Libye : la fille de l’ex-chef des renseignements enlevée à sa sortie de prison
4 septembre 2013
Libye : la fille de l’ex-chef des renseignements enlevée à sa sortie de prison
TRIPOLI – La fille de l’ancien chef des services de renseignements libyens Abdallah al-Senoussi a été enlevée lundi à sa sortie d’une prison de Tripoli, où elle avait purgé une peine de dix mois, a annoncé le ministre de la Justice.
Des hommes armés enturbannés, qui circulaient à bord de cinq véhicules, ont attaqué le convoi de trois voitures qui accompagnait Anoud al-Senoussi à sa sortie de prison et l’ont enlevée, a déclaré le ministre, Salah al-Marghani, lors d’une conférence de presse.
Il a précisé que l’attaque s’était produite à une centaine de mètres de la prison d’Aïn Zara, dans la banlieue de Tripoli.
Tout en appelant ses ravisseurs à libérer immédiatement Mlle Senoussi, le ministre a souligné que la retrouver était une responsabilité commune incombant aussi bien au gouvernement, aux thowars (ex-rebelles) qu’à la communauté internationale.
Anoud al-Senoussi, âgée d’une vingtaine d’année, avait été arrêtée en octobre 2012 avec un faux passeport libyen en provenance de l’étranger et condamnée ensuite à 10 mois de prison.
Selon l’ONG Amnesty international, qui dénonce dans un communiqué le système judiciaire dysfonctionnel de la Libye, la jeune femme avait prévu de retrouver des proches à sa sortie de prison avant de prendre un avion vers Sabha dans le sud du pays.
Sa libération avait été repoussée depuis le 8 août par les autorités craignant pour sa sécurité, ajoute l’organisation de défense des droits de l’Homme.
Comment les autorités libyennes peuvent-elles garantir qu’elles sont en capacité de mener des procès équitables et d’appliquer la loi dans les dossiers politiques les plus sensibles et connus quand elles sont manifestement incapables d’assurer la sécurité basique des détenus ?, a réagi Hassiba Hadj Sahraoui, la directrice adjointe d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du nord, citée dans le texte.
Le père d’Anoud, Abdallah al-Senoussi, beau-frère de l’ex-dictateur Mouammar Kadhafi, fait objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité commis lors de la révolte ayant entraîné la chute de l’ancien régime en 2011.
Il est également poursuivi pour une série de crimes (assassinats, complicité d’incitation au viol, dilapidation de deniers publics, etc.), commis avant et durant l’insurrection de 2011, par la justice libyenne qui se dispute avec la CPI le droit de le juger.
La CPI a autorisé en juin la Libye à garder sur son sol l’ancien chef des renseignements libyens, extradé en septembre 2012 par la Mauritanie, dans l’attente d’une décision sur sa compétence à le juger.
Tripoli a annoncé que M. Senoussi serait jugé dans une seule affaire avec une trentaine d’anciens responsables du régime kadhafiste, dont le fils de Mouammar Kadhafi Seif al-Islam, qui fait lui aussi l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI pour crimes contre l’humanité. Cette affaire sera présentée en septembre devant une chambre d’accusation.
(©AFP / 03 septembre 2013 20h09)