Par kakadoundiaye lundi 22 avril 2013
Docteur en psychosociologie, enseignante à l’Institut d’ethnopsychologie d’Abidjan,   Ministre de la culture du Mali entre 1997 et 2000, démissionnaire, écrivaine prolixe et écoutée, grande voix de l’Afrique, féministe, auteure de « L’étau » et surtout du « Viol de l’imaginaire » qui connut un succès mondial et analyse les rapports entre l’Occident et l’Afrique, Aminata Traoré est une de ces grandes voix incontournables du discours politique africain, une des meilleures analystes de la réalité africaine et de façon certaine un des piliers sur lequel se construira l’Afrique de demain.
Invitée par une revue allemande elle vient de se voir refuser son visa d’entrée dans l’Espace Schengen sous le prétexte, invraisemblable, que son analyse de la situation au Mali ne convient pas au gouvernement français !!! Je n’arrive pas à calmer ma colère. Je n’arrive pas à calmer mon chagrin. Je n’ose y croire. Croire que mon pays, la France, interdit de séjour une des plus grandes voix francophones, celle d’Aminata Traoré.
Comment peut-on penser qu’un consul à Bamako puisse de sa propre autorité, petit fonctionnaire chef d’une gare de campagne, ne pas accorder un visa à Aminata est invraisemblable, tellement invraisemblable qu’il y a tout lieu de croire qu’il n’a pu le faire sans l’aval et l’accord de son ambassadeur lequel rencontrait Fabius à Bamako, il y a moins d’une semaine, donc, tout porte à croire que Fabius était au courant et a donné son aval sinon l’ordre pour qu’Aminata soit interdite de séjour !

Oh, ministres, députés, sénateurs vous dormez ?

D’autant que le discours d’Aminata nous le connaisssons et tout le monde un tant soit peu au courant de ce qui se passe en Afrique est d’accord avec lui qui dit qu’en trois mois – d’ici la fin Juillet – il est impossisble d’organiser des élections crédibles, faute de listes électorales, en raison de la guerre non terminée, de l’existence de zones qui seront encore, en juillet, sous le contrôle des armes, en raison des milliers de réfugiés qui ne seront pas encore rentrés au pays etc.
Et qu’en maintenant la date on court le risque d’avoir une assemblée et un Président qui seront l’exacte reproduction de ceux qui ont amené le pays à la ruine. Rien que du bon sens. Et contre ce bon sens une interdiction de parole ! Comment peut-on supporter cela ? Fabius doit s’expliquer. D’URGENCE.