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26 avril 2024

Libye : Benghazi de nouveau en proie à de violents combats


Libye : Benghazi de nouveau en proie à de violents combats

Le Monde.fr avec AFP |

 

Des combattants de "Fajr Libya" ("aube de la Libye"), le 13 octobre près de Tripoli.

Benghazi, dans l’est de la Libye, a été à nouveau, jeudi 16 octobre, le théâtre d’affrontements violents entre les forces du général Khalifa Haftar et les milices islamistes qui contrôlent la deuxième ville du pays. Au moins 25 personnes ont été tuées depuis le début mercredi matin de cette nouvelle intervention des forces du général Haftar, appuyée par l’armée, selon un nouveau bilan d’une source hospitalière.

Lire notre chronologie : La lente désintégration de la Libye post-Kadhafi

Les forces de Haftar avaient annoncé mercredi avoir pris le contrôle du QG de la milice islamiste « Brigade du 17 février », situé dans la banlieue ouest de la ville. Mais une source militaire a indiqué que les forces progouvernementales avaient dû se retirer de cette ancienne base militaire prise pour cible par les combattants islamistes.

« GUERRE DE RUES »

Jeudi, après une matinée relativement calme, des combats violents ont repris dans cette banlieue ouest, dans les quartiers d’Al-Guewarcha et Garyounes où une « guerre de rues » était en cours à proximité de zones résidentielles, selon des témoins. Des explosions et des tirs avaient déjà résonné dans la nuit de mercredi à jeudi dans différents quartiers de Benghazi.

Benghazi est l’une des zones les plus troublées de la Libye, un pays plongé dans le chaos et livré aux milices depuis le renversement de Mouammar Kadhafi au terme de huit mois de conflit en 2011. Face à la faiblesse du gouvernement de transition, le général Haftar, qui avait participé à la révolte contre Kadhafi, avait lancé en mai une opération contre les milices qu’il a qualifiées de « terroristes ».

Lire aussi (édition abonnés) : Des factions armées ont pris le contrôle des ministères dans la capitale libyenne

Le général controversé avait été alors accusé par les autorités de transition de tenter un « coup d’Etat ». Mais leur position a bien changé depuis, surtout après que le général à la retraite a obtenu le soutien de plusieurs unités de l’armée. Mercredi, l’armée régulière libyenne a affiché clairement son soutien à l’opération du général Haftar et à sa nouvelle offensive sur Benghazi.

Le gouvernement reconnu par la communauté internationale, dirigé par Abdallah Al-Theni, « n’a pas d’autre choix que de se rapprocher de Haftar qui se présente comme le sauveur de la Libye », souligne l’analyste libyen Fradj Najm. « Contrairement à ses rivaux [islamistes], les autorités de transition n’ont pas de milices pour pouvoir s’imposer », précise-t-il.

GOUVERNEMENT PARALLÈLE

Ce rapprochement entre Haftar et les autorités de transition a été dénoncé par la coalition de milices armées, notamment islamistes, et originaires de la ville de Misrata, à l’est de Tripoli, qui contrôle la capitale depuis août. Cette coalition, « Fajr Libya » (« aube de la Libye »), qui a formé un gouvernement parallèle, a récemment élargi son offensive à l’ouest de Tripoli.

Depuis quelques jours des combats font rage entre Fajr Libya et des forces de Zenten (ouest) et de leurs alliés, en particulier autour de la ville de Kekla, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli. « Le conflit à l’ouest est le résultat d’une lutte pour le pouvoir et l’argent, après la défaite des islamistes dans les élections législatives de juin, explique le professeur Najm. A l’est, il s’agit plutôt d’un combat contre des groupes [radicaux] qui sont contre le processus démocratique et l’établissement d’un Etat. »

Selon cet expert, la nouvelle flambée de violences risque de compromettre le dialogue politique lancé par l’ONU fin septembre dans le but de mettre fin à l’anarchie institutionnelle dans le pays. Lors d’une visite à Tripoli, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avait appelé samedi à la fin des hostilités, réclamant notamment un arrêt des combats entre les forces de Haftar et les islamistes.

Lire aussi l’entretien avec Bernardino Leon, envoyé spécial des Nations unies pour la Libye (en édition abonnés) : « Si les milices refusent de collaborer au cessez-le-feu, il y aura des sanctions »

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