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18 avril 2024

Le profit dérange lorsque c’est Dieudonné


Le profit dérange lorsque c’est Dieudonné
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On peut constater l’émergence d’un mouvement rhétorique sournois dans le champ de l’opposition à l’humoriste Dieudonné. Celle-ci consiste à déformer le dessein de l’homme, à introduire la confusion dans la soi-disant « Dieudosphère ». Cette saillie récurrente sur les réseaux sociaux et YouTube voudrait accentuer ou créer l’abattement chez le spectateur précaire, lésé par le système, en intégrant Dieudonné dans le système mercantile ordinaire, faisant de lui un profiteur. L’humoriste courrait après le lucre ; l’inversion des choses confine à l’hypocrisie affolée.

Dès lors que l’offensive politico-médiatique contre l’humoriste a retourné sa force contre ses instigateurs, que le travail de sape a provoqué des effets contraires, le besoin pressant d’endiguer la menace Dieudonné s’en trouve renforcée. Les mécènes de la pensée unique et du déni peuvent s’évanouir dans l’ombre et faire chapeau bas à nouvelle forme de belligérance aux allures de cheval de Troie. Ce mouvement d’opinion, souvent spontané et innocent, d’autres fois prémédité et malhonnête, postule que Dieudonné est un capitaliste comme les autres, que téléologiquement son action subodore un « bullshit » d’escroc avide. L’essence de l’activisme de Dieudonné est ramenée à un objectif moralement délétère qui n’est pas sans rappeler la conjuration idéologique que l’humoriste a coutume de dénoncer. La manœuvre est une tentative de réintroduire Dieudonné dans le schéma courant du système de l’Avoir pour Être. Le « gourou » ne chercherait en fait qu’à s’enorgueillir parmi une multitude de monceaux d’argent papier, les fans devenant des crédules cracheurs de thune inconscients des tenants et des aboutissants du système Dieudonné. Ces allégations conjuguant sophisme et ignorance méprise évidemment l’idée qu’on puisse user des outils du système marchand contre le Système. Cette remarquable et habile procédure qui doit affecter une partie du public souvent rigoureusement affecté par une économie sauvage et déliquescente trahit des contradictions évidentes.

On ne peut pas faire l’économie de certaines remarques dans le concert politique et médiatique (et judiciaire) de reproches à Dieudonné. Admettons seulement que l’anathème contre l’homme soit justifié, l’essaim d’hypocrites pullulant dans nos institutions et dans ce qui gravite autour deviendrait-il pour autant l’expression de la piété et de l’honnêteté ? C’est à la lumière d’une « chasse à l’hérétique » qu’il faut comprendre l’incurable et maladif empilement d’accusations mesquines contre Dieudonné. Le système de pensée consubstantiel du système marchand (parce que le système est d’essence marchande) ne supportant pas qu’un élément échappe à l’étreinte de sa puissance cherche naturellement à le ramener à lui, à l’absorber à nouveau. Puisque le bonhomme se révèle incorruptible et probe, il faut lui inventer une indiscipline financière, le placer hors la loi et le sacrifier sur l’autel de la fiscalité. Si l’opprobre médiatique fabriqué dans lequel on souhaite voir l’homme se vautrer n’affecte en rien l’opinion générale des spectateurs, ceux-là, il faut chercher à les heurter par l’abattement. Mais quel abattement ? En attisant une répugnance pour le profit de l’humoriste, en confondant Dieudonné dans le Système pour décourager les moutons galeux de s’égarer plus longtemps, puisque cet égarement serait vain. Cette démarche singulière de propagande est absolument matérialiste, le raisonnement central est habité par des conceptions du même ordre.

L’axiome posé par tel ou tel accusateur voudrait que : le système marchand soit rasséréné, inexpugnable, qu’aucun détournement subversif de ce système ne soit envisageable, les quenelleurs sont quenellés, la boucle est bouclée. Le découragement est presque assuré. Ce n’est pas qu’il faille donner à Dieudonné les habits du Che, quoique, mais il faut lui reconnaître cette aptitude à exposer les contradictions, jusqu’à pousser les entremetteurs du système à lui reprocher ce que lui leur reproche. Comme alarmés par l’audience exponentielle de l’humoriste, appointés du système comme anonymes internautes cherchent à semer le trouble dans les rangs des « crétins » Soraliens et Dieudonnistes forcément plus précaires qu’intelligents, et accessoirement matérialistes envieux. Qu’on ait peu de goût – comme moi – pour les soliloques péremptoires de Soral et une grande admiration pour Dieudonné, ou qu’importe, reconnaissons aux deux hommes une vertu subversive qui fait sortir le système de ses gonds. Déceler les mobiles qui sous-tendent l’anathème grotesque contre Dieudonné, c’est regarder ses commanditaires et leur duplicité permanente. Dieudonné, comme c’est le nerf de la guerre, fonctionne pécuniairement, mais avec l’intégrité dont on désespère dans ce monde marchand. Jusqu’à un vertueux et chimérique monde post-monétaire, il en est réduit à louvoyer dans le système, les quenelleurs dans son sillage.

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