La Fin de Charlie, par Maria Poumier
10 janvier 2015
La Fin de Charlie, par Maria Poumier ENTRE LA PLUME ET L’ENCLUME |
8 janvier 2015, la fin de Charlie (et quelques commentaires pertinents) Ses journalistes sont morts en martyrs. Fin glorieuse, enviable, et incongrue, pour un journal qui ne faisait pas de place à l’héroïsme, à la foi, à l’espérance, encore moins à la charité. La tripe de Charlie, c’était des articles critiques intéressants, divers. Les couvertures, la surface, étaient de la provocation à la haine et à la discrimination, et à l’engrenage des vengeances sans fin, des pages choquantes où l’obscénité et la méchanceté rivalisaient pour…. Pour quoi, pour qui ? Depuis longtemps, la direction de Charlie avait perdu la tête. Et Charlie avait perdu la plupart de ses lecteurs, révulsés par ce côté ignoble déboussolé. Charlie était-il aux ordres d’une organisation criminelle et subventionnante, souhaitant vivement l’avènement de la guerre civile entre Français ? Dans les années 70, la méchanceté et la grossièreté étaient une aventure, une ascèse pouvant déboucher sur des vérités difficiles à débusquer autrement, du moins c’est ce que nous supposions, nous les jeunes friands des Charlie bien saignants. Mais depuis que le porno est devenu la religion officielle, et le cynisme féroce du marketing le dessous chic des entreprises gouvernementales comme des autres, non, on n’avait plus besoin des couvertures de Charlie. La véloce identification du gouvernement (plus exactement sans doute de Manuel Valls l’archi réactif) à Charlie défunt dit bien ce qu’elle veut dire : que le socialisme français n’a pas vraiment d’autre conception de la culture et de la liberté de pensée que celle, étriquée et venimeuse, de Charlie, étroitement bornée par l’ambition d’écraser les concurrents idéologiques, d’une part ; et que le gouvernement n’ignore pas ses responsabilités dans l’engrenage qui a débouché sur les 17 morts violentes de ces deux derniers jours, d’autre part. Vite, il faut organiser une manif monstre pour que les gens en restent à l’indignation fusionnelle, qu’ils restent dans l’émotionnel, et n’aillent pas trop vite se poser les questions gênantes sur la formation des tueurs, la provenance de leurs armes. L’exclusion du parti Marine a été un réflexe de parti aux abois, parce qu’il se sait discrédité. Les assassins étaient des paramilitaires entraînés, qui avaient reçu des ordres. L’ordre de dire qu’ils représentaient une mouvance précise, comme pour se donner une identité, tandis que d’autres étaient prévus pour accomplir d’autres massacres, pour compléter l’effet de série bien orchestrée ; et ils avaient reçu probablement d’autres consignes qui étaient des pièges : aucun complice pour protéger leur fuite, ils ont dû comprendre assez vite qu’ils avaient été proie et non pas prédateurs comme ils le croyaient, que le scénario secret avait besoin d’eux dans le rôle d’assassins jetables, comme cela avait été le cas pour Mohamed Merah, sans plus. Les commanditaires ? Ceux qui veulent la guerre civile en France, pour l’affaiblir ; pour que l’Europe ne soit pas tentée de tourner le dos à l’alliance transatlantique, ou de retrouver du prestige moral avec un minimum de résistance au programme de nettoyage ethnique d’Israël, pour que François Hollande n’ait pas le temps de redresser la barre après le désastre diplomatique laissé par Laurent Fabius. Le scénario ressemble à celui du Maïdan à Kiev, avec ses mystérieux snipers tirant sur la foule pour susciter le « combat de chiens », pour exciter les uns contre les autres, musulmans contre tout le reste, et chacun contre son voisin. Nous misons sur le sens de l’intérêt général, sur la cohésion nationale, sur la conscience qu’il est temps de revenir aux choses sérieuses, en matière de liberté d’expression comme du reste. Halte aux dénégationnistes qui dénient à Dieudonné le droit d’enseigner l’esprit critique dans la tradition rabelaisienne salutaire, aux dénégationnistes qui nient que la pornocratie sous prétexte de laïcité est en train de corrompre la société toute entière, aux dénégationnistes qui dénient aux musulmans le sens de la responsabilité et du respect. Ils sont à droite et à gauche, les dénégationnistes méprisants ; l’esprit de résistance, pour sauver l’essentiel, rétablit les hiérarchies naturelles, l’ordre des priorités, et soulage les allergies aigues propres au temps de paix qui dressent les femmes contre les hommes, les riches contre les pauvres, les marginaux contre les normaux. Nous voilà donc entrés dans la guerre, et les camps vont se redéfinir, parce qu’on ne joue plus, on est dans le réel. Devenus guerriers, notre première victoire est de retrouver le sens du nous. Wolinsky n’avait pas renoncé à la gentillesse, dans son humour folâtre. Nous le voyons un peu perdu, dans la file d’attente au guichet de saint Pierre ; Brassens vient vers lui ; ils vont voir ce qu’ils peuvent faire ensemble pour les autres. Nous prions, ici-bas, pour tous les morts de ces jours-ci, sans exclusive. **** Un excellent commentaire tiré du site http://rogergaraudy.blogspot.fr/ Unité nationale ? Posted: 09 Jan 2015 09:27 AM PST S’il s’agit de se rassembler dignement et en silence dans la défense de la vie et le recueillement en mémoire des victimes connues et inconnues, qui ne se soumettrait pas à cette demande – bien qu’elle soit trop souvent présentée comme une injonction ? S’il s’agit de se rassembler pour défendre la liberté d’expression, la chose est déjà plus difficile car les avis divergent sur les limites ou l’absence de limites de la caricature et du rire et sur le respect des convictions profondes voire intimes des personnes. S’il s’agit, par une opération de type « Carpentras », de rassembler le peuple sur un tsunami émotionnel autour d’un Président dévalué, la chose – politicienne – est petite et sans avenir à plus long terme qu’électoral. S’il s’agit de réaliser une unité « par la bande » mais en réalité autour du modèle social et de la politique étrangère hollando-sarkozyste – notamment en Afrique et en Orient -, alors elle est néfaste, car c’est de ce modèle – techniciste et libéral – et de cette politique – occidentaliste et impériale – que se nourrissent les violents et les faux prophètes. Pourtant nous avons effectivement besoin d’unité, nationale et internationale, pour résoudre les problèmes de la faim et de la misère dans le monde, de l’immigration qui en découle, du chômage et du parasitisme, de la guerre et de la paix, de l’écologie, de l’étouffement des cultures, de l’individualisme exacerbé, bref du sens de la vie. Toutes (je dis bien: toutes) les composantes politiques, religieuses, associatives, se mettant autour de la table pour élaborer un projet concret commun à réaliser en commun pour redonner un sens aux vies individuelles et à notre vie commune. De la « bonne » unité nationale ! Quelque chose de comparable (je ne dis pas : identique) fut à l’oeuvre à la Libération avec le gouvernement du général de Gaulle allant de l’extrême-droite à l’extrême-gauche. Qui peut dire qu’il n’y a pas aujourd’hui aussi une urgence comparable (je ne dis pas: identique) ? Utopie ? Sans doute. Mais la pire utopie est la poursuite des dérives actuelles qui, ne posant que la question des moyens économiques ou techniques et jamais celle des fins, mènent – comme on le voit – les communautés nationales et la communauté mondiale à l’asphyxie et à l’inhumanité. L’administrateur du blog (Alain Raybnaud) « L’intégrisme nait toujours d’une frustration devant la solitude et le non-sens d’un monde sans but. » (Roger Garaudy) Posted: 08 Jan 2015 02:49 PM PST *** Et encore quelque chose de bien tourné: Je ne suis pas Charlie Post de Loch Lomond : « Nous sommes tous Charlie » proclame Libération, Je n’ai pas approuvé le bombardement de la Libye, je ne suis pas Charlie, Commentaire: Je partage à cent pour cent ce texte ; je viens de répondre ceci à quelqu’un qui voulait me proposer la signature d’une pétition en faveur de Charlie Gilbert Rémond Dernière modification le : 10/01/2015 @ 16:18 |