Source: L’Express
mardi 02 juillet 2013 à 07h23
Plus secrète encore que la CIA, la National security Agency ou NSA, l’agence américaine soupçonnée d’avoir intercepté les communications internes de l’Union européenne et des alliés européens, est chargée du renseignement électronique, un secteur dont le gigantisme ne cesse de croître.
 

© Reuters
 
 
Au sein des seize agences de renseignement placées sous l’autorité du Directeur national du renseignement ou DNI américain, la National security agency ou NSA, l’agence américaine soupçonnée d’avoir intercepté les communications internes de l’Union européenne et des alliés européens, est considérée comme la plus puissante.
Avec le rôle toujours croissant d’internet et des technologies informatiques, les interceptions des communications et des données constituent en effet de loin le principal moyen de recueil de l’information. Or c’est précisément le travail de la NSA, qui est aussi la plus secrète de ces agences, plus secrète encore que la CIA, chargée des actions clandestines sur le terrain, mais fréquemment mise à l’honneur ou au piquet par Hollywood.
En fait, le secret l’entourant est tel que son sigle est souvent détourné « No Such Agency » (« Une agence qui n’existe pas ») ou en « Never Say Anything » (« Ne jamais rien dire »). Malgré le secret qui entoure la NSA, on peut néanmoins en faire un portrait robot :

Qui ?

Outre ses analystes et traducteurs, le personnel de la NSA est essentiellement constituée de spécialistes des réseaux informatiques et de mathématiciens et ingénieurs travaillant dans des bureaux. Mais on ne sait pas combien ils sont. Le nombre de ses employés est situé « quelque part entre 37 000 et un milliard » s’est amusé en 2012 son directeur adjoint Jophn Inclis. Tout juste la NSA a-t-elle admis en 2011 qu’elle cherchait à recruter 1600 personnes pour cette année-là. Et c’est sans compter des milliers de consultants, comme Edward Snowden avant ses révélations, travaillant pour l’une des 484 entreprises recensées par Dana Priest et William Arkin, auteurs de « Top Secret America », une longue enquête sur la croissance du renseignement américain après 2001.

Quand ?

L’agence basée à Fort Meade (Maryland) a été créée dans le plus grand secret par le président Harry Truman en 1952 et son existence reconnue seulement quelques années plus tard.

Quoi ?

Dès sa création, la NSA s’est spécialisée dans la cryptographie afin de protéger les codes américains et de percer ceux des autres pays, et le renseignement électronique. Elle est également chargée de lutter, y compris sur le plan offensif, contre les attaques informatiques. Son directeur depuis 2005, le général Keith Alexander, est par ailleurs patron du « Cybercommand », le commandement chargé des opérations de guerre informatique.

Combien ?

Classifié, son budget serait le plus important de toute la communauté américaine du renseignement, qui atteint 52,6 milliards de dollars pour 2013, soit l’équivalent de tout le budget français de la Défense, selon un comparatif international établi par l’International Institute for Strategic Studies de Londres (IISS). Et ce chiffre n’inclut pas les 21,5 milliards de dollars pour le renseignement militaire.
Dans le cadre de son opération « Shamrock » (« Trèfle »), qui permettait jusqu’en 1975 de surveiller les communications passant sur les réseaux télégraphiques appartenant à des sociétés américaines, la NSA était capable d’intercepter 150.000 messages par mois. Aujourd’hui, « chaque jour, les systèmes de la NSA interceptent et stockent 1,7 milliard de courriels, de conversations téléphoniques et autres types de communication », affirment les auteurs de « Top Secret America ».

Où ?

Pour stocker cette masse de données, elle devrait avoir terminé d’ici la fin de l’année la construction dans le désert de l’Utah d’un immense complexe de stockage pour un coût avoisinant deux milliards de dollars, rapporte dans le magazine spécialisé Wired James Banford, auteur de plusieurs ouvrages sur la NSA.
Si les responsables européens font mine de découvrir qu’ils sont la cible de ses activités, plusieurs précédents ont montré qu’il n’y avait peu de limites à son action à l’étranger. En 2000, le Parlement européen s’était ainsi déjà offusqué après les révélations sur le fameux réseau Echelon, auquel collaborent les autres pays anglo-saxons. En mai 2012, c’est le site internet de la présidence française qui a été piraté et les ordinateurs de collaborateurs du chef de l’Etat visités.