DIEUDONNE. Procès: L’humoriste gagne contre l’Union des étudiants juifs de France (UEJF)

Publié le juin 21, 2014 @ 2:06

Allain Jules

Dieudonné

Le tribunal de grande instance de Paris a rejeté vendredi la demande de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) de retrait d’une vidéo de Dieudonné. Il s’agit de la vidéo « Manuel Valls aka « El Blankos », Premier ministre ! » vue plus de deux millions de fois sur YouTube.

 

L’association demandait en référé (procédure d’urgence) à la justice d’ordonner à l’humoriste controversé de retirer la vidéo publiée sur son compte, estimant plusieurs passages susceptibles de constituer le délit de provocation à la discrimination, la haine ou la violence à l’égard des juifs.

Dans cette vidéo, Dieudonné appelle les « non-juifs » à se « révolter » et à se « mobiliser » contre l’occupation et la servitude qui seraient imposées par « les juifs de France », dénonçait l’association.

Tout comme une autre association, « J’accuse », l’UEJF demandait 50.000 euros de dommages et intérêts, à reverser au Mémorial de la Shoah. Les associations demandaient également à obtenir le  texte du prochain spectacle de Dieudonné, dont il annonçait dans la vidéo incriminée le titre : « Incitation à la haine ».

Chose plutôt rare pour un référé, le parquet était représenté à l’audience du 6 juin, s’associant à la demande de retrait de la vidéo, mais pas à celle  sur le spectacle.

« Jeter le discrédit sur Manuel Valls »

Sur les propos attaqués, le juge a estimé que, s’ils « pouvaient légitimement heurter et choquer », ils visaient « principalement à stigmatiser et jeter le discrédit sur Manuel Valls, et à dénoncer le statut privilégié que le ministre de l’Intérieur reconnaîtrait aux juifs de France ».

Dieudonné partait de propos de M. Valls lors d’une manifestation contre l’antisémitisme en mars, avant sa nomination comme Premier ministre, où il avait estimé que « les juifs de France sont plus que jamais les Français à l’avant-garde de la République et de nos valeurs ».

Le juge rappelle par ailleurs que « les prises de position (de M. Valls) hostiles au défendeur et les mesures mises en oeuvre à son encontre sont de notoriété publique ».

Sur la demande concernant le prochain spectacle, le juge estime « qu’en l’état les associations demanderesses ne justifient pas, au vu de la teneur de la seule annonce faite par le défendeur de son prochain spectacle, d’un motif suffisamment légitime pour procéder à une mesure aussi restrictive de la liberté d’expression ».

Réactions des deux parties à l’issue du rejet

L’avocat du polémiste, Me François Dangléhant, s’est félicité de ces décisions. « Leur demande était abusive » concernant le texte du prochain spectacle, a-t-il dit, jugeant que dans la vidéo « le valeureux Dieudonné ne faisait qu’exercer son droit de réponse à Manuel Valls, de façon certes un peu brutale ».

Me Stéphane Lilti, avocat des associations, a annoncé faire appel « d’une décision que nous jugeons injuste ». « Le juge a considéré que les propos visaient le Premier ministre alors que Dieudonné désigne le Premier ministre comme le bras armé des juifs et leur protecteur ».

« Dieudonné continue d’être le principal propagandiste antisémite de ce pays », a fustigé de son côté Sacha Reingewirtz, président de l’UEJF. Il a dénoncé le « contournement » des lois par le polémiste dans ses vidéos et jugé « impossible de le laisser s’abriter derrière la liberté d’expression alors qu’il est le principal propagateur de haine ».

LE BAL DES QUENELLES C’EST AUJOURD’HUI !