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28 mars 2024

Mais que se passe-t-il en Libye ?


Mais que se passe-t-il en Libye ?

Par Louis Haushalter

Publié le 4 août 2014 à 16h04Mis à jour le 4 août 2014 à 16h33

Un combattant d'une milice à Tripoli, le 2 août.

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Un combattant d’une milice à Tripoli, le 2 août. © REUTERS

VOUS ALLEZ TOUT COMPRENDRE – Les chancelleries occidentales évacuent leurs ressortissants du pays, dont la situation sécuritaire se dégrade.

La France a évacué la semaine dernière une cinquantaine de ses ressortissants de Libye. Plusieurs autres pays européens, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie, ont également enjoint à leurs citoyens de quitter le pays, tandis que les Etats-Unis ont évacué leur personnel diplomatique. Des mesures prises face à la dégradation de la situation sécuritaire. Pourquoi cette escalade ? Europe 1 fait le point.

>> LIRE AUSSI : Libye : « dans la rue, je m’attendais à être mitraillée »

Pourquoi les pays occidentaux évacuent-ils leurs ressortissants de Libye ?

Parce que les violences dans le pays se sont accentuées ces dernières semaines. Ces combats entre milices rivales ont commencé en juillet à l’aéroport de Tripoli, fermé depuis trois semaines. A l’est, Benghazi, l’autre grande ville de Libye, est également le théâtre d’affrontements meurtriers. En deux semaines, ces violences ont fait au moins 200 morts et près d’un millier de blessés, d’après le ministère de la Santé.

Pour autant, « on ne peut pas parler d’un élément déclencheur qui a mis le feu aux poudres », explique Frédéric Encel, maître de conférences à Sciences Po et spécialiste du Moyen-Orient, interrogé par Europe1.fr. « En réalité, ces tensions s’inscrivent dans un continuum depuis la chute du régime de Kadhafi ».

Qui s’affronte et pourquoi ?

Les combats opposent des milices qui avaient combattu ensemble le régime du colonel Kadhafi en 2011. Depuis la chute de ce dernier, chaque clan cherche à étendre son influence. « La Libye n’a jamais été un Etat-nation », reprend Frédéric Encel. « Dès lors que l’Etat structuré, central, mais très artificiel que Kadhafi avait mis en place est tombé, on a retrouvé le substrat original de la Libye : des clivages très largement claniques et tribaux. Ceux qui se battent entre eux actuellement, ce sont essentiellement de grandes familles réunies en tribus ».


Le clivage entre ces clans est d’abord géographique. Il sépare historiquement la Tripolitaine, au nord-ouest du pays, et la Cyrénaïque, région du nord-est.

Libye : un général dissident cible d'un attentat

© Reuters

A cela s’ajoutent des tensions idéologiques, liées à la présence de plus en plus importante de milices islamistes, souligne Frédéric Encel. Ainsi, à Benghazi, les troupes du général dissident Khalifa Haftar (photo) affrontent depuis mai des groupes islamistes comme Ansar al-Charia.

Ces clans se battent essentiellement pour le contrôle des ressources et des trafics. « On sous-estime souvent les activités de nature crapuleuses », estime Frédéric Encel. « Il y a une volonté de tenir les trafics de pétrole, d’armes, mais aussi de capter une partie de l’aide internationale ».

Que fait le pouvoir politique ?

Les élections législatives du 25 juin, dont la participation a été très faible, ont débouché sur la constitution d’un nouveau Parlement. Cette « Chambre des représentants » a tenu lundi sa séance inaugurale à Tobrouk, ville de l’est épargnée par les combats. Mais les islamistes, qui ont perdu ce scrutin, ont boycotté cette cérémonie. « Ces tribus qui ont perdu du pouvoir aux élections cherchent à le reconquérir dans la rue par la violence », explique Frédéric Encel. Quant au gouvernement, qui reste muet face à la dégradation de la situation, « il est lui-même travaillé par différentes allégeances tribales ».

Quels espoirs de stabilisation ?

Qui pourrait soigner le pays de ses maux ? Pour Frédéric Encel, « la solution pourrait venir de conseils locaux, qui géreraient a minima les affaires publiques, chacun sur leur territoire, ou alors par la reprise en main du pays par un leader charismatique ». Mais il est bien plus probable que l’enlisement dure : « je crois au maintien d’un état de semi-anarchie pendant longtemps », affirme le spécialiste. Une impasse face à laquelle la communauté internationale reste impuissante.

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