Aller à…
RSS Feed

29 mars 2024

Quand les chauvins jouent avec le feu en Mauritanie et au Mali.


je publie ce texte malgré quelques réticences, car j’ai bien peur que les exactions que connaît le Mali et que la France ne fait qu’augmenter ne se propagent en Mauritanie

ginette

 

Quand les chauvins jouent avec le feu en Mauritanie et au Mali.

Des hommes politiques et des intellectuels mauritaniens d’obédience chauvine qui ont toujours navigué à contre- courant de l’unité nationale, s’appuyant sur des idéologies d’essence ségrégationniste qui ont fait sombrer l’Irak dans le désordre et l’horreur, la Lybie dans l’abîme et l’anarchie et la Syrie dans le chaos, des putschistes notoires, avaient soutenu le coup d’Etat de 2008 et depuis ils ont su et pu infiltrer grandement tous les rouages de l’Etat, ils font peser aujourd’hui sur le pays un danger de conflits inter-ethniques. Rappelons que ce sont des adeptes de ces courants xénophobes qui ont été le bras idéologiques du régime de Ould Taya en 1989, et on connait la suite : déportation massive, assassinats à grande échelle, de viols des négro-africains- Ils sont de nouveau à l’œuvre.

Profitant du chaos malien, les tenants de ces idéologies d’un autre âge ont vite déployé leurs tentacules dans ce pays frère en difficultés pour insuffler de la haine ethnique dans le brasier malien, sous prétexte de soutien à leurs « cousins » arabes et touaregs victimes d’une injustice.

Après l’échec de leur théorie funeste de création d’un Etat imaginaire au Nord du Mali, ils ne s’avouent pas encore vaincu. L’objectif semblerait cette fois-ci, de faire d’une pierre deux coups : envenimer les rapports inter-ethnies au Mali et attiser le feu en Mauritanie, ainsi faire sombrer la sous-région dans une guerre ethnique et raciale.

Dans une déclaration outrancière à relent xénophobe publiée, il y a quelques jours dans certains sites en langue arabe, par un regroupement qui se fait appeler « l’Association de solidarité avec le peuple de l’Azawad (ASPA) » organisation initiée et pilotée par des hommes politiques, des intellectuels et des activistes tribaux mauritaniens, a demandé au gouvernement mauritanien du renvoi de l’Ambassadeur du Mali, de fermer la frontière avec ce pays et de se montrer plus ferme face « aux exactions racistes dont sont victimes les arabes et les touarègues maliens des mains des bandes racistes de Ganda Koï formées et entretenues par le pouvoir malien ». A noter dans leur liste de victimes des exactions, on constatera que les auteurs de la déclaration ont pris le soin d’éviter d’inclure d’autres ethnies dont des Peulhs qui vivent le même calvaire que des touarègs et des arabes. Personne ne peut nier l’existence des exactions contre des touaregs, arabes et d’autres. Ce sont des actes inacceptables qu’il faut condamner et la justice doit trouver les coupables et les punir – Mais aussi, ce n’est nullement prendre position en faveur du gouvernement malien de reconnaitre que celui-ci se déploie sur le terrain pour éviter sinon de minimiser au maximum ces exactions, par des campagnes de sensibilisation qu’il mène sur le terrain et à travers la Radio et la Télévision maliennes et la présence des organisations de Droit de l’Homme sont aussi un facteur aidant (c’est vérifiable). Il est aussi vrai que toute guerre engendre des lots de bavures et exactions, à fortiori une guerre imposée et menée par une armée mal organisée pour ne pas dire « en déconfiture » et avec un gouvernement très affaibli.

Par cette déclaration, ces idéologues d’un autre âge demandent en fait à la Mauritanie de déclarer la guerre au Mali. Mais dans leur aveuglement et de la haine de l’autre, ils oublient que les premiers victimes d’une fermeture hostile des frontières avec le Mali seront d’abord les mauritaniens. Elle entrainerait des conséquences incalculables pour les éleveurs : des centaines de milliers de têtes de bétails -ou ce qui en reste après la sécheresse de l’année dernière- seront décimés par l’absence de nourriture dans les semaines à venir, sans compter des difficultés d’approvisionnement des populations de certaines localités.

Une déflagration générale sur laquelle semble rêver et espérer ces idéologues de malheur, le pouvoir mauritanien semble avoir pactisé par sa politique discriminatoire contre les négro-africains dans l’enrôlement – ex Europe- au niveau de l’administration etc. Mais également à travers les rafles des étrangers Ouest-africains – en particuliers maliens, sénégalais et gambiens. De plus comment comprendre aussi que la Mauritanie devienne une sorte de « base arrière » pour des groupes de toutes sortes y compris celles qui se réclament armés et hostiles à l’unité et à l’intégrité du Mali.

C’est extrêmement grave de constater que la Mauritanie n’est plus seulement un champ de combat d’idées, mais elle servirait également de lieu de naissance de forces nouvelles armées ou affiliées. La dernière en date, c’est cette nouvelle organisation dénommée « L’armée arabe de l’Azawad ». La naissance d’une telle structure a été révélée à la presse à Nouakchott par le représentant local du MNLA, Adel Mahmoud. Probablement c’est par inconsciente que les autorités ne se rendent pas compte qu’en laissant faire, elles favorisent les conditions d’une déflagration c’est-à-dire faire subir à la Mauritanie un sort similaire à celui du Mali, dont le centre de gravité se trouverait à l’Est, aux frontières avec le Mali.

La présence de l’AQMI et les autres organisations terroristes représentaient certes une menace grave et sérieuse au sahel, mais c’est bien le MNLA qui a précipité la sous-région dans la catastrophe actuelle. Ce groupe politico-militaire qui a profité du désordre et de la débande de l’armée libyenne pour faire croire « à la France Sarkozienne » qu’en laissant partir vers le Mali avec leurs armes les éléments touaregs de l’armée de Kadhafi ils feraient d’une pierre deux coups : « d’une part ils n’auraient plus face à eux en Lybie des guerriers bien formés, et d’autre part ces mêmes guerriers allaient déloger AQMI des montagnes au Nord de Kidal ».

On connait la suite, hélas : profitant donc de ce nouvel apport en armes et en hommes, le MNLA a lancé l’insurrection au Nord, en s’alliant au contraire avec les jihadistes obscurantistes. Il a même proclamé une dérisoire et imaginaire République de l’Azawad. Mais ses alliés ont vite pris le dessus. Le projet jihadiste d’Ansar Eddine, du Mujao et d’AQMI n’avait que faire du projet indépendantiste du MNLA. Il a été mis aux pas, complètement laminé, marginalisé militairement et politiquement, chassé de ses bases de Ménaka et de Kidal.

Tout patriote, face cette situation de risque chaotique qui est en voie de se propager dans toute la sous-région devrait œuvrer pour l’apaisement et le retour à la paix et la quiétude. Mais les charlatans de la haine profitent toujours de contextes chaotiques pour souffler sur les braises.
Qu’Allah protège la Mauritanie de ces aventuriers…

Maréga Baba/France

Partager

Plus d’histoires deLibye