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26 avril 2024

Tunisie : l’islam politico-religieux au bord de la remise en question ? tunisie


Boulevard Noltaire

Tunisie : l’islam politico-religieux au bord de la remise en question ?

tunisie
Le 24 octobre 2014

Élection présidentielle sous haute tension ce dimanche prochain en Tunisie ? Il est une évidence que l’affaire ne se présente pas sous les meilleurs augures.

Élection présidentielle sous haute tension ce dimanche prochain en Tunisie ? Il est une évidence que l’affaire ne se présente pas sous les meilleurs augures. Ce vendredi, une maison prise d’assaut par les forces de police, près de la capitale. Six « terroristes » tués, donc cinq femmes ; au moins ce peuple aura-t-il fait plus que son devoir en termes de parité. Pour le reste, qui sont ces « terroristes » ? Nul ne semble véritablement le savoir. Rescapés d’Al-Qaïda, de l’AQMI, candidats au Daech ? C’est la question à mille dinars…

Comme si tout cela était encore trop clair, seules 27 candidatures à la magistrature suprême ont été officialisées sur… 70 ! Ce, par l’ISIE, l’Instance supérieure indépendantes des élections. Certaines fantaisistes, d’autres peut-être moins, allez savoir…

Pour le reste, le résultat qu’il conviendra de surveiller de près demeure celui de Moncef Marzouki, président sortant, issu des Frères musulmans, mais ayant jugé plus prudent de rendre son tablier devant le chaos qui s’annonçait. Il est vrai que, là-bas, rien n’est vraiment simple. Déjà, la Tunisie n’a rien à voir avec ses deux autres voisins du Maghreb, Maroc et Algérie. Le premier est une monarchie relativement stable. Mais dont les frontières sont fermées avec la puissante Algérie participant, elle, d’une tout autre histoire. Laquelle Algérie, léchant les plaies d’une guerre civile de dix ans, n’a guère envie de remettre le couvert, surtout depuis que bénéficiant d’une Constitution ayant plus ou moins bien fait ses preuves depuis.

Ensuite, la Tunisie, peuple de marchands – les Carthaginois pouvaient obliger les Phéniciens du Liban à en rabattre en la matière –, sont traditionnellement rétifs à toute forme de guerre civile susceptible de venir troubler la bonne marche de leurs affaires. En revanche, depuis l’époque d’Habib Bourguiba et son laïcisme des villes, ayant de longue date heurté la sensibilité religieuse des campagnes, quelle alternative ? Son socialisme sera là-bas toujours perçu comme article idéologique d’importation issu d’un Occident pas toujours aimé. Tout comme le salafisme n’a guère meilleure presse, étant tenu pour autre idéologie de l’étranger – Arabie saoudite et Émirats, en la circonstance.

Dans ce billard à plusieurs bandes, les Frères musulmans sont finalement ceux qui s’en sortent le mieux, ou le moins mal : ils ont conquis démocratiquement le pouvoir avant de le rendre pacifiquement, histoire de ne pas devenir impopulaires. Lors d’un voyage en Orient, un de leurs frères, siégeant au Parlement algérien tout en ayant refusé un maroquin gouvernemental, confiait à l’auteur de ces lignes : « La Confrérie a passé trop de temps dans l’opposition ou en prison. Ses critiques étaient aisées, sachant qu’elle n’avait jamais eu à mettre les mains dans le cambouis gouvernemental. Et ce trop long exil lui a fait oublier qu’elle devait être avant tout porteuse d’un projet politique, même si ancré dans la religion. Aujourd’hui, nous n’avons plus guère que la religion, laquelle ne nous dit rien sur les fantastiques mutations de l’économie mondialisée, les nouvelles technologies et autres bouleversements planétaires. » D’où les évidentes limites de tout système à vocation politico-religieuse. Cet homme parlait d’or. Et possibles résultats lundi.

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