Qui dirige ? Quels sont les maîtres du monde ?
1 juin 2014
30/05/2014
Qui dirige ? Quels sont les maîtres du monde ?
Cette étude est particulièrement bienvenue.
Alors que tout est mis en œuvre pour nous laisser croire que ce sont les partis et leurs dirigeants qui mènent les affaires publiques par élections interposées, Yvan du Roy pose la question : « Enfin, quelle influence pourraient-ils excercer sur les Etats et les politiques publiques s’ils adoptent une stratégie commune ? La réponse se trouve probablement dans la brûlante actualité des plans d’austérité. »
Tout n’est pas dit, mais la liaison est faite. Les véritables « décideurs », ceux qui émanent des élections dites « démocratiques » ou « représentatives » sont en réalité les serviteurs dociles de ces « maîtres du monde », réels ceux-là. Même si les Etats, ou quelques autres institutions internationales, sont chargés d’arbitrer les contradictions entre eux. Voire de les financer !
Les peuples sont de moins en moins dupes !
Les résultats des dernières élections, notamment en France, le met en évidence !
Aujourd’hui, la majorité des citoyens français met un grand coup dans cette fourmilière : ils en ont assez de laisser croire qu’ils pourraient être dupés « à perpétuité » !
Il convient de les entendre !
Michel Peyret
CAPITALISME
737 maîtres du monde contrôlent 80 % de la valeur des entreprises mondiales
PAR IVAN DU ROY 9 SEPTEMBRE 2011
- Poste
Une étude d’économistes et de statisticiens, publiée en Suisse cet été, met en lumière les interconnexions entre les multinationales mondiales. Et révèle qu’un petit groupe d’acteurs économiques – sociétés financières ou groupes industriels – domine la grande majorité du capital de dizaines de milliers d’entreprises à travers le monde.
Leur étude, à la frontière de l’économie, de la finance, des mathématiques et de la statistique, fait froid dans le dos. Trois jeunes chercheurs de l’Institut fédéral de technologie de Zurich [1] ont scruté les interactions financières entre multinationales du monde entier. Leur travail – « The network of global corporate control » (le réseau de domination globale des multinationales) – porte sur un panel de 43.000 groupes (« transnational corporations ») sélectionnés dans la liste de l’OCDE. Ils ont mis en lumière les interconnexions financières complexes entre ces « entités » économiques : part du capital détenu, y compris dans les filiales ou les holdings, prise de participation croisée, participation indirecte au capital…
Résultat : 80 % de la valeur de l’ensemble des 43.000 multinationales étudiées est contrôlé par 737 « entités » : des banques, des compagnies d’assurances ou des grands groupes industriels. Le monopole de la possession du capital ne s’arrête pas là. « Par un réseau complexe de prises de participation », 147 multinationales, tout en se contrôlant elles-mêmes entre elles, possèdent 40 % de la valeur économique et financière de toutes les multinationales du monde entier.
Une super entité de 50 grands détenteurs de capitaux
Enfin, au sein de ce groupe de 147 multinationales, 50 grands détenteurs de capital forment ce que les auteurs appellent une « super entité ». On y retrouve principalement des banques : la britannique Barclays en tête, ainsi que les « stars » de Wall Street (JP Morgan, Merrill Lynch, Goldman Sachs, Morgan Stanley…). Mais aussi des assureurs et des groupes bancaires français : Axa, Natixis, Société générale, le groupe Banque populaire-Caisse d’épargne ou BNP-Paribas. Les principaux clients des hedge fund et autres portefeuilles de placements gérés par ces institutions sont donc, mécaniquement, les maîtres du monde.
Cette concentration pose de sérieuses questions. Pour les auteurs, « un réseau financier densément connecté devient très sensible au risque systémique ». Quelques-uns flanchent parmi cette « super entité », et c’est le monde qui tremble, comme la crise des subprimes l’a prouvé. D’autre part, les auteurs soulèvent le problème des graves conséquences sociales que pose une telle concentration. Qu’une poignée de fonds d’investissement et de détenteurs de capital, situés au cœur de ces interconnexions, décident, via les assemblées générales d’actionnaires ou leur présence au sein des conseils d’administration, d’imposer des restructurations dans les entreprises qu’ils contrôlent… et les effets pourraient être dévastateurs. Enfin, quelle influence pourraient-ils exercer sur les États et les politiques publiques s’ils adoptent une stratégie commune ? La réponse se trouve probablement dans la brûlante actualité des plans d’austérité.
Ivan du Roy
Pour télécharger l’étude complète en anglais
Le blog de Paul Jorion propose une traduction en français de la présentation détaillée de l’étude.
Notes
1-L’Italien Stefano Battiston, qui est passé par le laboratoire de physique statistique de l’École normale supérieure, le Suisse James B. Glattfelder, spécialiste en réseaux complexes, et l’économiste italienne Stefania Vitali.