La France a-t-elle peur ?
28 septembre 2013
Par le Syndicat National des Journalistes/ CGT
Les grands médias écrits comme audiovisuels sont-ils en train de nous
refaire le coup de « la France a peur » lancé par le populiste Roger Gicquel
sur TF1 en 1976 après le meurtre d’un enfant ?
En 2013, ce sont désormais les roms qui font la une pour mieux stigmatiser
une population en désarroi, pour susciter les peurs, pour réveiller les
fantasmes.
L’émotion à la place de la raison, le spectacle mis en scène par les
vedettes du PAF pour faire exploser l’audimat. Mais aussi pour faire oublier les
problèmes sociaux du pays (chômage, précarité, impôts pénalisant les
classes les moins aisées, montée de la pauvreté et de l’exclusion,
désindustrialisation, scandales en tous genres touchant des élus pris la main dans le
sac, etc.).
A ce jeu-là, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls est le champion. Il
faut dire que les micros et caméras lui donnent systématiquement la parole
en oubliant les associations (mises en difficulté en raison du rabotage des
subventions) et les élus qui tentent de résoudre les problèmes posés à ces
populations. La parole est aussi systématiquement donnée à ceux qui, à
droite, diffusent la haine, comme le maire d’Angers, Bourdouleix, qui, non
content de trouver « qu’Hitler n’avait pas tué assez de tsiganes », s’en prend
aux journalistes qui relaient ses propos. Si l’on ajoute à ces prises de
position, les propos de Fillon sur le désistement en faveur du « moins
sectaire », on aura compris que la course aux électeurs racistes a bien commencé
!
A qui profite cette médiatisation poussant à la haine, au racisme, sinon
au parti (le FHaine) qui en fait son fond de commerce, et ce, à six mois des
élections municipales ?
Qui a cure dans les sphères dirigeantes des médias des problèmes qui
assaillent des millions de citoyens ?
On préfère donner la parole aux amis de Sarkozy, Fillon, Estrosi, Ciotti,
et autres UMP courant derrière l’extrême droite ou plus encore aux Le Pen
eux-mêmes pour banaliser les idées xénophobes.
Pour le SNJ-CGT, il est temps de rappeler le rôle social des journalistes
pour éclairer, mettre en perspective les questions auxquelles est
confrontée la population.
Plus que jamais, l’indépendance des rédactions face au pouvoir de l’
argent est d’une urgence absolue.
Il en va de l’avenir de la liberté d’expression dans ce pays. Et donc de
la démocratie.
Montreuil, le 24/9/2013