Aller à…
RSS Feed

28 mars 2024

Le Qatar, plus gros pollueur, accueillera le prochain sommet sur le climat


 

Le Qatar, plus gros pollueur, accueillera le prochain sommet sur le climat
par Audrey Garric
01/ 11/ 2011L’ONU ne semble pas mesurer la portée des symboles. Mardi 29 novembre 2011, au second jour du sommet de Durban, en Afrique du Sud, la responsable des Nations unies pour le climat, Christiana Figueres, a annoncé un choix des plus surprenants : ce sera le Qatar qui accueillera la prochaine conférence sur les changements climatiques, la COP 18, du 26 novembre au 7 décembre 2012. Doha l’emporte ainsi sur la Corée du Sud, elle aussi candidate au sein du groupe Asie pour recevoir le prochain grand raout onusien, au terme d’une « rude compétition ».

Les deux pays ont pourtant un profil écologique aux antipodes. D’un côté, la Corée du Sud, avec 48,8 millions d’habitants, compte au rang des fervents partisans de modèles économiques sobres en carbone, a orienté la majeure partie de son dernier plan de relance vers les industries vertes et entrepris d’importantes réductions de ses émissions de gaz à effet de serre.
De l’autre, le Qatar, avec seulement 1,67 million de têtes, exporte d’énormes quantités de pétrole, possède d’immenses réserves de gaz naturel, et détient le triste record du maximum d’émissions de CO2 par habitant : 53,4 tonnes selon les données de l’ONU de 2008, soit trois fois plus qu’un Américain (17,5 t), dix fois plus qu’un Chinois (5,2 t) et 36 fois plus qu’un Indien (1,4 t). Sans compter l’organisation à venir de la Coupe du monde de football 2022, en plein été lorsque le thermomètre frôle avec les 50 °C, dans des stades climatisés — théoriquement grâce à l’énergie solaire.
Mais le Qatar veut faire des efforts, a tenté de justifier Christiana Figueres. Doha aurait promis de réduire ses émissions et signifié son intention d’aider les pays en développement, et notamment les petits Etats insulaires, à s’adapter aux effets du changement climatique, tels que les sécheresses ou inondations.
Des justifications qui apparaissent bien maigres. La raison du choix du Qatar comme hôte de la COP 18 est en réalité plutôt à chercher du côté des pétrodollars. « On est face à des considérations financières et diplomatiques et non écologiques, assure un expert du climat, présent à Durban. Le Qatar a fait du lobbying actif pour accueillir le sommet. C’est un pays qui a de grosses capacités financières et de grosses liquidités. Il peut se payer une COP en plus d’une équipe de foot. »
« La conférence de 2012 ne sera pas la plus importante en termes d’enjeux, tente de minimiser Pierre Radanne, spécialiste des questions énergétiques et des négociations climatiques. Il ne s’agira pas d’un moment clé de la négociation où le choix du pays hôte joue un rôle déterminant. » La Chine et les Etats-Unis, tout aussi mauvais élèves en termes d’émissions, devraient peut-être envisager de postuler.
KARIM JAAFAR / AFP
Partager

Plus d’histoires deLibye