Il existe de nombreux conflits dans le monde où le mercenariat est présent, car on ne souhaite pas y envoyer une armée régulière. Ce fait a ouvert la voie à un véritable business de la formation pour milice privée. Un domaine en pleine expansion puisque, selon un rapport de l’Assemblée Nationale française cité par Slate.fr, le marché mondial pour les sociétés militaires privées, toutes activités confondues, s’élèverait à plusieurs centaines de milliards de dollars par an. De nombreux anciens militaires souhaitent d’ailleurs passer dans le privé, attiré par des salaires autrement plus attractifs. A titre d’exemple, les entreprises de sécurité privée demandent près de 1000 dollars par jour et par milicien, ce dernier recevant entre 400 et 500 dollars par jour. Un salaire qui attire de plus en plus malgré les risques.
Les Polonais ont senti le filon et ont ouvert un centre d’entraînement dans l’ouest de la Pologne qui autorise les tirs à balles réelles selon France 24. Cette académie europénne de sécurité est la plus grande école pour milice militaire privée d’Europe. L’école polonaise accueille 800 élèves chaque année et demande 1500 euros la semaine. On y forme au combat dans des décors digne de Mogadiscio. Le but est de former des « contractors », soit des mercenaires qui remplacent de plus en plus les militaires dans les régions chaudes du globe comme le Soudan ou l’Irak. Beaucoup de ces apprentis ne sont pas des débutants et ont travaillé dans des armées régulières avant de se lancer dans le privé.
Plus simple et moins cher
Si l’OTAN ou des États envoient des troupes, cela crée souvent des problèmes politiques. Du coup, la tendance ces dernières années est d’envoyer une entreprise de sécurité privée. Et ce autant pour éviter de perdre du temps dans les méandres des conciliabules que dans le but de faire des économies. En effet, les mesures d’économies au sein des armées se faisant de plus en plus drastiques, les armées n’ont parfois d’autre choix que de faire appel à des entreprises privées pour mener à bien certaines missions. En utilisant, par exemple, des avions de transports ou de reconnaissance en externe. Cette externalisation de la guerre doit beaucoup au fait que les mentalités ont évolué et qu’on ne voit plus la guerre comme un devoir national, mais bien comme un service. Un service que l’état peut acheter ou déléguer. Une idée qui n’est néanmoins pas neuve puisque les grands empires d’antan sous-traitaient certaines campagnes militaires à des compagnies privées. Seule l’émergence du concept d’un état nation et l’idéologie d’un peuple en arme changera la donne.
Les sociétés militaires privées comme on les connait aujourd’hui sont apparues dans les années soixante lors de la guerre du Vietnam. En 1975, la compagnie américaine Vinnel remporte un contrat de 77 millions de dollars pour former la garde nationale saoudienne. C’est la première fois que des personnes privées ont pu former une armée étrangère et cela ouvre du même coup la voie à d’autres entreprises précise Stéphanie Jung dans son mémoire consacré au sujet. La fin de la guerre froide -qui entraine dans son sillage l’écroulement de certains états et la démobilisation de nombreux militaires (entre 1987 et 1997, les forces armées anglaises, américaines, russes et françaises passe de 5.23 à 1.4 million de personnes)- offrira à ces entreprises d’un genre nouveau de nombreux endroits où exercer leurs talents et un large vivier de candidats disponible qui boostera le secteur.
Loin de l’image d’Epinal, qui les cantonne à des guerriers sanguinaires avec le couteau entre les dents, les actuelles entreprises de service de sécurité privée peuvent avoir plusieurs fonctions comme le précise le spécialiste Philippe Chapleau sur France 24. Nombreuses sont de véritables entreprises qui travaillent en proche collaboration avec les États qui les emploient. Ils peuvent former des armées, comme en Afrique, par exemple. Ils servent aussi comme renfort ou escorte pour assurer la logistique ou la maintenance. Ou encore la sécurité à travers le déminage. Mais aussi le renseignement et la collecte d’information. Cependant, comme le précise Philippe Chapleau dans son ouvrage paru en 2011, il ne s’agit là que de sous-traitance « les États restant les seuls détenteurs légitimes de l’usage de la violence. ».