
récompensé justement par cette présidence de la Francophonie.

« L’Europe, en proie à la crise de la dette, n’est plus un modèle à
suivre pour le reste du monde et refuse de l’admettre » l’a déclaré le
9/12/2011 le président tchèque Vaclav Klaus. Les Présidents Africains
et les anciens ont-ils compris que la page de la gloire européenne est
en train d’être tournée? Voudront-ils faire partie du nouveau monde
qui se redessine ou de l’ancien déjà obsolète ?

Jean-Paul Pougala
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Les deux textes sur al francophonie sont extraits du livre :
« Géostratégie Africaine » Tome 1

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