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11 octobre 2024

Algeriepatriotique : «Le gouvernement québécois a choisi les Arabes comme boucs émissaires»


Algeriepatriotique : «Le gouvernement québécois a choisi les Arabes comme boucs émissaires»

Robert Bibeau. D. R.
Algeriepatriotique : L’actualité est dominée par l’accord sur le programme nucléaire iranien, qu’en pensez-vous ? Qui cet accord arrange-t-il le plus ?

Robert Bibeau : Cet accord a été accepté par les représentants iraniens, sous embargo et sanctions américaines et européennes c’est certain, mais, tout de même, l’indépendance de la nation iranienne lui assure le droit de signer les accords qui lui conviennent. L’Iran a décidé de signer cet accord et tout autre peuple ou nation ne peut que s’incliner devant la volonté iranienne. J’espère toutefois que par cet accord, l’Iran ne renonce pas à son programme d’enrichissement nucléaire et de développement d’une industrie nucléaire. Bref, j’espère que l’Iran ne renonce pas à ses droits légitimes et fondamentaux. En termes de géostratégie, ce que cet accord révèle, c’est un grand réalignement des forces impérialistes mondiales.

Je m’explique : Les États-Unis d’Amérique, grandement affaiblis sur le plan économique, industriel et financier, ont de moins en moins les moyens militaires de leurs ambitions hégémoniques, après leurs échecs militaires répétés en Afghanistan – d’où ils sont chassés par les taliban, des gueux armés de dynamite et de fusils – et en Irak où ils ont laissé en plan une guerre civile larvée qui demain pourrait couper les exportations de pétrole de ce pays. Actuellement, seule l’intervention impérialiste de l’Iran, par milices chiites interposées, permet au pétrole irakien de sortir du pays pour approvisionner l’Europe et le Japon ; l’échec en Libye où la guerre civile pourrait là aussi perturber l’exportation du pétrole vers l’allié européen ; et l’échec de l’agression militaire en Syrie que les monarchies pétrolières du Golfe maintiennent à bout de bras via des bandes de criminels armés qui seront exterminées par l’armée arabe de Syrie. Bref, les USA obnubilés par leur grand ennemi, la Chine, ont décidé de jeter du lest sur le front iranien et de recentrer leurs activités militaires vers l’Asie-Pacifique, là où se jouera la prochaine grande manche impérialiste.

L’Union européenne joue les faire-valoir et suit la parade dans cette affaire, avec le président Hollande qui comprend bien la joute en cours, mais ne sait pas quelle position adopter au nom de son pays en ruine (financièrement parlant). Le petit bonhomme telle la grenouille se croit capable de prendre la place du bœuf américain sur la scène du Moyen-Orient.

C’est la raison pour laquelle, au moment où cet accord se conclut à Genève, le petit homme se promène en Israël afin d’offrir ses bons offices aux sionistes désemparés afin de récupérer la mainmise sur l’État impérialiste israélien comme au temps de la guerre des Six Jours. Mais le monde a changé depuis 1967 et la France n’a qu’à compter ses porte-avions, ses drones, ses bombardiers géants, ses divisions de combat pour comprendre qu’elle ne fait pas le poids. A peine peut-elle se maintenir au Mali, et encore, la partie n’y est pas finie. Là où la puissance militaire américaine déclare forfait (Syrie-Liban-Irak-Iran-Libye), la France croit-elle pouvoir reprendre le flambeau et poursuivre ces guerres perdues d’avance ?

Poser la question c’est y répondre. Israël est évidemment le grand laissé-pour-compte de cet accord inter-impérialiste. Il y a trois ans que je répète que le sionisme et les tenants de la religion juive ne dirigent pas le monde. – Ils ne dirigent même pas la politique américaine du Pentagone et de la Maison-Blanche ; que le pouvoir de l’Aipac à Washington est directement proportionnel à la convergence des intérêts de la superpuissance impérialiste américaine et de la petite puissance impérialiste israélienne ; que le jour où les intérêts économiques, financiers, politiques et militaires de la superpuissance de 15 000 milliards de PIB annuel divergeront des intérêts du petit pays impérialiste de 240 milliards de PIB, vous verrez le chien prendre la maîtrise de sa queue et balayer le petit État génocidaire. Israël sait tout cela et s’excite en menaçant d’attaquer l’Iran.

Ce n’est que bouffonnerie. Sans les satellites américains pour diriger les avions de combat – sans l’accord du maître américain et son parapluie antimissile et ses pièces de rechange d’armement, l’État voyou est démuni. Comment l’armée israélienne (Tsahal) battue à deux reprises par la milice du Hezbollah – occupée à éradiquer les criminels de guerre exfiltrés en Syrie – peut-elle laisser présager qu’elle pourrait attaquer la farouche armée iranienne ? Faut pas rêver les pseudo-experts analystes militaires occidentaux (1).
Enfin, l’accord entre l’Iran et les Etats-Unis est une victoire retentissante pour les diplomaties russe et chinoise qui s’activent en coulisse. La victoire russo-chinoise a débuté après le coup fourré de la résolution 1973 contre la Libye que ces puissances avaient laissé passer à l’ONU contre la promesse que la Syrie ne serait pas attaquée. Une fois que les puissances occidentales pensèrent en avoir fini avec la Libye, la Syrie fut attaquée par les puissances occidentales dissimulées derrière des bandes armées. Les puissances impérialistes russes et chinoises décidèrent de ne plus rien céder et d’affronter l’alliance occidentale en Syrie jusqu’au dernier Syrien si requis. Ayant gagné la guerre de Syrie, la route militaire vers Téhéran était définitivement fermée aux puissances occidentales. Le gouvernement iranien ne s’y est pas trompé qui a soutenu énergiquement le gouvernement syrien contre ces attaques de mercenaires criminels (2).
Vous estimez que l’agression militaire contre la Syrie visant à faire tomber son président, Bachar Al-Assad, a totalement échoué. Comment voyez-vous la sortie de ce conflit ?

L’agression militaire occidentale (par bandes armées interposées) visait secondairement à abattre le président Bachar Al-Assad, elle visait surtout à imposer une autre défaite militaire à l’alliance russo-chinoise – à ouvrir la voie militaire vers l’Iran afin de faire pression sur ce pays pour qu’il rompe son alliance avec la Russie et la Chine et reprenne la devise américaine dans ses échanges pétroliers. Chose que nous avions signalée en 2010. La personne de Bachar Al-Assad a peu d’importance dans ce bras de fer impérialiste (3). La coalition impérialiste Russie-Chine-Syrie-Iran ayant gagné temporairement la partie, la seule sortie envisageable au conflit ne peut être que le massacre (en cours) des djihadistes encerclés dans quelques poches de résistance en Syrie. Ces hobereaux seront sacrifiés par leurs sponsors disqualifiés. Ce sera la mise en veilleuse de la coalition de libération de la Syrie qui ne sera maintenue en vie que pour maintenir une certaine pression sur le gouvernement syrien – une monnaie d’échange – pour la suite des choses. Peut-être que lors des prochaines élections présidentielles syriennes vous verrez Bachar prendre sa retraite, mais je ne suis pas certain que le camp russo-chinois accorde ce prix de consolation aux Européens, aux monarchies du Golfe et aux Étatsuniens vaincus. Nous sommes loin du grand réaménagement du Moyen-Orient que de pseudo-experts occidentaux annoncent depuis longtemps (4).
Quelle est votre appréciation de l’évolution de la situation en Egypte ?

En Egypte, depuis le début de la révolte (un authentique soulèvement populaire où les petits-bourgeois des réseaux sociaux formés au Kosovo ont eu peu d’emprise), nous répétons que faute d’une organisation ouvrière, la révolte égyptienne est vouée à l’enlisement, l’organisation révolutionnaire étant un préalable au déclenchement du soulèvement. Comme nulle part il n’existe d’authentique organisation ouvrière, les révoltés devront faire avec ce manque. Après la démission de Moubarak, les occupants de la place Tahrir ont démantelé leurs barricades et mis fin à l’occupation – ils ont signé leur arrêt de mort et la paralysie de leur mouvement. Ils en paient aujourd’hui le prix. La petite bourgeoisie égyptienne dirigeait le mouvement de révolte au nom de son maître, la grande bourgeoisie compradore égyptienne. On doit toujours s’attendre à de pareilles trahisons de la part de la petite bourgeoisie apeurée – une classe instable, hésitante, narcissique, puérile et lâche. L’armée de Moubarak a alors convenu de maintenir son emprise sur le pays, mais sans Moubarak. Ils ont emprisonné leur généralissime afin de le soustraire à la vindicte populaire et présentement l’armée, qui n’a jamais été du côté du peuple, tente de protéger son raïs (5). L’Égypte est scindée en deux modes de production qui se chevauchent et s’interpénètrent – le mode de production industriel-capitaliste dirigée par la classe des compradores de l’armée, quelques milliardaires et une couche de riches commerçants parasitaires – et le mode de production agraire larvaire – déclinant, peinant à faire survivre une immense population de fellahs pauvres –, le vivier où les Frères musulmans – les islamistes de tout acabit – recrutent les mercenaires et les meurtriers parmi les désœuvrés galvaudés. La classe ouvrière égyptienne (tout comme celle de Tunisie et de Libye), n’ayant plus d’organisation de classe, ne pouvait proposer de mots d’ordre d’unité ouvriers-paysans contre toutes les factions capitalistes post-Moubarak, salafistes, Wahhabites et Frères musulmans. Les ouvriers ont été manipulés et ont abandonné la lutte des barricades.

Ce retrait ouvrier s’est manifesté lors des élections où les salariés ne se sont pas déplacés pour voter, sachant parfaitement que ce bal électoral – cette fraude annoncée, chaudement saluée par le grand capital international – n’était qu’une façon de leur enlever toute initiative dans l’action pour la remettre aux mains des partis de la bourgeoisie stipendiée, bras électoral du pouvoir capitaliste tout comme l’armée est le bras séculier de la grande bourgeoisie monopoliste. Les ouvriers sont retournés dans leurs usines poursuivre la lutte au jour le jour. Les jeunes, les chômeurs et les étudiants désœuvrés sont retournés dans les quartiers, dormir sous les ponts et mener la bataille au quotidien pour le logement et le pain. Les paysans s’accrochent à leurs espoirs islamistes qu’un nouveau pouvoir dirigé par une clique bourgeoise alternante fera une différence, et l’armée qui a toujours gardé la mainmise sur le jeu (sauf au temps des barricades) espère que de nouveaux soulèvements ne viendront pas perturber sa dictature après le coup d’État contre Morsi dont s’est réjouie la petite bourgeoisie. Soyez assurés que les dirigeants de l’armée égyptienne se trompent. Aucune des revendications des insurgés n’ayant été rencontrées ; la misère écrasant tout autant ce peuple de paysans et d’ouvriers ; les jeunes désœuvrés étant encore plus nombreux qu’auparavant et toujours aussi indigents ; le baril de poudre égyptien n’attend qu’une étincelle pour mettre le feu au désert qui encercle le Nil (6).
La France à l’orée du chaos est le titre d’un article que vous avez publié jeudi 28 novembre. Pouvez-vous résumer cette idée pour nos lecteurs, attentifs à ce qui se passe dans ce pays ?

La France est un pays phare pour le soulèvement ouvrier en Europe. La France est financièrement en faillite et donc un pays en sursis. Les oligarques et les grands bourgeois aristocrates fuient le pays et rapatrient leurs avoirs en Russie, en Suisse, en Belgique et dans divers paradis fiscaux, dans n’importe quel sanctuaire qui leur offrira redevance pour leurs capitaux en cavale. Mais aucun d’entre eux ne peut transférer les édifices, les moyens de transport, les vignes, les rivières et les ressources naturelles de la terre mère française.

Les riches ne se préoccupent pas des ouvriers, sachant pouvoir en trouver dans n’importe quel pays sous-capitalisé, c’est la richesse la plus communément distribuée, et elle a tendance à se multiplier pour peu que vous l’exploitiez. L’ensemble des classes sociales de France le sent confusément et chaque jour plus expressément. L’insurrection couve sous la cendre des frustrations ouvrières, des retraités dévalisés, des salariés mal payés et saqués, des immigrés ostracisés. La petite bourgeoisie, les Bobos de Paris et des capitales régionales ressentent le malaise et ne savent à qui vendre leurs services de traîtres. Il n’y a que la société française pour ressentir cette immense pulsion populaire prérévolutionnaire – d’abord confusément puis plus précisément. Je connais cette atmosphère, car la nation québécoise est similaire. De tels contextes politiques idéologiques se retrouvent dans nombre de pays et vous voyez ces flambées de violence spontanées marquer ces sociétés de spasmes endiablés – l’Égypte, la Tunisie, le Brésil, l’Afrique du Sud, la Grèce, l’Espagne, tout le monde sait qu’un soulèvement se prépare. En France, même la moyenne bourgeoisie d’affaires, du commerce et de l’industrie est asservie et mise à contribution par l’État des oligarques et par les grandes familles de rentiers assoiffés de profit. Pour des motifs qui tiennent à l’histoire et à la géographie, la Bretagne se soulève la première contre ces pressions du grand capital qui sacrifie même ses amis. Bref, quand les milliardaires saignaient les prolétaires, rien à faire, mais quand les milliardaires accablent et précarisent les millionnaires, on ne peut plus se taire et ça crie dans le Finistère, la révolte gronde en son cratère. Aussitôt la révolte annoncée – dirigée pour le moment par les petits et moyens bourgeois bretonnants – tout ce que la France compte de soi-disant partis des salariés, d’organisations gauchisantes, et elles sont foisonnantes, s’est précipité à Quimperlé mener billevesées, semer la division dans les rangs des révoltés – soumettre les ouvriers bretons à l’inquisition – alors qu’aucun Malouin n’avaient vu ces gens pendant la fermeture des chantiers – voici nos écolos descendus de la Cité porter conseil aux enragés sur l’écotaxe et l’agriculture industrialisée.

Pour les gratte-papier outrés des salons de thé de Rennes et de Paris, la révolte bretonne est justifiée et le devoir de tout militant engagé n’est pas de donner des leçons à l’enragé, mais de brandir le fanion et sus à la préfecture – érigeons les barricades – l’ouvrier breton harassé ne veut rien lâcher. Sus aux pilleurs – à bas le percepteur – il a raison le Breton. Pacte d’avenir et pacte social ne sont que chansons pour endormir. Chaque région de France – Paris y compris – a raison de se révolter contre les mesures d’austérités. La vraie gauche, si elle existe en France, n’a qu’une tendance, faire tourner les imprimantes, diffuser la nouvelle de la juste révolte bretonne bretonnante, dénoncer tout agent infiltré qui déroge au mot d’ordre ainsi résumé : «Tous contre Paris et ses partis – à bas les grandes familles et s’il en est qui siège ici, à Rennes où à Brest, qu’elles reçoivent nos quolibets.» Le mal français, ce n’est pas qu’il y ait deux manifestations de pair dans le Finistère – le problème c’est que les deux manifestations, à l’unisson, lancent l’appel à la compromission – au Pacte d’avenir et au Pacte social de trahison. Voilà ce que mon texte voulait faire savoir à mes camarades «François» (7).
Le Canada a facilité l’opération d’espionnage menée par la NSA américaine. Quel est le rôle du Canada dans la stratégie des Etats-Unis visant à dominer le monde ?

 

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