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25 avril 2024

Bébé Rom : vivant sans domicile fixe, mort sans permis d’inhumer


Bébé Rom : vivant sans domicile fixe, mort sans permis d’inhumer

par Saltz mardi 6 janvier 2015

Un bébé Rom décède dans la nuit qui suit Noël. La famille habite un taudis. Le maire refuse l’autorisation d’inhumation. La presse prend ce drame sous l’angle affectif. Les politiques sont interpellés. Le maire se rétracte. La mairie est taguée. Le défenseur des droits de l’homme va lancer des investigations. Des chrétiens se rendent à l’enterrement dans une autre commune. Le PCF appelle à un rassemblement devant la mairie. Un autre bébé Rom meurt dans les bras de sa mère qui mendie. Personne n’en parle.

Reprenons.

Pour ceux qui l’ont oublié, ou ne l’ont jamais su, Noël est l’anniversaire d’un enfant né dans une étable parce que ses parents qui devaient voyager pour des impératifs administratifs n’avaient pas trouvé de place dans les hôtels. Bref, c’est une histoire d’itinérants qui logent dans un taudis. Cela remonte à plus de 2.000 ans quelque part en Palestine. En Occident, c’est l’occasion de faire la fête en famille en gâtant les enfants.

Les médias ont tout de suite flairé le faits-divers qui était le négatif de la fête de Noël et qui allait tirer la larme à l’oeil de Margot tout en alimentant les conversations à la machine à café. Une telle aubaine est bonne à prendre au vu de la baisse des ventes et de l’augmentation des prix au numéro.

D’abord, le décor.

Champlan est un village de plus de 2.000 habitants, situé à moins de 20 km de Paris, proche de Massy, de Palaiseau et des autoroutes régulièrement saturées de bouchons. Il est traversé par des lignes à hautes tensions et, comme ces facteurs de pollution ne suffisent pas, la D69 qui mène au très fréquenté centre commercial Villebon 2 est réduite à deux fois une voie, histoire de créer des embouteillages et de gaspiller son temps et son essence.

Depuis environ un an et demi, une famille Rom vit dans un bidonville qu’aurait su nous décrire Emile Zola ou Eugène Sue, et c’est dans la nuit du 25 au 26 décembre qu’une fillette de deux mois et demi aurait été victime de la morte subite du nourrisson, et emmenée à l’hôpital de Corbeil-Essonnes, où elle aurait été officiellement déclarée morte.

Jusque là rien de scandaleux. Juste de la misère et du chagrin. Ce n’est pas un cas isolé et ça ne fait pas longtemps les titres des journaux. Que plus de 400 SDF meurent dans la rue en 2014 n’est pas révoltant. Ils n’ont pas l’honneur des titres ni des manifestants politiques. Pour mémoire, qui se souvient de ceci : un bébé rom âgé de deux mois est mort jeudi à la gare de Lille-Flandres dans les bras de sa mère qui mendiait. http://www.liberation.fr/…/un-bebe-rom-meurt-dans-les-bras-… 2 janvier 2015 à 07:32

Le déclencheur de l’infamie est le refus d’inhumation sous prétexte, disent les médias, que le cimetière est trop petit et que les parents ne paient pas les impôts locaux.

L’indécence est générale. Toute la presse en parle.

SDF passe encore. Morts dans la rue, ça passe toujours. Mais que morts ils ne puissent pas trouver un lieu pour le dernier repos est inédit et fait frémir. Notre système politique est si dur qu’il s’acharne sur nous au delà de la vie. Il ne reste plus de refuge pour la dignité.

Les politiques sont questionnés :

le président est venu ce lundi 5 janvier passer 2 heures dans les studios de France Inter pour parler de la pluie et du beau temps. Je ne l’ai pas écouté. J’ai entendu des journalistes payés pour ça rapporter qu’il avait parlé pour parler, sans rien dire. « Je refuse » que la France « s’en prenne à l’autre comme ça s’est passé dans ce cimetière ». Que veut dire ce « Je refuse » ? Il n’est pas d’accord. C’est tout. C’est son commentaire qui n’engage aucune action.

À l’étage en dessous, au même moment, la présidente du Front National répond à France Info « Quand la bureaucratie fait perdre le sens de la compassion …  » « Evidemment » elle aurait accepté d’inhumer ce petit bébé rom. « Pour le coup c’est une erreur de la part de ce maire qui est dramatique. C’est un défaut d’humanité ». Avec ce mot « compassion » elle double par la gauche les divers droites.

Le maire se rétracte. Il accepte l’inhumation. Mais c’est dans un village proche que le bébé est inhumé. A Wissous. Qui connait ce village coincé entre l’autoroute A6 et l’aéroport d’Orly ? Et qui se souvient de l’ancien maire PS et de ses coupures d’eau il y a un an et demi ?

Depuis le 6 juillet 2013 les familles roms vivant dans un campement de fortune au sein de la ZAC des Hauts de Wissous sont privées d’eau. Le maire a en effet décidé de couper l’eau des bornes incendies alentours, qui servaient à défaut de point d’eau. Une décision assumée par le maire, mais qui est dénoncée par différents acteurs politiques, judiciaires, et associatifs, qui pointent plus largement un climat de marginalisation de la communauté rom….De son côté, le maire de la ville … se défend de telles accusations. La coupure d’eau est avant tout et selon lui une mesure de « réparation nécessaire » des bornes d’incendie de la zone, qui ont été rendues inutilisables et engendraient un gaspillage important. http://essonneinfo.fr/…/roms-indignation-deelv-contre-le-m…/

Tantôt les Roms sont tolérés de leur vivant mais refusés quand ils sont morts.

Tantôt, il sont expulsés de leur vivant et accueillis après leur trépas.

L’approche de ce drame par le côté sentimental a provoqué ce que l’on pouvait attendre : une réaction qui n’a rien de démocratique mais qui ressemble au geste de quelqu’un qui a voulu rendre la justice par lui-même.

La façade de la mairie de Champlan (Essonne), où un maire est accusé d’avoir refusé l’inhumation d’un bébé rom, a été dégradée dans la nuit de dimanche à lundi par des inconnus. De la peinture beige a été lancée contre l’entrée et sur les panneaux d’information. Sur la façade taguée, on pouvait lire ce lundi matin le message « Lecler (sic), Valls même racisme d’Etat !! ». http://www.bfmtv.com/…/champlan-la-mairie-a-ete-degradee-da…

Il était pourtant si facile de se renseigner sur le droit et d’arrêter tous ces effets de manches.

L’autorisation d’inhumation est à demander au maire de la commune du cimetière choisi. Le défunt peut être inhumé dans les cimetières suivants :

celui de la commune où le défunt habitait,

celui de la commune où le défunt est mort,

celui où est situé le caveau de famille.

L’inhumation est aussi possible dans une autre commune, mais le maire peut la refuser.

Si le défunt résidait à l’étranger, il peut être inhumé dans le cimetière de la commune dans laquelle il est inscrit sur la liste électorale, même s’il n’y possède pas de sépulture de famille.

http://www.vos-droits.justice.gouv.fr/…/inhumation-20333.ht…

Ce qui est étonnant, c’est que personne, pas même le maire ne semblait connaître la loi.

Mais l’histoire se serait stoppée avant de s’emballer et n’aurait pas été bonne pour l’audience.

Et l’objectif de la presse instituée n’est pas de rester dans un cadre rationnel, qui fait donc appel à l’intelligence, mais de vendre et de faire des profits.

Et pendant que tous parlent de ce bébé, tout doucement, le gouvernement continue de détruire nos vie.

Dans un communiqué, le mouvement des efFRONTé-e-s s’insurge contre l’extension du travail du dimanche dans un secteur – grande distribution et commerce – où « près de 80% des salarié-e-s sont des femmes » : « caissières, vendeuses, parmi lesquelles des mères célibataires ayant la garde des enfants, pas scolarisés le dimanche, auxquels il faudra trouver un moyen de garde ». « Elles seront les premières victimes de la loi ! », souligne l’association de féministes et militants LGBT. « Selon Emmanuel Macron, seules les volontaires travailleront le dimanche ou jusqu’à minuit. Dans un contexte de chômage massif, les salariées acceptent tout », relève-t-elle encore. Pour les efFRONTé-e-s, la loi Macron revient sur le repos dominical, qui permet « à toute la famille de se retrouver », et tend à banaliser le travail de nuit. « En rentrant du travail à minuit, les parents trouveront leurs enfants couchés. Est-ce cela un gouvernement qui se dit préoccupé par la famille, les loisirs, l’émancipation ? » https://effrontees.wordpress.com/

Les bornes d’eau ont été coupées pour les Roms de Wissous habitant dans un bidonville sur la commune
essonneinfo.fr
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