Partager la publication « Le double langage de l’OTAN aux alliés européens
Une fois passée la délirante propagande qui avait envahi les médias roumains après le sommet de l’OTAN au pays de Galles, les Roumains commencent à comprendre que Basescu a joué comme toujours au bluff.
Le Commandement tactique proposé et obtenu par la Roumanie, n’a aucune signification en termes de force. Il est en fait un rassemblement sous un même toit d’un groupe de 25-30 officiers de l’OTAN, griffonnant et jouant avec des cartes contenant beaucoup de plans d’opérations inutiles.
Ce commandement tactique sans troupes (ainsi que ceux qui seront mis en place en Pologne et dans les pays baltes) est subordonné à un autre commandement opérationnel de l’OTAN existant déjà en Italie. La décision de financement, de construction et d’utilisation de matériel militaire, de munitions et de soldats dans ces présumées bases militaires supplémentaires de l’OTAN en Europe, doivent être conformes aux intérêts américains, le tout sous l’égide de l’USEUCOM-Europe, responsable des actions militaires de l’armée américaine dans le théâtre d’action européen. Ceci avait été traité dans l’article :
http://reseauinternational.net/les-conclusions-du-sommet-lotan-au-pays-galles/
La décision annoncée par Rasmussen lors du sommet de l’OTAN ne correspond pas du tout à la dernière déclaration du général Philip Breedlove, le commandant de l’OTAN en Europe et qui était : « la Russie pourrait mener des incursions militaires dans la République de Moldavie et la région séparatiste moldave de Transnistrie ». Mais cette subtilité n’a pas été perçue par un pays comme la Roumanie, considérée pourtant comme « allié stratégique », simplement parce qu’elle n’a aucune idée des décisions du Congrès américain au sujet de la restructuration du Pentagone, avec une réduction significative des dépenses militaires annuelles pour la période 2012-2020.
La décision promulguée par le président des États-Unis visant à économiser 487 milliards de dollars a déjà eu des effets de 2012 à aujourd’hui. Les forces terrestres américaines ont déjà été réduites de 45 000 soldats et les Marines d’environ 10 000 soldats. Ce qui donne, sur le calendrier du Pentagone, un retrait progressif d’environ 7 000 soldats américains d’Europe d’ici 2020. Ainsi, l’armée de terre américaine en Allemagne a été réduite de trois brigades de chars et d’une brigade d’infanterie du modèle d’infanterie Stryker, équipée de LAV-25, Stryker, dérivé de Piranha III.
http://www.corectnews.com/SCIT/Stiinta/Brigada-Stryker-DIN-armata-sua
L’armée de terre en Italie se résume à la 173ème Brigade aéroportée structurant la force d’intervention rapide.
Le lieutenant-général Donald Campbell, ancien commandant du IIIème Corps d’armée, la plus puissante unité du dispositif américain est devenu le commandant de l’armée de terre en 2013 en Europe (US Army Europe). Il a clairement expliqué à la presse la mission qui lui a été confiée. À savoir, ne garder que sept grandes bases militaires en Europe sur les 12 existantes en 2010. Le plan de restructuration a conduit à la fermeture prochaine de la caserne de Heidelberg en Allemagne.
Selon le même plan de restructuration, la garnison américaine de Mannheim, ainsi que les bases américaines à Schweinfurt et Bamberg seront fermées et évacuées en 2015. L’US Eucom ne veut pas dépasser le plafond actuel de 32 000 militaires américains stationnés sur le continent européen. Au contraire, leur nombre doit diminuer de 2 000 hommes d’ici 2017. Campbell a également mentionné que le Pentagone a abandonné le projet de construire des bases militaires en Roumanie et en Bulgarie, en plus de la base de Deveselu servant le bouclier ABM.
Les Forces aériennes américaines en Europe ont été réduites à six escadrilles composites (avions multi rôles, de transport, de ravitaillement en vol, de surveillance et des hélicoptères): une en Allemagne, deux en Italie et trois au Royaume-Uni). En conséquence de ces coupes budgétaires, les 20 derniers avions d’attaque au sol A-10 Thunderbolt de la 81ème escadrille déployée à la base aérienne de Spangdahlem en Allemagne, ont été rapatriés sur le continent américain, à la fin de 2013.
Selon le plan du Pentagone, au cours de la période 2014-2017 plus de 500 avions de combat de l’US Army seront retirés de la dotation. Sur la liste il y a huit avions de transport lourd C-5 Galaxy, 16 C-17 Globemaster III, 30 C-130 Hercules et 16 ravitailleurs en vol KC-135 Stratotanker, ce qui diminue considérablement la capacité de déploiement de la force d’intervention rapide des Etats-Unis.
L’analyse du caractère politique des propos d’Anders Fogh Rasmussen lors du sommet au pays de Galles est on ne peut plus évident. Surtout que l’OTAN n’est pas une alliance uniquement politico-militaire créée par les États-Unis. J’avais déjà écrit que dans le Pacifique occidental, les États-Unis avaient initié le traité ANZUS et divers autres traités militaires avec des états voisins de la Chine qui sont devenus plus importants pour les américains aujourd’hui que l’OTAN. C’est pourquoi les Etats-Unis envisagent la création d’un dispositif aérien, maritime et terrestre du commandement militaire du Pacifique (USPACOM), dans la région du Pacifique occidental, déployant des troupes supplémentaires composées de 200 000 soldats américains. Certains de ces soldats appartenaient jusqu’à récemment à l’US Eucom.
Dans les conclusions de mon article je disais : « par conséquent, les déclarations officielles des responsables de l’OTAN, en particulier américains, relatives à la création de cinq nouvelles bases de l’OTAN en Europe, ne sont que des fables. Ceux qui ne comprennent pas dans quelle direction va le monde, ne se reposant que sur les engagements de l’OTAN et, de ce fait, ne créant pas d’armée moderne spécialement dédiée à la défense de leur territoire, auront bientôt quelques très mauvaises surprises « .
Contrairement aux Roumains, Aleksandr Gruşko, Ambassadeur de Russie à l’OTAN, sait très bien toutes ces choses. Dans une déclaration dans lequel il était visible qu’il faisait d’énormes efforts pour ne pas éclater de rire, Gruşko a dit: « une base militaire en construction actuellement en Roumanie est un défi sérieux pour la sécurité de la Russie, et Moscou est très préoccupé en ce qui concerne les activités de l’OTAN en mer Noire ». Comme je l’ai écrit précédemment, le 28 août 2014 le sous-marin diesel-électrique Novorossiisk, de classe Varşavianca (projet 636.3/877) a été mis en service dans la flotte russe de la mer Noire. Un ou deux mois plus tard il sera rejoint par son frère Rostov-sur-le-Don, suivi de quatre autres sous-marins de la même classe, pour toute la flotte russe de la mer Noire. Surnommés « trous noirs » par l’OTAN, car ils ne peuvent pas être détectés, ces sous-marins ont la possibilité de surveiller secrètement tous les navires, français ou américains ou canadiens envoyés dans la mer Noire.
Les dernières manœuvres navales conduites par l’OTAN dans le Nord-Ouest de la Mer Noire le «Sea Breeze -2014 », ont rassemblé 12 navires militaires de l’Ukraine et de l’OTAN. Les marins de la frégate canadienne Toronto ont pu vérifier en direct la fiabilité des pièces de missiles âgés de 35-40 ans, lancés à bord du chasseur de sous-marin Ternopil, vaisseau-amiral de l’Ukraine.
Parmi les navires de l’OTAN participant à l’exercice il y avait l’une des deux frégates roumaines Type 22, surnommées « patrouille de paix » depuis 10 ans quand elles ont été achetées parmi les vieilles ferrailles britanniques; elles sont toujours armées.
Valentin Vasilescu
Traduction Avic – Résea