Plusieurs personnes ont été arrêtées à New York, où des centaines de manifestants s’étaient à nouveau rassemblés à Union Square et Times Square, scandant « pas de justice, pas de paix », après la décision lundi soir d’un jury populaire de Ferguson (Missouri, centre) de ne pas poursuivre le policier ayant tué Michael Brown, 18 ans, en août dernier.
Une minute de silence a été observée en sa mémoire par certains manifestants. Plusieurs groupes de protestataires se sont éparpillés en différents points de New York, à Manhattan, mais aussi Brooklyn, et deux des responsables de ces rassemblements ont été arrêtés pour avoir bloqué la circulation dans le quartier de Times Square et du Lincoln Tunnel, qui joint Manhattan au New Jersey, selon la police. Parmi les manifestants, se trouvaient des étudiants de la City University of New York (CUNY), des membres du Parti vert de Brooklyn ou encore des associations de gauche et des anarchistes.
« Si nous laissons cela impuni, un jour cela risque de nous toucher aussi. Il est temps que quelqu’un fasse quelque chose », a expliqué Jorge Fuentes, 28 ans, d’origine mexicaine.
Des centaines de manifestants sont aussi descendus dans les rues de Boston et Philadelphie, ainsi qu’à Los Angeles, Washington, Newark, Seattle, Nashville, Providence, Atlanta, où au moins cinq personnes ont été arrêtées, Pittsburg, Durham, etc., sans qu’aucun incident grave ne soit rapporté en soirée.
Ferguson en état de siège
A Ferguson, petite banlieue de St Louis qui compte 21.000 habitants, quelque 2.200 militaires de la Garde nationale ont été déployés mardi soir par le gouverneur du Missouri (centre des États-Unis), Jay Nixon, pour éviter une nouvelle nuit de violences et d’émeutes comme la veille.
« Les vies et les biens doivent être protégés. Cette communauté mérite la paix », a déclaré le gouverneur lors d’une conférence de presse. « La présence de la Garde nationale sera significativement renforcée à Ferguson, en s’assurant qu’ils sont prêts à agir rapidement pour empêcher la violence », a ajouté le gouverneur du Missouri.
Les militaires sont notamment déployés à des endroits clés comme le commissariat de police.
La veille et pendant la nuit de lundi à mardi, 700 militaires de la Garde nationale avaient été déployés dans Ferguson, où des commerces ont été incendiés et des bâtiments pillés après l’annonce de la décision du grand jury de ne pas poursuivre le policier Darren Wilson.
Le maire de Ferguson, James Knowles, avait auparavant critiqué le déploiement tardif de la Garde nationale. « La décision de retarder le déploiement de la Garde nationale est très inquiétante », avait estimé James Knowles quelques minutes avant la conférence de presse du gouverneur.
Obama: « Aucune excuse » pour les violences
Le président américain Barack Obama a pour sa part fermement condamné mardi les violences qui ont eu lieu à Ferguson après la décision de justice. « Brûler des bâtiments, mettre le feu à des voitures, détruire des biens, mettre des gens en danger: il n’y a aucune excuse à cela, ce sont des actes criminels », a-t-il déclaré lors d’un discours à Chicago. « Je n’ai aucune sympathie pour ceux qui détruisent leurs propres communautés », a-t-il ajouté.
« Il existe des moyens constructifs d’exprimer ses frustrations », a poursuivi le président américain, reconnaissant qu’il régnait, au sein de nombreuses communautés, le sentiment tenace que « les lois ne sont pas toujours appliquées de la même manière et de façon équitable ».
« Je n’ai jamais vu une loi sur les droits civiques, sur la santé ou sur l’immigration devenir réalité parce qu’une voiture avait été brûlée », a-t-il souligné. « Cela est arrivé parce que les gens ont voté, se sont mobilisés, se sont organisés, ont cherché les meilleures réponses politiques pour résoudre les problèmes ».