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29 mars 2024

Ennahda n’a pas de projet national tunisien!


INSTITUT TUNISIEN DES RELATIONS INTERNATIONALES

Ahmed Manai à AfricanManager: Ennahda n’a pas de projet national tunisien!

Publié par Candide le 14 avril 2013

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Ennahda n’a pas de projet national tunisien et Rached Ghannouchi a un projet de revanche contre l’État National et le Sahel !

Le président de l’Institut Tunisien des Relations Internationales (I.T.R.I), Ahmed Manai nous a déclaré dans un entretien avec « African manager », que le parti Ennahda n’a pas de projet national et qu’il est plutôt engagé dans un projet régional sous la conduite du Turc Erdogan, que notre interlocuteur considère comme un agent des USA, et du capitalisme international.

AfricanManager: 10-03-2013

Maha Kallal

Ahmed Manai :  Ennahda n’a pas de projet national tunisien et Rached Ghannouchi a un projet de revanche contre l’État National et le Sahel !

 Le président de l’Institut Tunisien des Relations Internationales (I.T.R.I), Ahmed Manai nous a déclaré dans un entretien avec  « African manager », que le parti Ennahda n’a pas de projet national et qu’il est plutôt engagé dans un projet régional sous la conduite du Turc Erdogan, que notre interlocuteur considère comme un agent des USA, et du capitalisme international.

Ahmed Manai considère que Rached Ghannouchi exécute un projet de revanche contre l’État national construit par le parti destourien. Il prend pour exemple, les déclarations « révisionnistes » de ce dernier, lors de la fête commémorative de l’évacuation des troupes étrangères dans lesquelles il a dit que « les martyrs de Bizerte étaient des victimes du narcissisme de Bourguiba ».

 Rached Ghannouchi est en train de falsifier  l’histoire, en affirmant que les jeunes qui s’étaient engagés pour combattre à Bizerte *en 1961, ne l’avaient pas fait pour leur patrie, mais qu’ils avaient été les victimes du narcissisme de Bourguiba. Cette déclaration constitue un outrage à la mémoire des patriotes et de la jeunesse tunisienne, et une insulte pour le rôle joué durant la libération, par le Président Bourguiba.

Ahmed Manai considère que Rached Ghannouchi, président du parti Ennahda, a un projet revanchard contre l’État national tunisien et contre le Sahel et les Sahéliens, rappelant qu’il n’y a dans le conseil de la Choura de ce parti que cinq ou six membres originaires de cette région.

En outre, et selon notre interlocuteur, Ennahdha tient un discours politique, idéologique  et religieux, dangereux et binaire, tendant à faire croire que les Tunisiens sont divisés entre laïques et islamistes alors que l’extrême majorité des Tunisiens sont des musulmans ordinaires ; les islamistes étant une minorité et les laïques encore moins nombreux.

 

Les explosions terroristes de 1987

Ahmed Manai a rappelé que le pays avait connu  une très grave crise politique et économique en 1986 et 1987 et que le  Mouvement de la Tendance Islamique (MTI), l’actuel Ennahda, avait des contacts avec les USA, à travers certains étudiants tunisiens dans ce pays, et qu’il avait tenté d’exploiter la situation en demandant l’intervention des Américains ; mais ces derniers s’en étaient abstenus prétextant l’absence de manifestations de rue dans le pays.

Il convient de rappeler que le militant des droits humains, Ahmed Manai, avait joué un grand rôle dans la défense des islamistes et qu’il a beaucoup participé à faire connaître leur cause auprès des organisations des droits humains, internationales et américaines, et que certains de leurs membres, dont l’actuel ministre de l’enseignement supérieur, Moncef Ben Salem, devraient attester de ce rôle positif.**

Notre interlocuteur a expliqué que le MTI avait décidé en conséquence de créer les conditions favorisant une ingérence des États Unis et ce, en organisant opportunément, pour répondre aux vœux et à la manipulation des Américains, des manifestations de rue et des protestations en tout genre. Il s’en est suivi de nombreuses arrestations par les autorités et ce, jusqu’au 2 août 1987, veille de l’anniversaire de Bourguiba, au cours de laquelle, des explosions ont eu lieu dans des hôtels de Sousse et Monastir.

Évidemment, ce sont les islamistes du MTI qui étaient derrière tout cela et le chef d’Ennahda de l’époque, feu Salah Karkar, l’avait reconnu.

Ahmed Manai a rappelé qu’entre 1987 et 1988, le président Ben Ali avait fait un certain nombre de gestes en faveur des islamistes, tels que l’amnistie générale, la libération de Rached Ghannouchi, la nomination de Abdelfettah Mourou au sein du Conseil supérieur islamique, la libération de 156 membres du complot du 8 novembre 1987, sans procès, et l’intégration des civils dans leurs fonctions antérieures, la participation d’Ennahda au « Pacte national », à travers la signature de Noureddine Bhiri, qui y représentait ce parti. Mais cela ne les a pas empêchés de se retourner contre lui et de tenter de le renverser quelques années plus tard.

Ennahda c’est Rached Ghannouchi

Ahmed Manai estime d’autre part, que le parti Ennahda n’est essentiellement, que la projection et l’instrument de son chef, l’Emir Rached Ghannouchi qui a un pouvoir autocratique sur tous les dirigeants et tout l’appareil du parti. Il considère que ce parti était pratiquement laminé en 2010, après plus de vingt années d’absence sur le terrain. Son retour en force en 2011 et son succès aux élections de 2011, ne s’expliquent que par le vide créé par la chute de l’ancien régime et sa récupération des troupes demeurées en déshérence et sans leadership.

Cependant il est certain que ce parti n’a pas de projet national tunisien et que l’expérience de leur prise de pouvoir, a prouvé s’il était encore nécessaire de le démontrer, que les « islamistes » étaient incapables de gouverner un pays. Ahmed Manai reconnaît cependant que malgré les différends et les clivages qui traversent ce mouvement, ces facteurs seraient insuffisants pour y créer une rupture ou pour pousser certains à s’en séparer.

Maha Kallal pour AfricanManager: 10-03-2013

* Ahmed Manai est un ancien combattant à Bizerte et son témoignage a paru dans le numéro du mois de septembre de la Revue féminine Faïza.

**Ahmed Manai a diligenté une plainte auprès de l’Unesco contre l’Etat tunisien en faveur de Monsieur Moncef Bensalem en 2002.

 Traduit de l’arabe par Elhaj Si Abdelmajid Aït Sâadi

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