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25 avril 2024

Qatar : la Coupe du monde au prix de l’esclavage


BOULEVARD VOLTAIRE

Qatar : la Coupe du monde au prix de l’esclavage

Fers_esclave

 

Le 26 septembre 2013

Marie
Delarue
Ecrivain, musicienne, plasticienne.

Le Qatar, capitale Doha. 2 millions d’habitants sur un territoire de 11.500 km carrés, à peine grand comme l’Île-de-France. Soit un minuscule pays du golfe Persique où l’on a les pieds dans le pétrole et la tête dans le gaz : troisième producteur au monde après l’Iran et la Russie, le Qatar est devenu le premier exportateur de gaz naturel liquéfié. D’où le fait que la terre entière se prosterne à ses pieds et lui lèche les babouches.

Nos « amis » qataris s’achètent ainsi tout ce qui est à vendre, et même ce qui ne l’est pas : chefs d’État, clubs de foot, palaces, économies locales, terroristes, patrimoine, information, esclaves… Mais attention, hein, pas question de leur tirer l’oreille, ni même le coin du torchon qui la recouvre. Qu’apparaisse à l’horizon un keffieh qatari et voilà les Hollande, Obama & Co. qui tirent la langue et grattent le sol du pied en signe de soumission. Les scandales, quand ils touchent à nos amis émirs, s’évaporent comme rosée du matin sur le sable du désert.

Le dernier en date est celui révélé par le Guardian : des milliers de travailleurs népalais on été « importés » dans le petit émirat pour y travailler à la construction des infrastructures destinées à la Coupe du monde de football 2022. Selon l’enquête, 44 d’entre eux seraient morts entre le 4 juin et le 8 août dernier [période étudiée, NDLR], les décès, notamment par crise cardiaque soudaine, se succédant au rythme d’un par jour en moyenne durant l’été. Il s’agit de jeunes gens épuisés par des conditions de travail épouvantables, et réduits réellement à l’esclavage. L’enquête révèle en effet que « de nombreux travailleurs n’ont pas été payés depuis des mois et sont retenus pour les empêcher de s’enfuir tandis que d’autres se voient confisquer leur passeport et réduire au statut d’étrangers en situation irrégulière ». Pire, si l’on peut dire : « Certains travailleurs se sont vu refuser l’accès à l’eau potable gratuite dans la chaleur du désert. » Une trentaine de ces malheureux se sont réfugiés auprès de leur ambassade où l’on parle carrément de « prison à ciel ouvert ». Selon les autorités, il existerait des filières, « une chaîne d’exploitation menant des Népalais pauvres de leur village aux dirigeants qataris ».

Qu’en disent nos dirigeants, si prompts à aller faire repentance ? Rien sans doute, car le cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani n’est pas un Hassad ou un Khadafi sur lequel on s’essuie les Berlutti. Sans doute nos belles consciences invoqueront-elles ici la tradition séculaire, histoire d’excuser l’horreur actuelle par le passé esclavagiste du monde arabe ? Et puis quoi, ferait-on des reproches à ces amis des bêtes, des gens qui ménagent avant tout leurs chameaux ?

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