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24 avril 2024

Ces médecins du 93 au chevet de Gaza


Ces médecins du 93 au chevet de Gaza
Écrit par Stéphanie
Vendredi, 10 Octobre 2014 23:49
Henniche Palestine Israel

Zouhair Lahna, gynécologue à Aubervilliers, est rentré après deux mois passés à soigner les blessés en plein conflit. Said Hadji, pédiatre à Aulnay, vient, lui, d’arriver sur place.

« Ma mère préférerait que je roule en Jaguar et que j’aie une belle clientèle à Casablanca », plaisante le docteur Zouhair Lahna, 48 ans, d’origine marocaine. Au lieu de cela, elle a découvert sur la chaîne Al-Jazira son fils au milieu des ruines de Gaza opérant les blessés à la chaîne. Après cinquante et un jours non-stop dans les blocs opératoires d’Al-Shifa, le plus grand hôpital de Gaza, ce gynécologue est de retour en France. Il n’a pas encore rouvert sa consultation à l’hôpital européen de Paris-la-Roserie, à Aubervilliers. Mais quelque chose a changé depuis son envol éclair vers la Palestine. Certains confrères de confession juive ont refusé de lui serrer la main.

Zouhair Lahna est parti à Gaza sitôt les premières frappes, avec Palmed, une association de médecins palestiniens. Du jour au lendemain, il a fermé son cabinet. In extremis, il a réussi à passer d’Egypte en Palestine. Ensuite, la frontière a été bouclée. Pendant toutes ces semaines, il a travaillé aux côtés de l’équipe de chirurgiens des hôpitaux Al-Shifa à Gaza et Nacer à Khan Younès.

Il est l’un des très rares médecins européens présents tout au long du conflit.

Le gynécologue a envie de s’engager davantage

« Je ne suis pas cassé. Au contraire, je reviens avec l’envie de m’engager davantage dans des actions humanitaires, relate le praticien. Ce choc frontal avec la mort remet les idées en place. » A Gaza, quand il n’est pas au chevet des civils, il tient un journal sur Facebook. « Le déclic s’est produit le 20 juillet, raconte-t-il, lors du bombardement du village de Chajaya. » Une centaine de blessés sont transférés à Al-Shifa. Pourtant rompu aux missions humanitaires depuis quinze ans, le médecin est bouleversé. « Le soir, j’ai eu envie de pleurer. Tous ces gens que je n’ai pas pu sauver ! »

Un ami journaliste lui conseille de raconter son quotidien par écrit. Il rassemble rapidement 4 000 « amis » sur Facebook. C’est ainsi que ses collègues français découvrent qu’il est parti pour Gaza. Zouhair Lahna n’est pas un activiste de la cause palestinienne, il se qualifie plutôt de « médecin engagé et libre ». « La Palestine m’interpelle parce que ce sont des Arabes et des musulmans et je suis arabe et musulman. Mais je suis avant tout un médecin. »

Cette ligne de conduite, il l’a appliquée en France, en oeuvrant à l’hôpital d’Aubervilliers, où 86 % des patients sont bénéficiaires de la CMU (couverture maladie universelle). « Je voulais soigner les populations maghrébines et africaines. Je me sens redevable envers elles. A Aubervilliers, je faisais déjà de l’humanitaire ». Mais après son expérience à Gaza, Zouhair Lahna aspire à repartir. Il veut écrire un livre et créer sa propre ONG (organisation non gouvernementale) au Maroc « pour lutter contre la morbidité maternelle, mon domaine d’expertise. »

Source : Le Parisien

 

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