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28 mars 2024

Suicide : le mode d’emploi pour président et journaliste


Solidarité Palestine
Opinion

Suicide :
le mode d’emploi pour président et journaliste

Maxime Vivas


Maxime Vivas, écrivain – Photo : DR

Jeudi 16 octobre 2014

William Blum est un écrivain et journaliste états-unien qui a travaillé au département d’État à Washington et avec un agent de la CIA à Londres. L’État voyou (Éditions Parangon, 2002), un de ses livres traduit en français, est devenu un best-seller après que Ben Laden en a recommandé la lecture. À rapprocher du redécollage des ventes du livre d’Eduardo Galeano, les Veines ouvertes de l’Amérique latine (Plon, 1981) après qu’Hugo Chavez l’eut offert à Barack Obama. Aujourd’hui, William Blum se réclame de la pensée socialiste. Son travail porte sur les agissements de la CIA.

Lisons ce qu’il ferait s’il était président des États-Unis : « Si j’étais le président, je pourrais arrêter le terrorisme contre les États-Unis en quelques jours. Définitivement. D’abord je demanderais pardon – très publiquement et très sincèrement – à tous les veuves et orphelins, les victimes de tortures et les pauvres, et les millions et millions d’autres victimes de l’impérialisme américain. Puis j’annoncerais la fin des interventions des États-Unis à travers le monde et j’informerais Israël qu’il n’est plus le 51e État de l’Union mais – bizarrement – un pays étranger. Je réduirais alors le budget militaire d’au moins 90 % et consacrerais les économies réalisées à indemniser nos victimes et à réparer les dégâts provoqués par nos bombardements. Il y aurait suffisamment d’argent. Savez-vous à combien s’élève le budget militaire pour une année ? Une seule année. À plus de 20 000 dollars par heure depuis la naissance de Jésus-Christ. Voilà ce que je ferais au cours de mes trois premiers jours à la Maison-Blanche. Le quatrième jour, je serais assassiné. »

Et voyons ce que je ferais pour arrêter en quelques jours (définitivement) l’enfumage débilitant du peuple souverain si, bien costumé, cravaté et bien peigné, je présentais le journal télévisé de 20 heures : « D’abord, je demanderais pardon – très sincèrement – à tous les téléspectateurs, surtout les pauvres, victimes du bourrage de crâne sur le trou de la Sécu, le Smic trop élevé, les retraités trop payés, les étrangers trop nombreux, les étudiants trop coûteux, le Code du travail trop épais, etc. Puis j’annoncerais la fin de l’hégémonie de la pensée unique dans les “grands” médias et j’informerais Pierre Gattaz qu’il n’est plus le patron des patrons de presse, mais – bizarrement – un citoyen lambda. Je réduirais le salaire des animateurs des émissions de variété et consacrerais les économies réalisées à réparer, par des formations gratuites, les dégâts provoqués dans les cerveaux par nos bombardements idéologiques. Il y aurait suffisamment d’argent. Savez-vous à combien s’élève le salaire mensuel d’un animateur-bonimenteur-décérébré, vedette et cumulard (télé + radio + journaux) ? Jusqu’à cent fois le Smic. Voilà ce que je ferais au cours de mes trois premiers jours au JT de 20 heures. Le quatrième jour, je serais viré comme un malpropre. »

La prudence de François Hollande et de David Pujadas prouve leur don de voyance : ils ont lu ce billet avant que je l’écrive.

  • Dernier ouvrage paru : Marine Le Pen amène le pire (Éditions Golias 2014).

© Journal L’Humanité
Publié le 20 octobre 2014 

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