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24 avril 2024

Le Proces de Dieudonné condamné pour une chanson…



Le blasphème étant par définition infiniment moins grave que “l’injure” !


Objet : Procès Shoahnanas 19/10/2012

Procès Shoahnanas à la 17ème chambre du tribunal correctionnel. Les
audiences commencent avec une heure de retard, à 14h30, et se terminent
à 19h30. Les prévenus : Dieudonné M’Bala M’Bala, auteur présumé de la
chanson filmée et Ahmed Moualek, diffuseur présumé de la vidéo en
novembre 2009. Dieudonné est aussi poursuivi pour injure aggravée à un
groupe de personnes, provocation à la haine raciale et diffamation. Une
deuxième affaire concerne une interview de 2010 montée comme une réponse
à Eric Zemmour et au cours de laquelle Dieudonné déclare qu’ « il faut
être juif pour avoir la liberté d’expression en France ».

DM’B explique que son but est de divertir, d’amuser une population
désespérée et qu’il est lui-même victime d’associations à travers
lesquelles s’exercent des pressions politiques. Il arrive à faire rire
dans des grands moments de tension et fait son travail le plus
sérieusement possible. Le président épelle shoah (a)nanas quand il faut
comprendre chaud ananas ou show ananas, détournement d’une chanson
d’Annie Cordy (chaud cacao). Il n’est pas l’auteur du texte de la
chanson ; c’est l’œuvre de Carlos (et autres repris de justice préférant
garder l’anonymat) qui lui a transmis ce sketch collectif depuis sa
cellule. Quant à la mise en scène, elle a été improvisée, et DM’B aurait
aimé refaire la chorégraphie.

A aucun moment, il ne présente une thèse scientifique. Les associations
n’ont pas à lui faire la morale, à décider de ce qui est drôle ou ne
l’est pas. Le président rétorque que le tribunal n’est pas en effet
habilité à juger de la scientificité d’une thèse mais à établir si il y
a eu injure ou pas (et provocation, et diffamation). DM’B a participé
d’une manière collégiale à une expérience… il ne dit pas collective,
mais dont on voit bien que chacun des acteurs est prêt à jouer son rôle.
Comment se fait-il que Jacques Sigaux (Jacky) qui a été entendu dans le
cadre de l’enquête, n’ait pas été convoqué ? En effet, c’est Jacky
lui-même qui a pris la responsabilité de mettre ce costume de scène
évoquant un déporté avec une grosse étoile. Or il se trouve que Jacky
est juif et que son père a été déporté à Auschwitz. C’est donc un fils
de déporté qui a choisi de tourner ainsi en dérision la pornographie
mémorielle.

Gêne manifeste dans le prétoire… Les témoins qui ont écrit la chanson ne
sont pas là, mais derrière les barreaux. Le nègre et l’arabe sont
assignés à comparaître, mais pas le juif q
ui a seulement été entendu.
Pourquoi ? Jacky est-il seulement un pauvret manipulé par un Hitler noir
ou partie prenante d’une œuvre collégiale ? J’ai été, dit Dieudonné, élu
comme le représentant de l’axe du mal par ces associations alors que
c’est moi la victime. Le costume avait bien été conçu par DM’B pour un
autre spectacle (« j’ai fait l’con ») mais c’est de sa propre initiative
que Jacky l’a revêtu pour ce sketch improvisé. Mais, dit le président,
ce costume a été saisi par la justice. C’est pourquoi, dit DM’B, il a
fallu en changer (en prendre un autre semblable).

Ahmed Moualek explique avoir mis en ligne la vidéo à l’insu de DM’B. Il
n’a supporté ni les pressions des associations ni les caricatures du
Prophète parce qu’il est musulman. Il s’est senti offensé et a décidé de
publier ce sketch qui n’était que l’ébauche d’un spectacle à venir comme
une réponse aux provocations et aux pressions des associations. Le
président lui demande si il fait bien la différence entre blasphème (par
ex envers le Prophète) et injure (envers un groupe de personnes).
Sa
réponse est que la vie du Prophète relève de l’histoire, et que donc
représenter le Prophète en terroriste est une falsification (ou une
négation) en plus d’un blasphème. Il accepte cette offense à titre
personnel à condition qu’il puisse y répondre sur le même plan. Si l’on
peut rire de l’histoire, que ce soit de toute l’histoire.

Ahmed Moualek n’a pas demandé l’avis de DM’B et ne le regrette pas parce
qu’il fait ce qu’il a envie de faire et que c’est son tempérament.

Pierre Panet est cité comme témoin de moralité. Il connaît DM’B depuis
2004 et l’affaire Fogiel. En septembre 2004, DM’D avait mis son théâtre
à la disposition d’une dame pour la commémoration de la mort de Benjamin
Fondane. Il a aussi reçu les rabbins de Neturei Karta. DM’B n’est donc
pas antisémite. Panet voit la chanson filmée comme un amusement. Il fait
l’hypothèse que DM’B pouvait vouloir signifier que la Shoah ne doit pas
être instrumentalisée.

Le deuxième dossier concerne les juifs qui seraient traités de « chiens
» dans une réponse à Zemmour (« la mort sera plus confortable que la
soumission à ces chiens »). DM’B explique qu’il n’a pas désigné les
juifs comme des chiens mais qu’il visait les esclavagistes auxquels il
crache au visage. Il a toujours eu un discours anti-communautariste et
la pseudo dénonciation du racisme anti-blanc par Copé est une imposture.
Copé est un juif à gueule de dromadaire qui se la joue plus blanc que
blanc pour dénoncer hypocritement le racisme anti-blanc alors que seul
l’intéresse le sort de sa communauté. Embarras des parties civiles qui
apparaissent comme racistes et le prévenu comme antiraciste.

DM’B revient sur l’affaire de son « hangar » acheté en 1995 par son
entreprise et racheté par lui-même pour la même somme en 1997.

Les avocats des parties civiles sont au nombre de quatre. Deux de SOS
Racisme, un de la LICRA, un du CRIF. Pour SOS Racisme, le chien est un
animal vil, comme le rat, et Dieudonné est coupable de zoomorphisation
(sic !). Les juifs ne sont pas des chiens. La provocation à la haine
raciale n’a pas besoin d’être directe ni suivie d’effet pour être
reconnue. L’esclavage et la colonisation sont des thèmes nouveaux qui
viennent simplement se greffer sur un vieil antisémitisme d’extrême
droite dont DM’B est le vecteur et qu’il légitime. Pour l’humoriste,
seuls les juifs sont des escrocs ; c’est donc qu’ils ont une
prédisposition à l’escroquerie. De quoi l’ananas est-il le symbole ?
Mystère et exotisme. Deux Noirs quittent la salle, déclarant
publiquement que SOS Racisme ne défendent pas les Noirs. Pour la LICRA,
DM’B n’assume pas ses responsabilités dans ce procès et revient sur la
judéité surprise de Jacky : intermittent du spectacle ou fils de déporté
? Soral prend la parole en rappelant que la LICA n’a ajouté le R
qu’après la guerre. Le président lui demande de sortir, ce qu’il fait
sous les applaudissements. Le CRIF fait rire toute la salle en décrivant
le parcours de Dieudo passant de l’antiracisme à l’antisionisme (qui
n’était qu’un masque), puis à l’antisémitisme en attendant l’étape
suivante qui sera… la collusion avec les salafistes. Dieudonné
représente un danger pour la sécurité des juifs en France, Monsieur le
Président !

Madame le Procureur, une Noire, fait un réquisitoire sévère qui se veut
sans grief personnel puis réclame vingt jours amende à 600 euros, soit
12 000 euros, les jours impayés se transformant en jours
d’emprisonnement. Elle réclame 2000 euros d’amende pour Moualek.

Répondant aux parties civiles qui demandaient à DM’B de les « lâcher »,
l’avocat ( nom ?) de la défense explique que ce sont les parties civiles
qui ne veulent pas lâcher son client. DM’B, lui, en reste au registre de
l’humour. Si il s’en prend parfois à la religion (on a le droit de ne
pas aimer le judaïsme), il respecte les croyances de chacun… à la
différence de ceux qui offensent Ahmed Moualek dans sa foi et provoquent
une réaction spontanée (la mise en ligne de la vidéo). Sans volonté de
publier, pas de condamnation pour délit de presse. Sans publicité, pas
de condamnation pour délit de presse. Or, l’avocat prouve que le lien
vers la vidéo n’a pas été activé et que cette vidéo a été détournée (par
des gamins tenant un blog); ce qui explique sa diffusion incontrôlée. La
danse injurieuse de Jacky à l’égard du peuple juif est la danse des
méchants, comme celle des « méchants » indiens dans les westerns face
aux « bons » cowboys. Quand l’avocat de la défense reconnaît que son
client n’a pas tout à fait tort en déclarant que tous les gros escrocs
sont juifs, deux avocats de la partie civile, jouant l’indignation,
quittent la salle… l’une d’elle en arrachant sa robe (d’avocate
seulement !). L’avocat continue imperturbable en évoquant le contexte du
moment : Madoff, Goldmann Sachs, Lehman Brothers, etc.

Dieudo termine en beauté en expliquant que, si il est condamné, il ira
certainement en prison puisqu’il ne peut pas payer à cause de sa dette
fiscale. Il propose mi-sérieux mi-moqueur un spectacle de réunification
et de pacification à l’Olympia dont le produit des bénéfices irait
entièrement aux parties civiles. Il consent à retirer la chansonnette
qui fâche.

Jugement le 27 novembre.

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