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18 avril 2024

Les mensONGes des ONG : que cache Human Rights Watch (HRW)


Jeudi 21 août 2014

Les mensONGes des ONG : que cache Human Rights Watch (HRW)

Le international

Gri-Gri

 

Les nouveaux colons (2/3)

 

 par A.Atchadé 

 

2 ème partie d’un tableau paru initialement à Abidjan le 29/07/2014 dans les colonnes de notre confrère et camarade Le Nouveau Courrier (www.nouveaucourrier.net).

Le Nouveau Courrier (& Le Gri-Gri International ici) publie ici un texte particulièrement riche de A. Atchadé, qui révèle les dessous pas toujours très vertueux du monde des petits et grands soldats d’une justice internationale biaisée dès le commencement, et qui se fait aider par une puissante armada idéologique qui se pare d’indépendance pour se légitimer sans contestation auprès d’une opinion subjuguée par des promesses de lutte contre l’impunité largement mensongères.

Un texte à conserver.

Human Rights Watch (HRW) se proclame sur son site « l’une des principales organisations indépendantes au monde consacrée à la défense et la protection des droits de l’homme ». Elle fut créée en 1978 sous le nom d’Helsinki Watch, avec pour mission de dénoncer les violations des droits de l’homme dans le bloc soviétique d’où une très grande proximité idéologique avec le gouvernement des Etats-Unis. Kenneth Roth, directeur exécutif de HRW a déclaré que « la justice [est] une fin en soi » et que « l’inculpation des criminels de guerre a permis de faire avancer des processus de paix en marginalisant les acteurs nuisibles ». Passons sur l’inanité d’une telle affirmation, rappelons simplement que M. Roth est un ancien procureur général des Etats-Unis, scotché au versant accusatoire de la justice pénale.

George Soros a donné 100 millions de dollars à Human Rights Watch depuis 10 ans pour s’en attacher les services. En effet, HRW bénéficie d’une aura favorable dans les médias : c’est une organisation sérieuse dont les rapports sont des valeurs sûres.

En réalité, elle est protégée de tout réel examen critique et ses rapports s’avèrent en général invérifiables. Dans la décision relative à la demande de délivrance d’un mandat d’arrêt à l’encontre de Laurent Gbagbo, déposée par le Procureur en 2011 [8] la CPI faisait déjà une place de choix aux rapports d’HRW (en alternance avec ceux d’Amnesty International). Mais que valent ces argumentaires de seconde main et autres rapports ?

Le 3 juin 2013, les juges de la CPI n’avaient pas osé confirmer les charges pesant sur Laurent Gbagbo, estimant insuffisante la « valeur probante » de ces pièces à conviction. « Heureusement », ils se sont repris depuis.

Apparemment à la CPI, une bonne justice n’est pas le fruit d’un labeur acharné, mais elle navigue entre désinvolture et improvisation : il fallait absolument que Fatou Bensouda passe au rattrapage alors que sa copie avait été à peine amendée.
La Côte d’Ivoire a constitué une obsession pour HRW : 8 communiqués entre décembre 2010 et mars 2011, accusant Laurent Gbagbo de crimes de guerre et de violations des droits de l’homme, un seul dans la période enjoignant Ouattara en avril 2011 de contrôler ses troupes.

Mais cette campagne était essentielle pour créer l’assise pour l’étape suivante du processus de diabolisation et de légitimation de l’usage de la force. La plupart des médias (BBC, Reuters, AFP) ont fait largement écho aux communiqués d’HRW, les reprenant tels quels.

Le directeur du de lobbying de HRW à Washington, Tom Malinowski, s’est fendu d’un article [9] au sujet l’intervention de l’OTAN en Libye, intitulé «Pourquoi ne donne- t-on pas crédit à Obama d’avoir arrêté une telle atrocité ? Et de poursuivre que l’OTAN a été plus efficace [qu’en Bosnie]. »

Et de célébrer l’intervention de l’OTAN en Libye comme « la réponse militaire multinationale la plus rapide à une crise des droits humains dans l’histoire récente » pour laquelle « nous devrions être reconnaissants ». Depuis 2012, il a rejoint sa famille : il est sous-secrétaire d’État à la démocratie, aux droits humains et au travail sous John Kerry.

Autre curiosité : Miguel Diaz, ancien analyste de la Central Intelligence Agency (CIA), pen- dant longtemps au comité consultatif de HRW Amériques, puis retourné au Département d’État en tant que « interlocuteur entre la communauté des services de renseignements et les experts non gouverne- mentaux ».

Et n’oublions pas de citer Javier Solana, membre du conseil d’administration, ancien secrétaire Général de l’OTAN qui a cautionné l’usage des bombes à fragmentation contre la Serbie en 1999 et le bombardement de civils ont conduit HRW à conclure que l’OTAN avait commis des violations du droit humanitaire international. Entre marchand de moralité et missionnaire de l’empire, HRW se targue aujourd’hui d’être une force « journalistique ».

En 2012 l’organisation s’est vu attribuer un Peabody Awards [10]. Dixit Carroll Bogert, directrice générale adjointe : « C’est aussi une réflexion sur combien le business des médias a changé. Human Rights Watch joue maintenant dans le marché global de l’information. » [11]

Les récits d’attaques meurtrières contre des populations civiles, menées par des dictateurs et des mercenaires sont écrits pour scandaliser l’opinion publique internationale et « vendre » les souffrances des victimes à travers les médias.

La guerre médiatique vise à soumettre l’audience à sa propre dialectique en lui imposant son vocabulaire, et, au- delà, sa propre conception du monde.

Les États-Unis ne se cachent d’ailleurs pas de cette instrumentalisation : « Nous avons les meilleures relations avec les ONG, qui sont un tel multiplicateur de forces pour nous, une part si importante de notre équipe de combat. (…)Car [nous] sommes tous engagés vers le même but singulier, aider l’humanité, aider chaque homme et chaque femme dans le monde qui est dans le besoin, qui a faim (…) » déclarait ainsi l’ancien secrétaire d’Etat Colin Powell, dans un discours adressé aux ONG au début de l’Operation Enduring Freedom (l’invasion de l’Afghanistan), en octobre 2001 » [12]

La suite demain

[8] http://www.icc- cpi.int/iccdocs/doc/doc1305521.pdf Dans cette décision, les juges ont pris en compte un article de the Gambia Voice, « Gbagbo has friends in Africa » du 7 avril 2011. Comme quoi Fatou Bensouda continue à la lire la presse de son pays et contribue à la faire rayonner.

[9] le 27 mars 2011 dans the New Republic

[10] Récompenses remises annuellement à des programmes de radio, de télévision ou des sites web qui représentent l’excellence dans leur propre domaine.

[11] http://www.theatlantic.com/internatio- nal/archive/2012/06/making-news-human- rights-watch/258982/

[12] Michael Mann, Incoherent Empire, Verso, 2003.

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