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Vers une troisième intifada en Palestine ?


Mercredi 29 octobre 2014

Le Point.fr

Publié le 27/10/2014

La décision d’Israël d’accélérer les plans pour la construction de

1 000 logements à Jérusalem-Est provoquera une « explosion »,

a prévenu Jibril Rajoub, leader du Fatah

 

Photo d'illustration.

Photo d’illustration. © Ahmad Gharabli / AFP

 

 

La décision d’Israël d’accélérer les plans pour la construction de 1 000 logements à Jérusalem-Est et la poursuite de la colonisation juive provoqueront une « explosion », a prévenu lundi un haut dirigeant du Fatah, le parti du président palestinien Mahmoud Abbas. « De telles mesures unilatérales mèneront à une explosion« , a dit à la presse Jibril Rajoub à Ramallah, en Cisjordanie occupée, alors que la partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée est en proie à de vives tensions.

 

Cette annonce intervient sur fond de tensions grandissantes dans la ville sainte secouée depuis cinq jours par des heurts d’une ampleur inédite, notamment dans le vieux Jérusalem où se trouve l’emblématique esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam où les visites de plus en plus nombreuses de juifs sont perçues comme des provocations. « L’escalade israélienne à Jérusalem occupée et dans les lieux saints, les dangereuses agressions quotidiennes et l’annonce d’un nouveau plan de colonisation à Jérusalem constituent un danger que nous condamnons et considérons comme inacceptable« , a pour sa part déclaré à la presse Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence palestinienne.

Le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat a, lui, affirmé que les Palestiniens envisageaient désormais d’accélérer leurs démarches « auprès du Conseil de sécurité de l’ONU », auquel ils veulent prochainement soumettre un projet de résolution fixant une date à la fin de l’occupation israélienne, ainsi que leur adhésion à la Cour pénale internationale, « car toutes les décisions du gouvernement de Benyamin Netanyahou sont des crimes de guerre« .

Il a en outre appelé l’administration américaine à « dire clairement son opposition aux actions israéliennes, à revoir sa position biaisée en faveur d’Israël et à ne plus s’opposer à notre adhésion à la CPI« . Nabil Abou Roudeina en a également appelé à Washington pour arrêter les Israéliens « afin d’empêcher une détérioration encore plus importante, du fait surtout que la situation régionale fait redouter une tempête historique susceptible de provoquer un séisme qui emporterait tout le monde sans distinction« .

Israël a décidé lundi d’accélérer la planification pour la construction de plus de 1 000 unités d’habitation dans deux colonies juives de Jérusalem-Est, dont l’annexion et la colonisation par Israël sont illégales aux yeux de la communauté internationale qui y voit l’un des principaux obstacles au processus de paix.

Israël :1 000 logements supplémentaires à Jérusalem-Est

La décision du gouvernement israélien intervient dans un climat de tensions dans la partie annexée et occupée de Jérusalem qui fait redouter un embrasement généralisé.

 

"Le gouvernement a décidé de faire avancer la planification pour la construction de plus de 1 000 unités d'habitation à Jérusalem, dont à peu près 400 dans le quartier de Har Homa (en photo)", a dit un responsable sous le couvert de l'anonymat.

« Le gouvernement a décidé de faire avancer la planification pour la construction de plus de 1 000 unités d’habitation à Jérusalem, dont à peu près 400 dans le quartier de Har Homa (en photo) », a dit un responsable sous le couvert de l’anonymat. © Ahmad Gharabli / AFP

Depuis que ce Palestinien de Jérusalem-Est a jeté sa voiture contre un arrêt de tramway, les heurts déjà permanents des derniers mois se sont intensifiés. Des milliers de policiers et de gardes-frontières ont été appelés en renforts pour quadriller les quartiers palestiniens. Le Croissant-Rouge palestinien a recensé plus d’une vingtaine de blessés dans la nuit. La police israélienne a fait état de huit arrestations.

 L’épicentre de ces heurts a été une fois de plus le quartier populaire de Silwan, au pied de la Vieille Ville et de l’esplanade des Mosquées. Cinq cents colons israéliens vivent au milieu de 45 000 Palestiniens dans ce quartier d’où était originaire Abdelrahmane Shalodi. Après les avoir longtemps refusées, la famille Shalodi a fini par accepter les strictes conditions imposées par les autorités israéliennes, inquiètes de débordements, pour qu’elle récupère le corps et l’enterre.

 Tensions

 La dépouille a été inhumée vers minuit en présence de cinquante personnes autorisées, tandis que des centaines de jeunes étaient cantonnés par la police aux abords du cimetière de la Porte des lions, sur le mont des Oliviers, a rapporté un militant associatif à Silwan.

Dans ce contexte de tensions exacerbées, l’organisation israélienne anti-colonisation La Paix maintenant a estimé que l’annonce gouvernementale de lundi était particulièrement malvenue. « Il n’y a jamais de bon moment pour faire des choses pareilles, mais celui-ci l’est encore moins que les autres, alors que Jérusalem est en train de brûler », a dit Lior Amihai, l’un de ses porte-parole.

Le gouvernement a décidé de faire avancer la planification pour la construction de plus de 1 000 unités d’habitation : environ 400 à Har Homa et 600 à Ramat Shlomo, deux colonies juives de Jérusalem-Est. Une telle annonce peut signifier soit que les autorités se disposent à lancer les appels d’offres pour la construction effective de projets existants, soit qu’elles font avancer la procédure, a expliqué Lior Amihai.

 Elle ne devait pas manquer de susciter la réprobation de la communauté internationale, encore exprimée ces dernières semaines par l’ONU, les États-Unis ou l’Union européenne devant de semblables décisions. Ces derniers considèrent la poursuite de la colonisation comme un obstacle majeur aux efforts pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l’État auquel ils aspirent. Et la communauté internationale juge illégales l’annexion et l’occupation de Jérusalem-Est.

 « Ségrégation raciale »

 La colonie ultra-orthodoxe de Ramat Shlomo avait déjà été à l’origine d’un tollé au sein de l’administration Obama quand Israël avait choisi une visite du vice-président Joe Biden dans la région pour donner son feu vert à la construction. De telles annonces assombrissent encore davantage les perspectives de reprise des efforts de paix. Le gouvernement israélien a pris dimanche une décision dénoncée par les défenseurs des droits de l’Homme comme encourageant la « ségrégation raciale ». Désormais, les travailleurs palestiniens en Israël ne pourront plus emprunter les mêmes bus que les colons pour rentrer en Cisjordanie, a décidé le ministère de la Défense. 

 Dans ce contexte, la presse israélienne faisait largement état lundi de l’accord que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou aurait donné à une série de chantiers en Cisjordanie et à la délivrance de 2 000 permis de construire. Le Premier ministre mettrait ainsi fin au « gel silencieux » de tels projets et donnerait des gages aux pro-colonisation au sein de sa coalition gouvernementale malmenée. L’information n’a été ni confirmée ni démentie. Si elle était corroborée, l’impact risquerait d’être considérable.

 

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