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29 mars 2024

« Révolutions arabes » et néocolonialisme


 

« Révolutions arabes » et néocolonialisme

Publication: 09/05/2014 15h41

 

 

« Tout Empire porte en lui les germes de sa propre destruction ». Hans-Hermann Hoppe.

Médias et gouvernements occidentaux n’ont pas cessé de montrer leur admiration face au « printemps » arabe. Bien qu’ils déclarent aujourd’hui l’échec de la plupart des « révolutions » arabes, ils considèrent ces révoltes comme les prémices d’un changement dans les modes de perceptions au sein d’un monde arabe archaïque et figé.

 

Toutefois, au-delà des discours médiatiques et diplomatiques élogieux qui ne font que flatter l’égo des populations arabes, la réalité paraît tout autre.

 

L’un des cas les plus pertinents est certainement la Libye, où les richesses pétrolières sont les plus importantes de tous les pays du « printemps » arabe.

 

Après la chute du régime de Kadhafi, le pays s’est transformé en un territoire morcelé dans lequel tribus, clans, mercenaires et islamistes se livrent une lutte fratricide pour le contrôle des puits de pétrole. Les multinationales occidentales manipulent les différents protagonistes de la guerre civile libyenne dans le l’objectif de s’octroyer des droits d’exploitation à titre symbolique. Il s’agit donc d’une guerre coloniale en bonne et due forme.

 

En effet, après la levée de l’embargo sur la Libye et l’abandon des sanctions en 2003, les compagnies pétrolières occidentales ont commencé à investir le marché de l’hydrocarbure en nourrissant de grands espoirs, mais elles ont vite déchanté.

 

Le gouvernement Kadhafi, sur la base d’un système connu sous le nom d’Epsa-4, accordait certes des licences d’exploitation aux multinationales étrangères, mais faisait bénéficier la compagnie étatique (National Oil Corporation of Libya, NOC) d’une marge d’exploitation plus élevée (environ 90 %). Le journaliste du Wall Street et ancien président de ConocoPhillips en Libye (entreprise américaine spécialisée dans le pétrole), Bob Fryklund, dit à ce titre: « Les contrats Epsa-4 étaient ceux qui, à l’échelle mondiale, contenaient les termes les plus durs pour les compagnies pétrolières ».

 

Le Conseil National de Transition libyen, massivement soutenu par les gouvernements occidentaux, a ainsi procédé à la création de la Libyan Oil Company dans le but de « libéraliser » le marché national de l’hydrocarbure et de concéder aux compagnies étrangères, principalement américaines et britanniques, des licences d’exploitation plus favorables.

 

Plus tard, ces multinationales projetteraient de privatiser l’ensemble du pétrole libyen avec l’intervention du Fond Monétaire International (FMI) qui, en échange, « aidera » le pays dans sa reconstruction économique et politique. La phase de chaos serait en conséquence essentielle pour les compagnies pétrolières occidentales dans la mesure où elle favoriserait un contexte d’investissement, d’ingérence et de contrôle des richesses naturelles de la Libye.

 

L’objectif à moyen terme serait, en outre, d’avorter une possible autonomie financière de l’Afrique en frappant les organismes financiers de l’Union Africaine (la BAD, la Banque Centrale Africaine, le Fond Monétaire Africain) qui profitent – en grande partie – de la manne financière libyenne et qui tendent à ne plus dépendre de la Banque Mondiale et du FMI, principaux convoyeurs des investissements occidentaux en Afrique.

 

D’un point de vue stratégique, il serait ainsi judicieux de voir en la « révolution tunisienne » un tremplin vers la déstabilisation de la Libye et de tout le continent africain. Le même scénario se répéterait en Syrie et en Irak où la guerre dans les deux pays conduirait à la déstabilisation de toute la région pétrolifère du Proche et du Moyen-Orient et qui tend progressivement à ne plus dépendre de l’aide occidentale (une étude faite par le FMI en 1996 montre qu’à moyen terme l’Arabie-Saoudite et la Jordanie devraient ne plus dépendre de cet organisme international).

 

Les « révolutions » arabes seraient alors incluses dans un processus de remodelage digne de la colonisation dite classique. La peur de voir les pays du tiers-monde échapper à la mainmise économique et financière des grandes puissances serait le point névralgique de toute l’effervescence et de toutes les tensions qui animent aujourd’hui l’Afrique et une partie de l’Asie.

 

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