Les djihadistes de l’EI ont conquis des zones pétrolières qui leur permettent de tirer profit des nombreux gisements. Certains rapports avancent le chiffre de onze champs pétroliers dans le nord de l’Irak et dans la province syrienne de Raqqa. Si on ne peut avancer des chiffres avec certitude, puisqu’il n’y a aucune information précise et fiable sur le sujet, un spécialiste interviewé par JolPress estime la production entre 20.000 et 30.000 barils par jour. Le Wall Street Journal annonce lui entre 30 et 70 000 barils par jour. Si une partie de ce pétrole est utilisé par l’Etat islamique, une autre est vendue avec un rabais important puisqu’il s’agit de carburant de contre bande. Cet expert estime que les islamistes peuvent revendre leurs barils entre 30 et 40 dollars, soit plus de la moitié du prix officiel qui tourne actuellement autour de 96 dollars. D’autres experts annoncent des prix trois à quatre fois moins élevés que le tarif officiel en vigueur.

Même « soldé », ce trafic rapporterait entre deux et trois millions de dollars par jour. Dans cette région où le trafic de carburant existe depuis des lustres, refourguer ce genre de marchandise n’a rien de compliqué grâce aux nombreux trafiquants qui sont friands de pétrole vendu à prix cassé. Cette contrebande transiterait par le biais de la Jordanie, le Kurdistan, la Turquie ou encore l’Iran.

 

Jana Hybaskova, ambassadrice de l’Union européenne en Irak, a provoqué la semaine dernière quelques remous en affirmant, lors du Comité des Affaires étrangères du Parlement européen, que certains pays européens avaient acheté du pétrole à « l’Etat islamique » sans toutefois en divulguer officiellement les noms. La Turquie, et ses frontières trop perméables au goût de certains, permettrait à ce pétrole d’arriver au bout d’un parcours tortueux dans les raffineries européennes et américaines.

 

Selon David Rigoulet-Roze, spécialiste des questions énergétiques au Moyen-Orient, interviewé par TV5Monde, du pétrole du Kurdistan est exporté depuis janvier, via des camions-citernes vers la Turquie. Il existe aussi, depuis mai 2014, un pipeline vers le port turc de Ceyhan qui permet de fournir la Turquie. Ce pays ne cache d’ailleurs pas ses relations économiques avec cette région d’Irak. Selon Le Blogfinance « Le gouvernement du Kurdistan a décidé d’octroyer des concessions pétrolières à des entreprises étrangères (Exxon Mobil, Chevron, Total) sans l’aval de Bagdad, avec l’ouverture d’un oléoduc partant de Tak Tak (raffinerie dans la région d’Erbil), d’une capacité actuelle de transit vers la Turquie de 100 000 barils jour, pouvant atteindre à terme 400 000 barils jour. »

 

Si le pétrole représente une manne non négligeable, elle n’est pourtant pas la seule rentrée financière de l’EI. Les islamistes peuvent aussi compter sur les soutiens financiers de certains pays arabes, les pillages et rançons, les impôts collectés parmi la population estimée à 8 millions de personnes, mais aussi le fabuleux trésor de guerre de la Banque centrale irakienne de Mossoul évalué à 313 millions d’euros.