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19 avril 2024

Libye : rétrospective et perspective


 

SOLIDARITE PALESTINE

Libye

Libye : rétrospective et perspective

Ahmed Halfaoui

© Ahmed Halfaoui

Lundi 18 août 2014

Le 1er septembre 2011, à Paris au palais de l’Elysée, se tenait une conférence des « amis de la Libye », co-présidée par le président français, Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique, David Cameron, les deux vainqueurs de la « révolution » libyenne. Le pays ayant été « libéré », il s’agissait de discuter de son avenir. Les représentants d’une soixantaine de pays se pressaient autour de la table. En bons indigènes, à tout seigneur, tout honneur, trônaient au milieu des membres du Conseil national de transition (CNT). Il y avait un objectif, celui de la mise en œuvre de la transition démocratique du pays et des modalités de sa reconstruction. Le lundi 19 septembre 2011, le drapeau du roi Idriss est hissé au siège de l’ONU et Alain Juppé, le ministre français des affaires étrangères déclarait : « demain mardi, symboliquement la Libye nouvelle sera donc pleinement intégrée aux Nations unies ». Trois ans après, le 10 août 2014, le quotidien Le Monde, l’un des médias les plus engagés dans la propagande de l’OTAN, commet ce titre : « La Libye n’existe plus ». Il est quand même extraordinaire qu’une « révolution », qui a mobilisé l’ONU, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, les pétromonarques du Golfe et une flopée d’autres Etats, connaisse un tel destin. Tout ce beau monde, les services secrets, parmi les plus efficaces de la planète, les « analystes » et autres « think tanks », n’auraient rien vu venir. Personne des « amis de la Libye », les maîtres comme les satrapes, n’aurait prévu que les « révolutionnaires » allaient se mettre à se canarder, même obliger à la fuite les ambassadeurs de ceux qui leur ont offert un tapis de cadavres vers le pouvoir. Pire que tout, il n’y a plus de « dictateur » désigné, plus question de « protéger des civils ». Pire que tout, le pays n’est plus qu’une mosaïque de territoires aux mains de milices et de tribus qui ne démordront pas facilement. Pire que tout, toutes les milices et toutes les tribus se réclament de la « révolution » et du même drapeau. Tous s’accusent les uns les autres de « kadhafistes ». Plus de place pour un autre CNT, y compris pour ce parlement installé à Tobrouk qui brigue ce rôle, même reconnu et félicité par les Nations-Unies et par les « démocratiseurs » de la Libye. Que faire alors ? Difficile de bombarder, plus difficile de débarquer des troupes, de tenter une occupation des lieux et de placer un gouvernement croupion. Même si c’est la seule option qui reste pour réaliser l’objectif de départ, celui de contrôler la production de pétrole, elle risque de coûter très cher. La réponse est donc à l’impuissance des criminels qui ont mis à feu et à sang la Libye, qui doivent non pas regretter leur ignominie mais rager contre leur courte vue. Ils se sont déjà démasqués, ce qui a pu les empêcher de détruire la Syrie, ils ne pourront plus jamais espérer ce « printemps » nulle part tant ils ont abusé de l’insulte à l’égard de l’humanité. La Libye avec la tragédie où est plongé son peuple vient s’ajouter à la longue liste des crimes de la Barbarie pour construire la conscience qui, demain, un jour, gagnera les multitudes.

A.H

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