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25 avril 2024

Ce machin appelé « Francophonie » par JP Pougala


NYAMKO
Ministre suédoise
Europe-Diaspora, Afrique et ses leaders d’opinion:  » CE MACHIN APPELÉ : FRANCOPHONIE » de Jean-Paul Pougala, Camerounais et chercheur en géostratégie.

Jean-Paul Pougala, chercheur en géostratégie africaine.

« Ntembe eboti ntembe. Ntembe na ntembe ekutani »;en langue internationale Lingala [: » le doute engendre le doute,le doute se heurte au doute »]. Mais l’universitaire africain du Cameroun Jean Paul Pougala (JPP) n’a pas de doute quand il exprime son jugement sur la Francophonie. Dans le champ de notre ligne éditoriale sur la dynamique pour la création des Etats Unis d’Afrique, notre  » Magazine Ngambo Na Ngambo » publie cette pensée profonde de monsieur Pougala, chercheur en géostratégie africaine. Il a écrit ce qui suit:  » Vous êtes nombreux ce matin de lundi* à me poser la question sur ce que je pense sur le sommet de la francophonie à Kinshasa. Je vous renvoie à deux textes que vous trouverez dans le tome 1 du livre Géostratégie africaine (www.amazon.fr) : 1- ma lettre à Sarkozy, 2- Abdou Diouf ne peut pas présider la francophonie. JPP. En voici les copies »:

9- FRANCOPHONIE OU UNION EUROPÉENNE ?(*)

Le 24 Octobre 2010 s’est terminée dans la ville Suisse de Montreux la 40ème rencontre des chefs d’Etats de la Francophonie. J’ai envie de vous poser une question toute bête : A quoi sert-il ce machin ? Parce que je ne l’ai toujours pas compris. Est-ce que c’est l’expression d’un monolithisme linguistique ou culturel ?

Je suis originaire du Cameroun, c’est le seul pays africain qui a le Français et l’Anglais comme langues officielles. Et je puis vous affirmer que parler de façon habituelle ces 2 langues ont transformé ma vie et y ajouter 2 autres langues européennes, puis une langue asiatique m’ont permis un épanouissement culturel inégalable.

Si je ne parlais que le Français, le monde aurait été plus gris, trop fade à mes yeux. A moins que l’intérêt de cette institution ne soit ce que Jean-Jaurès déclarait en 1884 : « Pour la France, la langue est l’instrument nécessaire à la colonisation… Plus d’écoles françaises aideront les colons français dans leur difficile tâche de conquête et d’assimilation ».

J’aurai pu comprendre que l’espace de la francophonie soit une ère où circulent les idées, la culture donc, les hommes. Et pourtant, vous n’avez cessé d’empêcher les chanteurs, les écrivains et intellectuels africains de circuler librement aussi vers la France, sous prétexte qu’ils étaient trop pauvres et risquaient d’envahir la France. Ce sont vos propos.

Mais je vais essayer de vous prouver que cet argument ne tient pas. Voici la liste de quelques pays dits pauvres qui peuvent entrer en France sans Visa : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Costa-Rica, Guatemala, Honduras, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Salvador, Uruguay et Venezuela. Vous l’aurez constaté vous-même, qu’il n’y a aucun pays africain faisant partie de cette liste dite « blanche » établie par le règlement (CE) n°539/2001 du 15 mars 2001 sur la base de 3 critères : immigration clandestine, ordre publique et Sécurité.

En d’autres termes, sur les 53 pays africains aucun ne respecterait ces critères ? Sur le premier critère, avez-vous jamais vu dans vos statistiques un sans-papiers Zambien ? Botswanais ? Namibien ?

Avez-vous jamais expulsé pour clandestinité un seul ressortissant du Lesotho ou du Swaziland ? Pour les autres 2 critères je vous mets au défi de me prouver dans toute l’histoire coloniale et postcoloniale de la France avec l’Afrique une quelconque trace d’une bombe mise en France par un Sénégalais, un Malien ou un Congolais.

Vous voyez bien que la seule raison de cette obligation de visa pour 53 pays africains n’est motivée que par un racisme institutionnel européen contre les Africains, racisme assumé par toujours plus de dirigeants de droite comme vous. Alors quel sens a tout le baratin de la fraternité de la francophonie si l’obtention du visa pour la France par un Béninois relève d’un parcours du combattant alors qu’au même moment, un chômeur de l’Honduras peut aller chercher du travail à Paris sans visa ?

Je vous propose d’avoir le courage de dissoudre l’institution de la Francophonie. Lorsque le 26 Mai 2009 lors de l’inauguration de la base militaire française à Abu Dabi (Emirats Arabes Unis) vous vous êtes adressé à un militaire français plutôt en langue anglaise, vous avez en quelque sorte indiqué que vous-même ne croyez pas tant que cela à cette francophonie. Pourquoi ne pas établir une fois pour tout, son acte formel de décès ? Je me trouve encore obligé de paraphraser Ernest Renan qui a écrit : « La langue invite à se réunir et non à s’unir (…) la Suisse, si bien faite, puisqu’elle a été faite par l’assentiment de ses différentes parties, compte trois ou quatre langues. Il y a dans l’homme quelque chose de supérieur à la langue : c’est la volonté. La volonté de la Suisse d’être unie, malgré la variété de ses idiomes, est un fait bien plus important qu’une similitude souvent obtenue par des vexations ».

J’ai une doléance à vous soumettre : Monsieur le Président, je vous prie de bien vouloir engager des procédures pour faire que la France renonce à son siège de Membre Permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies au profit de l’Union Européenne. C’est un geste qui vous fera entrer dans l’Histoire avec le H majuscule, par la grande porte et donnera à l’Union Européenne ce rôle d’Eclaireuse qu’elle est capable d’assumer aux yeux des autres peuples. Cela contribuera à simplifier la reforme des Nations Unies pour s’adapter au temps et se doter des moyens adéquats pour s’attaquer aux problèmes de notre siècle.

Jean-Paul Pougala, chercheur/ Géostratégie Africaine.

En l’espace de 4 mois, vous avez promis 4 fois aux Chefs d’Etat africains à Nice, à Paris, à New-York et à Montreux de peser de votre poids pour permettre aux pays africains de disposer d’un ou de 2 sièges à ce même Conseil de Sécurité. Je vous remercie Monsieur le Président au nom des Africains, mais que voulez-vous en échange ? En d’autres termes, quels sont vos véritables intérêts ?

Sont-ils compatibles avec ceux des Africains ? Et que dire du fait que vous avez complètement ignoré le choix exprimé par ces mêmes Africains dans le souci de leurs intérêts, celui de revendiquer un siège, un seul et non deux, mais pas pour tel ou tel autre pays, un siège pour toute l’Union Africaine dans sa globalité.

Si l’Union Européenne pouvait suivre l’Union Africaine dans cette démarche en récupérant le siège français, cela contribuerait à la démocratisation des instances destinées à assurer la Gouvernance Globale. Ainsi on ferait du Conseil de Sécurité des Nations Unies le directoire démocratique d’une véritable Assemblée des Peuples et non plus seulement un groupe de pays choisis sur la base de la force. Une telle assemblée serait plus efficace à affronter les problèmes de son ressort, car serait dotée de véritable pouvoir de décision parce que légitimée du fait qu’elle serait véritablement représentative de la planète.

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Président de la Francophonie Abdou Diouf : « voilà le genre d’Africain qu’aime l’Occident »(*)

La fonction de Chef d’Etat est sacrée. C’est pour cela que je prétends qu’on respecte nos chefs d’Etat (quoi qu’ils aient fait) exactement comme on le fait ailleurs en Europe, aux Etats-Unis, en Russie, en Chine etc… Mais en revanche, ce sont nos chefs d’Etats qui doivent arrêter de nous humilier en acceptant de présider des associations et institutions bidon.

De la même manière que je dis que la place d’un chef d’Etat Africain n’est pas à la Haye et me bats même contre les Africains qui acceptent d’y siéger comme procureurs ou juges, de la même manière je dis que la place d’un chef d’Etat africain (Abdou Diouf, ancien Président du Sénégal) n’est pas à défendre les intérêts de la France à travers une institution à saveur coloniale qu’est la Francophonie dont j’ai demandé l’abolition en 2010, à travers ma lettre ouverte au chef d’Etat Français et au peuple français

A propos de la langue, c’est depuis 1975 que le Swahili a été reconnu à l’ONU et inscrit à l’UNESCO comme la langue officielle Africaine et c’est à ce titre qu’un autre ex-président : Konaré alors président de la Commission de l’UA (présidant l’institution juste à mes yeux) s’est battu afin que ce Swahili soit très vite adopté comme la langue commune africaine. Je me serais attendu que le président Diouf lui donne un coup de main pour la continuité de sa bataille et non aller défendre une langue qui empêche l’émergence de la culture africaine. S’il contestait le Swahili, il aurait pu défendre le Wolof, pas le français.

Par ailleurs, l’Afrique est un si grand chantier pour réécrire notre histoire, même en formant nos jeunes, en leur faisant partager son expérience, que je me demande si le président Diouf n’a pas trouvé l’utilité de donner lui aussi ce précieux coup de main à nos jeunes. C’est ce que beaucoup font déjà, car pour le faire, on n’a pas besoin d’être en poste ou d’être Ministre ou Président.

Il a déjà un salaire d’ancien Chef d’Etat qui le protège du besoin, et lui laisse suffisamment d’espace pour qu’il fasse plein de choses au Sénégal, en Afrique. Au lieu de cela, il a préféré comme son prédécesseur, s’exiler en France.

Au fond, à quoi sert cette francophonie? Si les étudiants africains, les chanteurs africains ne peuvent pas voyager librement vers la France, la Suisse, le Canada ou la Belgique alors que les pays de l’Amérique du Sud qui ne sont pas dans la francophonie peuvent le faire ? Les Africains doivent copier l’exemple des pays scandinaves où tous les jeunes doivent bien parler au moins 3 langues internationales et non s’engouffrer dans une seule langue qui limite leur vision du monde.

Le président Diouf en présidant la Francophonie, n’a-t-il pas compris que s’exprimer uniquement dans la langue de l’autre est symbole de soumission ?

Tous les dirigeants Nord-africains parlent français, mais aux Nations-Unies, ils ne prononcent jamais un discours en français, mais plutôt en arabe. C’est aussi le cas des dirigeants chinois qui même si ce sont eux qui impriment tous les dictionnaires anglais, dès lors qu’ils sont aux Nations-Unies, font semblant de ne connaitre aucun mot d’anglais et se font traduire de leur chinois. Le président Diouf peut-il nous aider à faire que très bientôt, aux Nations-Unies, un président africain se fasse traduire du Wolof, du Lingala ou du Malgache, en attendant que le Swahili remplace toutes ces langues ?

PS: S’opposer au PAS est juste la fumée aux yeux, à mon avis; car ne pas mettre en cause le Franc CFA est la preuve d’un certain alignement récompensé justement par cette présidence de la Francophonie.

L’Europe, en proie à la crise de la dette, n’est plus un modèle à suivre pour le reste du monde et refuse de l’admettre » l’a déclaré le 9/12/2011 le président tchèque Vaclav Klaus. Les présidents africains et les anciens ont-ils compris que la page de la gloire européenne est en train d’être tournée? Voudront-ils faire partie du nouveau monde qui se redessine ou de l’ancien déjà obsolète ?

Jean-Paul Pougala, chercheur/ Géostratégie africaine.
Photos: service des archives Jean Paul Pougala.

(*) Les deux textes sur la francophonie sont extraits du livre : « Géostratégie Africaine » Tome 1
(**)Il s’agit du lundi 15 octobre 2012 en notant que le sommet de l’OIF à Kinshasa s’est terminé le dimanche 14 octobre 2012.

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