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29 mars 2024

LAMPEDUSA : MAIS OU SONT DONC PASSES LES CHEFS D’ETATS AFRICAINS ?


 


LAMPEDUSA : MAIS OU SONT DONC PASSES LES CHEFS D’ETATS AFRICAINS ?

(Par Yaya SY anthropologue)

LAMPEDUSA : MAIS OU SONT DONC PASSES LES CHEFS D’ETATS AFRICAINS ?
                                                             (Par Yaya SY anthropologue)
A Lampedusa on parle de 155 survivants et de 300 morts.  Le nombre de morts ne cesse de croître et   l’on s’achemine vers les 400 victimes, voire plus au vu du nombre probable d’embarqués en Libye.
Le petit port italien n’en peut plus, ses capacités humaines de solidarité qui n’ont jamais fait défaut de par le passé, sont débordées. Son petit peuple est venu accueillir M. Barroso avec des cris d’indignation et d’exaspération à l’adresse de  l’ensemble de la classe politique européenne.
Quant à l’Italie, elle fait le nécessaire pour accompagner dignement les morts jusqu’à leur dernière demeure tout en appelant l’Europe à la rescousse.  Elle a décrété une minute de silence sur l’ensemble de son territoire et a projeté une journée de deuil national.
Le Président Hollande promet une loi… M. Barroso vient avec 30 millions d’euros et se dit « choqué » par l’ampleur du désastre.  La Ministre italienne de l’intégration Mme Cécile Kyenge Kashefu d’origine congolaise,  propose « des couloirs humanitaires ». Mme Giusi Nicolini maire de Lampedusa réclame la suppression pure et simple  de la loi sur l’ « interdiction de l’aide à l’immigration clandestine » qui empêche de secourir des clandestins en difficulté même à 550 m du rivage comme ce fut le cas cette fois… Le Président Giorgio Napolitano demande à l’« Europe de stopper le trafic criminel avec les pays de provenance ». Pourtant Le Pape François s’était déjà indigné peu de temps avant le drame à… Lampedusa.  Qui l’avait entendu ?
Du côté de l’Afrique, seul le Président du Sénégal, invité du Parlement européen au moment des faits, a réagi prudemment en déclarant sur RFI avoir « senti un ressentiment très fort des Européens et même la nécessité de trouver des solutions ». Peut-être voulait-il parler d’un sentiment de culpabilité ostensible des Européens ?  Pourquoi n’est-il pas allé plus  loin en abordant la recherche de solutions à court, moyen et long termes entre les partenaires africains, maghrébins et européens ?
Quoi qu’il en soit, les grandes organisations régionales et continentales  tout comme les dirigeants politiques africains, brillent par leur mutisme dans cette affaire tragique pour la jeunesse africaine.
Les chefs d’Etats africains, même ceux dont les ressortissants semblent être recensés en plus grand nombre dans ce naufrage tragique sont inaudibles et surtout invisibles sur place… L’Erythrée et la Somalie n’ont pas réagi, aucune présence symbolique officielle de l’UA depuis le début de l’affaire. La Tunisie et la Libye pourvoyeurs de ces cercueils fantômes flottants ne se sentent nullement concernés.
Au-delà des indignations sincères des uns, des larmes de crocodile de bien d’autres, nous n‘avons entendu aucune esquisse de solution à long terme car nul ne veut mettre à nu les vrais problèmes par peur d’ouvrir la boîte de Pandore… qui fera tomber les masques des vrais responsables.
L’Afrique balkanisée est pillée économiquement, déstructurée politiquement et culturellement. Les multinationales épuisent ses matières premières, saccagent ses écosystèmes et expatrient des milliards de dollars de bénéfices non réinvestis sur place. Quant à la plupart des chefs d’Etats et des  « élites », ils vident et/ou expatrient les caisses des Etats et des entreprises nationalisées…
Nul ne veut aider l’Afrique à endiguer et a fortiori à éradiquer cette double hémorragie.
 Sa jeunesse sans avenir, est par conséquent condamnée à l’émigration pour ne pas dire à l’exil… J’allais même dire à l’ « esclavage volontaire », termes parallèles frappants certes, mais inappropriés en la circonstance par respect pour les millions d’esclaves africains enchaînés et jetés à fond de cale durant des siècles.
Pendant ce temps, l’Europe déverse ses touristes et même ses travailleurs désespérés par le chômage endémique partout en Afrique : au Mozambique, en Angola, à Madagascar et un peu partout ailleurs. Ils sont invisibles, mais viennent pour une minorité aider au développement de l’Afrique, mais dans leur écrasante majorité, ils colportent  l’esprit colonial qui renforce le phagocytage de l’Afrique par une nouvelle recolonisation via les multinationales et les ONG/G…[1]
Pendant ce temps encore, à Lampedusa,  l’Europe joue sur la corde sensible de l’émotion. Elle va certainement  continuer à réfléchir seule aux moyens de mieux cadenasser ses frontières avec de nouvelles barrières plus subtiles mais non moins défavorables aux Africains.  Qui vivra verra !!
Tout le monde connait les étapes incontournables d’une solution collective idoine : rassembler  l’ensemble des partenaires d’Afrique, d’Europe et du Maghreb pour arrêter immédiatement l’hémorragie et lancer les bases concrètes d’une résolution globale du problème dans la durée.
Mais nul n’a proposé une telle démarche, même M. Napolitano n’a parlé que de « stopper » le mouvement. D’emblée en Europe, la cacophonie autour « d’une politique commune d’immigration » a repris de plus belle, un soliloque fractal, une litanie interminable… L’Europe est un Géant polycéphale.
L’Afrique exclue d’office de toute consultation internationale véritable à ce sujet, renforce son exclusion propre par le manque de projet de société de ses « élites ».  Quant à l’Afrique du Nord, un temps encouragée par l’Europe à endiguer la marée humaine venue du Sud, elle a maintenant d’autres préoccupations internes…
Combien de temps encore, les bateaux ivres, pleins du désespoir de la jeunesse africaine, vont-ils continuer à tanguer vers les rivages d’un mirage mortifère ?
Alors,  honte à qui dans cette affaire ?
Le 10-10-2013
Par   Yaya SY Anthropologue.
 


[1]  Organisation Non Gouvernementale/ Gouvernementale…

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