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27 avril 2024

« On a sorti Laurent Gbagbo, on a installé Alassane Ouattara, sans aucune polémique » / Nicolas Sarkozy


canempechepasnicolas

Vendredi 19 décembre 2014

« On a sorti Laurent Gbagbo, on a installé Alassane Ouattara, sans aucune polémique » / Nicolas Sarkozy

Le international

 

Gri-Gri

 

 (#PremierGaou)

La phrase, cinglante, simple et explicite, circule ces dernières heures sur les réseaux sociaux. C’est même sur le mur du camarade Olivier Mukuna que nous l’avons trouvée. On en doit la révélation au livre Ça reste entre nous, hein ?, paru en novembre dernier et lui même dû aux journalistes Schuck et Gerschel, coupables de nombreux rendez-vous secrets avec l’ancien président français depuis qu’il a perdu le pouvoir, durant lesquels ils ont pu recueillir la parole
« d’un Sarkozy brut de décoffrage, sans le filtre de la communication que les Français détectent et abhorrent », selon l’éditeur.

La cinglante, simple et explicite phrase est extraite d’une plus longue et touffue saillie, tout à fait dans l’absence de style du plus vulgaire des présidents de la cinquième république française, page 39 du recueil de vrais-faux « offs » – comment imaginer que chaque phrase n’en a pas été pesée, soumise à approbation avant publication.

S’ouvre sur une analyse géostratégique et géopolitique d’une pertinence et d’une intelligence sans équivalents elle ne manquera pas de faire taire les jaloux saboteurs qui lourdement ironisent sur les conférences confortablement rémunérées que « donne » Nicolas Sarkozy, autorité intellectuelle bien connue :

« Il y a eu une improvisation sur le Mali et la Centrafrique. Je ne dis pas qu’il ne fallait pas intervenir, mais je n’ai toujours pas compris ce qu’on allait y faire. Le Mali, c’est du désert, des montagnes et des grottes. »

On aurait pu, avec Cyrano, dire pourtant bien des choses en somme. Qu’on fut ou non d’accord avec l’intervention militaire française au Mali. Au pire, qu’il s’agissait de stopper l’avancée de « barbus », que par ailleurs l’occident instrumentalisait en Libye… Au mieux, que des considérations humanitaires avaient gouverné l’action française. Ce n’eût pas été beaucoup plus vrai, mais tellement moins méprisant, idiot, inculte. Si le Mali n’était que ça, on se demande bien pourquoi la Gaule tient tant à le conserver parmi son armée d’États de réserve.

Mais c’est juste après que le Manuel Valls à la hongroise touche au sublime. Avec l’innocence zélée du barbare néo-conservateur et la cruauté débile de l’enfant qui enlève les ailes des mouches avant de les jeter dans une toile d’araignée. Comparant les interventions militaires comme des matches de foot, il admet, et c’est assez rare pour être relevé, avoir fait intervenir militairement la France en Côte d’Ivoire. Fait attesté par de nombreuses images, de multiples témoignages et aveux, jusques et y compris par le ministre de la Défense français d’alors, Gérard Longuet…et pourtant systématiquement, mystérieusement et étrangement omis dans le discours moyen des élites françaises.

Cherchez chez les politicards, les journaleux, les consultants, spécialistes et demies barbouzes qui envahissent les plateaux télé l’énoncé, le rappel d’un fait pourtant difficile à démentir : la France est intervenue militairement, illégitimement et meurtrièrement en Côte d’Ivoire. Elle a saboté un processus électoral qu’elle prétendait indispensable pour parvenir à la paix (alors que c’est le contraire : la paix rend possible l’élection).

En amont pendant près de dix ans en soutenant militairement, financièrement les rebelles liés à Ouattara via le petit gros PAN Guillaume Soro. Et durant les élections elles-mêmes, en imposant, via France 24, RFI et TV5 Monde l’impossible victoire électorale d’un Ouattara convaincu de tricheries et de violences pendant le scrutin.

Aucune belle âme française ne s’en émut à l’époque.

Aucune d’entre elle ne s’en souvient jamais de nos jours au moment de lister les méfaits français.

Le discours moyen de ces élites condamne, finalement, peu ou prou, l’intervention militaire française « catastrophique » en Libye – pour mieux justifier l’entrée au Mali et en Centrafrique, réalisées elle par le successeur de Sarkozy.

Qui devient, comme naturellement, la première des grandes manoeuvres françaises. Alors qu’elle succède chronologiquement, politiquement, économiquement et très logiquement, à la prise du palais présidentiel ivoirien et à l’installation au pouvoir par des chars français et des blindés onusiens du sanguinolent garçon de course du FMI Ouattara.

Sarkozy dit, au mépris des morts ivoiriens et des militants pacifiques qui, en Côte d’Ivoire comme dans les diasporas, n’ont jamais cessé de combattre la dictature ouattariste et la marionnettiste communauté internationale qui a les mains dedans, dans un silence médiatique entretenu :

« Quand je vois le soin que j’ai mis à intervenir en Côte d’Ivoire… On a sorti Laurent Gbagbo, on a installé Alassane Ouattara, sans aucune polémique, sans rien ».

Et l’on en vient à se dire qu’au final, en tout cynisme, Sarkozy dit la vérité.

Texte / G.P.

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