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26 décembre 2024

Crédit agricole : comment la « banque verte » soutient l’une des sources d’énergie les plus sales qui soient


OSERVATOIRE DES MULTINATIONALES

Charbon

Crédit agricole : comment la « banque verte » soutient l’une des sources d’énergie les plus sales qui soient

par Olivier Petitjean

Très loin de ses racines mutualistes et agricoles, le Crédit agricole figure, aux côtés de BNP Paribas et de la Société générale, parmi les plus importants financeurs mondiaux du secteur du charbon, une source d’énergie particulièrement polluante, et la principale responsable du changement climatique. La « banque verte » est particullièrement critiquée pour son soutien à l’une des formes les plus destructrices d’extraction de charbon, la pratique du « mountaintop removal » – suppression des montagnes – aux États-Unis. Un soutien qui lui vaut une nomination au prix Pinocchio cette année.

Parmi les diverses sources d’énergie existantes, les pires pour le climat et l’environnement sont les énergies fossiles. Parmi ces dernières, la pire est sans doute le charbon, dont on estime qu’il est responsable de près d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre, sans compter des milliers de décès prématurés du fait de la pollution de l’air. Et au sein du secteur charbonnier, la forme la plus destructive et polluante d’extraction de ce combustible est peut-être la pratique appelée mountaintop removal, ce qui pourrait se traduire littéralement par « suppression des cimes de montagne ».

Cette technique, utilisée dans les régions charbonnières de la chaîne des Appalaches dans l’Est des États-Unis (Virginie occidentale, Kentucky, Tennessee…) consiste à évider à coups d’explosifs des sommets montagneux pour mettre à nu les filons de charbon qu’ils recèlent. Ce qui permet ensuite d’exploiter les gisements de manière très économique, en réduisant drastiquement la main d’œuvre nécessaire. Mais les éclats de roche et les déchets toxiques issus du traitement du charbon sont ensuite déversés dans les vallées environnantes. Il en résulte une grave pollution de l’air et de l’eau qui n’est pas sans entraîner des conséquences sanitaires dramatiques. Selon plusieurs études, le taux d’incidence des cancers dans la région sont supérieurs de 50% à la normale, et les malformations prénatales de 42% [1]. L’espérance de vie y serait inférieure de près de vingt ans à la moyenne états-unienne !

Le mountaintop removal est donc une pratique extrêmement problématique et controversée, qui n’a survécu à ce jour que grâce à la puissance du lobby du charbon, à l’absence plus ou moins délibérée de régulation environnementale… ainsi qu’au soutien financier d’innombrables entreprises et banques, qui achètent le charbon ainsi produit ou financent directement ou indirectement ces activités. Parmi ces soutiens figurent plusieurs banques et entreprises françaises, au premier rang desquelles le Crédit agricole. Ce qui lui vaut cette année une nomination aux Prix Pinocchio, organisés par les Amis de la terre pour dénoncer l’irresponsabilité environnementale des multinationales et leurs discours trompeurs. Que vient donc faire la « banque verte » (si elle mérite bien ce surnom) dans cette affaire ?

Un « vert » qui tire sur le noir charbon

Le Crédit agricole, on le sait, est régulièrement accusé de s’être peu à peu éloigné de ses racines coopératives et mutualistes pour devenir une banque « comme les autres », brassant des milliards d’euros en bourse selon une logique purement financière. Il est patent, en outre, que ses attaches historiques au monde rural français se sont quelque peu distendues [2], au point qu’elle paraît aujourd’hui moins préoccupée de répondre aux besoins des petits paysans qu’à ceux de l’agribusiness, y compris dans ses activités les plus controversées. Le nom de la « banque verte » a ainsi été cité par les ONG parmi les principaux acteurs de la spéculation sur les matières premières agricoles, du développement des agrocarburants au détriment de l’environnement et de la souveraineté alimentaire, ou encore de l’accaparement des terres.

Ces diverses activités présentaient encore un lien ténu avec la vocation originelle du Crédit agricole. Ce n’est plus le cas en ce qui concerne les investissements du Crédit agricole dans le charbon, qu’il s’agisse de mines ou de centrales électriques utilisant ce combustible. Pourtant, la banque apparaît bien comme l’un des principaux financeurs mondiaux de ce secteur. Un ensemble de rapports publiés ce 29 octobre par les Amis de la terre et le réseau mondial Banktrack [3] confirme l’ampleur des investissements du Crédit agricole dans le charbon. La banque y aurait injecté plus de 7 milliards d’euros, sous forme de prêts ou d’émissions obligataires, entre 2005 – date de l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto – et avril 2014. Ce qui la place derrière BNP Paribas, championne française avec 15,6 milliards d’euros, mais devant la Société générale [4]. Et encore, précisent les deux associations, ces chiffres sont-ils calculés à partir de données ne couvrant que 52 % de l’industrie minière du charbon et 53 % de celle de la production d’électricité à partir de charbon, en omettant totalement « les soutiens financiers également très importants des banques aux infrastructures de transport qui accompagnent le développement de projets charbon au niveau mondial ».

Globalement, les investissements des banques françaises dans le charbon [5] ont augmenté de 218% en huit ans – en pleine crise économique globale et alors même qu’elles multipliaient les déclarations de bonnes intentions au sujet de la lutte contre le changement climatique ! Certes, le secteur charbonnier a connu une croissance soutenue depuis 2005, mais sans commune mesure avec ce chiffre [6]. Il y a bien là un pari délibéré des banques françaises sur le charbon – à l’image de leurs consœurs d’autres pays, puisque 2013 aura été l’année record pour le financement des mines et centrales au charbon par des banques commerciales : 66 milliards d’euros en tout, quatre fois plus qu’en 2005. C’est pourquoi les Amis de la terre ont classé le Crédit agricole, la Société générale et BNP Paribas, dans leur guide « Comment choisir ma banque ? » comme les trois banques françaises impliquant un « risque maximal » pour le climat. Le Crédit agricole figure en vingtième position du classement mondial 2014 des banques les plus impliquées dans le charbon établi par Banktrack, tandis que BNP Paribas émarge à la neuvième place [7].

Une pratique très controversée

Le soutien au mountaintop removal représente une proportion non négligeable des investissements du Crédit agricole dans le charbon au niveau mondial. Selon les chiffres collectés par Banktrack, la banque a soutenu financièrement le secteur – et notamment deux des principales entreprises concernées, Arch Coal et Alpha Natural Resources – à hauteur de 519 millions d’euros, sous diverses formes, entre 2005 et 2014. Ce qui la placerait à la 10e place des banques américaines ou étrangères les plus impliquées, et la première parmi les françaises, juste devant Natixis [8].

La banque coopérative s’est logiquement retrouvée sous le feu des critiques pour ces relations privilégiées avec une industrie extractive pour le moins problématique. « En soutenant notamment Arch Coal et Alpha Natural Ressources, qui comptent dans le top trois des entreprises minières actives dans le “mountaintop removal”, le Crédit Agricole participe à la destruction de l’une des plus belles chaînes de montagnes au monde. [Cette] industrie utilise quotidiennement plus de 3 000 tonnes d’explosifs pour faire sauter nos montagnes, ensevelissant ainsi des milliers de kilomètres de cours d’eau et répandant des pluies de poison sur nos communautés », dénonçait ainsi Paul Corbit Brown, de l’ONG locale Keepers of the mountains, lors de l’Assemblée générale du Crédit agricole en mai 2014.

Quelques chiffres suffisent à donner une idée de l’ampleur de la dévastation environnementale entraînée par le mountaintop removal. On estime qu’au moins 500 montagnes et plusieurs milliers de kilomètres carrés de forêt ont déjà disparu à cause de l’expansion de cette pratique depuis les années 1970. Forêt qui abritait souvent une importante biodiversité endémique, et plusieurs espèces menacées. En 2005, une étude environnementale estimait que plus de 3000 kilomètres de cours d’eau avaient déjà disparu, enfouis sous les débris de roche ou tellement pollués que toute vie y était devenue impossible. En l’absence d’une véritable régulation du secteur, il reste difficile d’évaluer le niveau de production de charbon par mountaintop removal aux États-Unis. En 2006, il était estimé que 30% du charbon produit en Virginie occidentale l’était au moyen de cette technique. Les chiffres collectés par le Rainforest Action Network donnent, pour les 11 principaux acteurs du secteur, un total de 25 millions de tonnes produites en 2013 [9]. Principaux producteurs parmi lesquels on retrouve d’ailleurs une entreprise bien connue en France : ArcelorMittal, avec près d’un million de tonnes… Ce charbon est ensuite vendu à des producteurs d’électricité, principalement aux États-Unis, mais parfois aussi en Europe [10]

L’eau non polluée, une ressource de plus en plus rare en Virginie occidentale

Les eaux usées et autres déchets issus du traitement du charbon entraînent, de fait d’une absence quasi totale de régulation, une importante pollution des eaux et de l’air qui se répercute sur les indicateurs sanitaires dans la région. Les impacts sont tels qu’un groupe de travail des Nations Unies s’est déplacé dans la zone en 2013 pour constater les dégâts… En plus des violations des droits des communautés locales et d’un non-respect quasi systématique des réglementations environnementales en vigueur, les enquêteurs ont aussi dénoncé un climat de pressions et d’intimidation contre les voix critiques. C’est que, malgré des impacts environnementaux et sanitaires bien documentés, et malgré la lutte menée par des dizaines de villages pour leur survie face à l’expansion des mines, le charbon en général et le mountaintop removal en particulier continuent à régner en maître sur la vie politique de la région [11]. Un projet de loi a été déposé pour mettre en place un moratoire sur le mountaintop removal, mais il est resté bloqué dans les limbes législatives. Démocrates ou républicains, rares sont les hommes politiques de Virginie occidentale qui osent s’opposer au puissant lobby du charbon et qui ne s’affirment pas prêts à défendre corps et âme le secteur contre les velléités régulatrices de Washington [12]. Dans le même temps, l’agence de protection environnementale de l’État a vu son budget radicalement diminuer d’année en année.

L’impact environnemental dévastateur du mountaintop removal commence néanmoins à revenir hanter les entreprises du secteur, grâce à la mobilisation des citoyens des Appalaches et des écologistes, qui ont multiplié les procès, principalement en lien avec la pollution de l’eau. Les eaux usées issues du traitement des mines contiennent en effet un grand nombre de substances toxiques comme le sélénium, le chromium, l’arsenic ou le mercure. Alpha Natural Resources, numéro un du secteur et l’un des partenaires du Crédit agricole, a écopé cette année d’une amende record de 227,5 millions de dollars, la plus importante jamais infligée dans le secteur du charbon par l’Agence fédérale de protection de l’environnement (EPA). En cause, le déversement illégal de millions de litres de déchets toxiques dans les cours d’eau de Virginie occidentale.

L’année 2014 aura vu se multiplier les incidents de pollution de l’eau liés aux activités charbonnières dans la région. En janvier, le déversement d’un produit chimique utilisé pour traiter le charbon dans les eaux de la rivière Elk, en amont de la capitale de la Virginie occidentale Charleston et de l’usine de potabilisation approvisionnant ses habitants, a entraîné une interdiction de consommation de l’eau potable pour 300 000 résidents. La catastrophe est intervenus alors qu’un nombre croissant d’habitants de la région avaient dû se raccorder au réseau public d’approvisionnement en eau, ayant été contraints de combler leurs puits individuels, devenus trop pollués… Ses effets sanitaires à long terme sont difficiles à évaluer, étant donné que la substance incriminée, le MCHM, n’avait jamais été étudié pour ses effets sur la santé humaine. En février et mars, ce fut au tour de l’entreprise Duke Energy de se trouver incriminée pour des déversements de déchets de charbon issus de ses centrales thermiques dans les rivières de Caroline du Nord.

Un pari financier de plus en plus douteux

Au regard de tous ces problèmes, le charbon apparaît de plus en plus comme un pari économique extrêmement douteux. S’il a atteint des sommets vers 2011 (ce qui explique peut-être que le secteur ait attiré l’intérêt des banques), le cours du combustible a chuté de près de 50% depuis lors, et la plupart des experts s’accordent à penser qu’il ne s’agit pas d’une baisse cyclique, mais d’un phénomène durable. La stabilisation de la demande chinoise et la multiplication des régulations environnementales un peu partout pèsent sur la rentabilité du secteur. Une situation qui a déjà mené, par exemple, à l’abandon de plusieurs projets miniers d’envergure en Australie.

Aux États-Unis, ces difficultés sont encore aggravées par l’effondrement du prix du gaz provoqué par la ruée vers le schiste – qui a rendu le charbon, traditionnellement la solution énergétique la plus économique, moins compétitif – ainsi que par les nouvelles régulations environnementales annoncées ces derniers mois par l’administration Obama, avec pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution de l’air issues des centrales au charbon. Et en ce qui concerne le mountaintop removal, les campagnes citoyennes, la multiplication des procès, ainsi que les (timides) efforts récents de l’administration fédérale pour réguler davantage la pratique ont contribué à rendre les investissements de banques comme le Crédit agricole encore plus risqués qu’ailleurs.

La « banque verte », tout comme Natixis, a déjà perdu de l’argent suite à la mise en redressement de Trinity Coal, une autre entreprise impliquée dans le mountaintop removal, en 2013. Et le numéro 2 du secteur, Patriot Coal, a annoncé l’abandon progressif du mountaintop removal, suite à une procédure de banqueroute en 2012. Le patron de l’entreprise a explicitement cité les risques liés à l’environnement et à la régulation comme les facteurs principaux expliquant cette décision. Il faut dire que l’entreprise s’était elle aussi trouvée confrontée, avant sa banqueroute, à une vague de procès intentés par des citoyens pour pollution de l’eau.

Les deux partenaires historiques du Crédit agricole, Arch Coal et Alpha Natural Resources, respectivement numéro 3 et numéro 1 en 2013, n’ont en revanche fait aucune annonce de cet ordre. Bien au contraire, les deux entreprises sont assises sur une série de permis miniers en attente, qu’elles espèrent probablement relancer à la faveur d’une hausse future du prix du charbon.

Double langage ou dialogue de sourds ?

Dans un tel contexte, de nombreuses banques américaines et étrangères – parmi lesquelles BNP Paribas, RBS, UBS, JPMorgan Chase, Wells Fargo et UniCredit – ont officiellement annoncé qu’elles cesseraient de financer le mountaintop removal [13]. C’est d’ailleurs aussi théoriquement le cas du Crédit agricole, suite à l’entrée en vigueur de sa nouvelle politique sectorielle mines et métaux. Sauf que, selon les Amis de la terre, cette politique est formulée de manière tellement vague qu’elle a permis à la banque de continuer à financer Arch Coal et Alpha Natural Resources comme si de rien n’était. « La politique sectorielle mines et métaux du Crédit Agricole ne fait pas exception parmi les politiques sectorielles des banques : le vocabulaire et les formulations adoptés manquent presque toujours de précision et laisse une marge d’interprétation énorme aux banques qui les ont formulées. Il n’est donc pas étonnant qu’avec l’adoption de politiques apparemment similaires, le Crédit Agricole et la BNP Paribas arrivent à des conclusions totalement opposées », explique Lucie Pinson, des Amis de la terre. Les règles mises en place par le Crédit agricole stipulent notamment qu’aucun financement ne sera accordé à une entreprise dont plus de 20% du charbon serait issu du mountaintop removal, ce qui ne signifie absolument rien en pratique puisqu’aucune entreprise n’est dans ce cas, pas même le leader du secteur Alpha Natural Resources.

Suite à sa nomination au prix Pinocchio, le Crédit agricole a réagi en déclarant que qu’elle ne « participe à aucun projet de financement de MTR » [14]. Et de préciser qu’elle n’a que deux lignes de crédit en cours pour Alpha Natural Resources et Arch Coal, et qu’en plus ces lignes de crédit sont pas même utilisées, et qu’en outre ces entreprises ne sont plus ou quasiment plus engagées dans le mountaintop removal… tout en précisant, pour enfoncer encore le clou, que s’il s’avérait qu’elles l’étaient encore, le Crédit agricole mettrait immédiatement fin à ses financements.

Autant d’affirmations plutôt suprenantes… Aucune autre source ne fait état d’un abandon du mountaintop removal par les deux entreprises concernées. Et les informations rassemblées par les écologistes indiquent que la banque a bel et bien continué à intervenir financièrement auprès d’Arch Coal et Alpha Natural Resources au cours des derniers mois [15]. Il est vrai qu’il ne s’agissait pas de « projets de financement » au sens strict du terme… Pour Lucie Pinson, c’est signe que le Crédit agricole « continue à jouer avec les mots ». « La réponse du Crédit agricole est pleine d’affirmations très vagues ou incomplètes, or le diable se niche dans les détails : s’agit-il de financements directs ou indirects ? Et comment est définie l’exposition au secteur du charbon : en nombre de prêts, en termes d’actifs engagés ? »

Quand les banques françaises s’accrochent à leurs grands projets charbonniers

Les banques françaises, avec un peu plus de 30 milliards d’euros de financements au secteur du charbon entre 2005 et avril 2014, représentent environ 8% des financements accordés par les grandes banques mondiales sur la même période. Ce qui place notre pays en 5e position au niveau global, derrière la Chine, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Japon. Mais la France a ceci de spécifique qu’elle consomme très peu de charbon pour ses propres besoins, en raison de la prééminence du nucléaire. Contrairement à d’autres banques, il s’agit donc surtout de financer le secteur du charbon… à l’étranger.

Surtout, on constate chez les banques françaises une tendance pour le moins troublante à s’obstiner à soutenir des projets charbonniers dont presque toutes leurs consœurs ont choisi, volontairement ou sous pression extérieure, de se tenir à l’écart. À l’engouement du Crédit agricole pour le mountaintop removal, un secteur abandonné par un nombre croissant de banques, fait pendant l’implication de BNP Paribas dans le projet de mégacentrale au charbon de Tata Mundra en Inde – elle est la seule banque occidentale encore dans le tour de table – et celle de la Société générale dans le projet australien Alpha Coal, qui menace directement la Grande barrière de corail, et dont Citigroup, Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Deutsche Bank, Royal Bank of Scotland, HSBC, Barclays, et… le Crédit agricole ont déjà déclaré qu’elles refuseraient de le financer. Les banques françaises, dernier recours des mégaprojets charbonniers douteux ?

Raison de plus pour renforcer la pression citoyenne sur ces banques dans leur pays d’origine. La nomination du Crédit agricole au prix Pinocchio est une bonne occasion de pousser la banque, cette fois, à traduire ses engagements en actes clairs. Les votes sont ouverts à tous les internautes jusqu’au 17 novembre.

Olivier Petitjean

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Photos : © Paul Corbit Brown (une) ; Rainforest Action Network CC ; © Paul Corbit Brown ; © Paul Corbit Brown ; iLovemountains.org CC.

[2Au Conseil d’administration de Crédit agricole S.A. siège un seul représentant des organisations professionnelles agricoles, désigné par arrêté ministériel, qui n’est autre que Xavier Beulin, président de la FNSEA et de Sofiprotéol (lire l’enquête de Basta !).

[3Il s’agit du guide actualisé « Climat : comment choisir ma banque ? » et du rapport Charbon : l’argent sale des banques françaises. Voir aussi (en anglais) le rapport Banking on Coal 2014 du réseau Banktrack et son nouveau site coalbanks.org, qui fournissent des données globales.

[4Dans un précédent classement établi par les Amis de la terre en 2010, le Crédit agricole était également second derrière BNP Paribas en termes d’émissions cumulées de CO2, mais se classait premier en « intensité carbone » de ses investissements financiers, c’est-à-dire en quantité de CO2 émise par euro investi.

[5Qui sont pour 93% le fait des trois plus importantes d’entre elles.

[6La capacité installée de production électrique au charbon a augmenté de 35% depuis 2005. La production de charbon, elle, a augmenté de 69% depuis 2000.

[7Certes, les banques françaises ont perdu des places par rapport aux classements précédents, mais ce n’est pas lié à un quelconque désengagement du secteur : leurs investissements dans le charbon ont continué à croître au même rythme que ceux de leurs homologues occidentales ; ce sont ceux des banques chinoises qui ont littéralement explosé dans le même temps.

[8Selon ces chiffres, Natixis a consacré 474 millions d’euros au secteur entre 2004 et avril 2014, BNP Paribas 265, la Société générale 218, le Crédit mutuel 14. Les banques les plus impliquées dans le mountaintop removal incluent Citi, UBS, Morgan Stanley, Bank of America et RBS. Natixis semble même avoir dépassé le Crédit agricole en 2013 selon les données du Rainforest Action Network

[9Ces chiffres sont issus de la base de données spécialisées SNL Energy.

[10L’ONG allemande Urgewald a ainsi retrouvé la trace de charbon issu du mountaintop removal en Allemagne, chez E.ON et RWE. Voir ici le résumé de leur rapport en anglais.

[11À lire à ce sujet, l’article édifiant du New Yorker paru en début d’année suite à la pollution des eaux à Charleston.

[12Velléités qui ont d’ailleurs mis très longtemps à se faire sentir. Sous l’administration Bush, sous la pression du lobby du charbon, le secteur s’est vu accorder plusieurs exemptions vis-à-vis des dispositions du Clean Water Act, la législation gouvernant la pollution de l’eau et sa pollution aux États-Unis. Ce n’est que sous l’influence du pouvoir judiciaire, saisi par les écologistes et les citoyens, que certaines agences fédérales ont commencé à s’emparer du sujet. L’Agence de protection de l’environnement a ainsi mis son veto en 2010 à un permis de mountaintop removal accordé par une autre agence fédérale, l’US Corps of Engineers… Démarche qui reste très rare à ce jour.

[13La Société générale vient de réviser sa politique sectorielle dans ce domaine, de sorte qu’il est encore trop tôt, selon les Amis de la terre, pour juger de son application.

[14Voir la réponse du Crédit agricole et la « réponse à la réponse » des Amis de la terre sur cette page. La lettre, signée par le directeur général du Crédit agricole Jean-Paul Chifflet, affirme au passage, sans plus de précisions, « Crédit agricole a considérablement réduit son exposition au secteur du charbon : -30% en un an », chiffre qui paraît contradictoire avec les données publiées par Banktrack et les Amis de la terre.

[15La réponse des Amis de la terre signale ainsi : « D’après nos données, le Crédit Agricole a octroyé une partie d’un prêt de 625 millions de dollars en mai 2013 à Alpha Natural Resources et participé à deux émissions d’obligations, de 300 millions et 500 millions de dollars en 2013 et 2014 ; il a également participé à deux émissions d’obligations pour Arch Coal en août et décembre 2013, d’un montant de 375 millions et de 350 millions de dollars. »

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