Aller à…
RSS Feed

19 avril 2024

La Fin de Charlie, par Maria Poumier


La Fin de Charlie, par Maria Poumier

ENTRE LA PLUME ET L’ENCLUME

8 janvier 2015, la fin de Charlie (et quelques commentaires pertinents)

Ses journalistes sont morts en martyrs. Fin glorieuse, enviable, et incongrue, pour un journal qui ne faisait pas de place à l’héroïsme, à la foi, à l’espérance, encore moins à la charité. La tripe de Charlie, c’était des articles critiques intéressants, divers. Les couvertures, la surface, étaient de la provocation à la haine et à la discrimination, et à l’engrenage des vengeances sans fin, des pages choquantes où l’obscénité et la méchanceté rivalisaient pour…. Pour quoi, pour qui ? Depuis longtemps, la direction de Charlie avait perdu la tête. Et Charlie avait perdu la plupart de ses lecteurs, révulsés par ce côté ignoble déboussolé. Charlie était-il aux ordres d’une organisation criminelle et subventionnante, souhaitant vivement l’avènement de la guerre civile entre Français ?

Dans les années 70, la méchanceté et la grossièreté étaient une aventure, une ascèse pouvant déboucher sur des vérités difficiles à débusquer autrement, du moins c’est ce que nous supposions, nous les jeunes friands des Charlie bien saignants. Mais depuis que le porno est devenu la religion officielle, et le cynisme féroce du marketing le dessous chic des entreprises gouvernementales comme des autres, non, on n’avait plus besoin des couvertures de Charlie.

La véloce identification du gouvernement (plus exactement sans doute de Manuel Valls l’archi réactif) à Charlie défunt dit bien ce qu’elle veut dire : que le socialisme français n’a pas vraiment d’autre conception de la culture et de la liberté de pensée que celle, étriquée et venimeuse, de Charlie, étroitement bornée par l’ambition d’écraser les concurrents idéologiques, d’une part ; et que le gouvernement n’ignore pas ses responsabilités dans l’engrenage qui a débouché sur les 17 morts violentes de ces deux derniers jours, d’autre part. Vite, il faut organiser une manif monstre pour que les gens en restent à l’indignation fusionnelle, qu’ils restent dans l’émotionnel, et n’aillent pas trop vite se poser les questions gênantes sur la formation des tueurs, la provenance de leurs armes. L’exclusion du parti Marine a été un réflexe de parti aux abois, parce qu’il se sait discrédité.

Les assassins étaient des paramilitaires entraînés, qui avaient reçu des ordres. L’ordre de dire qu’ils représentaient une mouvance précise, comme pour se donner une identité, tandis que d’autres étaient prévus pour accomplir d’autres massacres, pour compléter l’effet de série bien orchestrée ; et ils avaient reçu probablement d’autres consignes qui étaient des pièges : aucun complice pour protéger leur fuite, ils ont dû comprendre assez vite qu’ils avaient été proie et non pas prédateurs comme ils le croyaient, que le scénario secret avait besoin d’eux dans le rôle d’assassins jetables, comme cela avait été le cas pour Mohamed Merah, sans plus.

Les commanditaires ? Ceux qui veulent la guerre civile en France, pour l’affaiblir ; pour que l’Europe ne soit pas tentée de tourner le dos à l’alliance transatlantique, ou de retrouver du prestige moral avec un minimum de résistance au programme de nettoyage ethnique d’Israël, pour que François Hollande n’ait pas le temps de redresser la barre après le désastre diplomatique laissé par Laurent Fabius. Le scénario ressemble à celui du Maïdan à Kiev, avec ses mystérieux snipers tirant sur la foule pour susciter le « combat de chiens », pour exciter les uns contre les autres, musulmans contre tout le reste, et chacun contre son voisin.

Nous misons sur le sens de l’intérêt général, sur la cohésion nationale, sur la conscience qu’il est temps de revenir aux choses sérieuses, en matière de liberté d’expression comme du reste. Halte aux dénégationnistes qui dénient à Dieudonné le droit d’enseigner l’esprit critique dans la tradition rabelaisienne salutaire, aux dénégationnistes qui nient que la pornocratie sous prétexte de laïcité est en train de corrompre la société toute entière, aux dénégationnistes qui dénient aux musulmans le sens de la responsabilité et du respect. Ils sont à droite et à gauche, les dénégationnistes méprisants ; l’esprit de résistance, pour sauver l’essentiel, rétablit les hiérarchies naturelles, l’ordre des priorités, et soulage les allergies aigues propres au temps de paix qui dressent les femmes contre les hommes, les riches contre les pauvres, les marginaux contre les normaux. Nous voilà donc entrés dans la guerre, et les camps vont se redéfinir, parce qu’on ne joue plus, on est dans le réel. Devenus guerriers, notre première victoire est de retrouver le sens du nous.

Wolinsky n’avait pas renoncé à la gentillesse, dans son humour folâtre. Nous le voyons un peu perdu, dans la file d’attente au guichet de saint Pierre ; Brassens vient vers lui ; ils vont voir ce qu’ils peuvent faire ensemble pour les autres. Nous prions, ici-bas, pour tous les morts de ces jours-ci, sans exclusive.

****

Un excellent commentaire tiré du site http://rogergaraudy.blogspot.fr/

Unité nationale ?

Posted: 09 Jan 2015 09:27 AM PST
Après les odieux et injustifiables assassinats d’avant-hier, notamment à Charlie-Hebdo, les autorités de l’Etat et d’autres institutions, notamment les partis parlementaires, nous pressent de se rallier à « l’unité nationale ».

S’il s’agit de se rassembler dignement et en silence dans la défense de la vie et le recueillement en mémoire des victimes connues et inconnues, qui ne se soumettrait pas à cette demande – bien qu’elle soit trop souvent présentée comme une injonction ?

S’il s’agit de se rassembler pour défendre la liberté d’expression, la chose est déjà plus difficile car les avis divergent sur les limites ou l’absence de limites de la caricature et du rire et sur le respect des convictions profondes voire intimes des personnes.

S’il s’agit, par une opération de type « Carpentras », de rassembler le peuple sur un tsunami émotionnel autour d’un Président dévalué, la chose – politicienne – est petite et sans avenir à plus long terme qu’électoral.

S’il s’agit de réaliser une unité « par la bande » mais en réalité autour du modèle social et de la politique étrangère hollando-sarkozyste – notamment en Afrique et en Orient -, alors elle est néfaste, car c’est de ce modèle – techniciste et libéral – et de cette politique – occidentaliste et impériale – que se nourrissent les violents et les faux prophètes.

Pourtant nous avons effectivement besoin d’unité, nationale et internationale, pour résoudre les problèmes de la faim et de la misère dans le monde, de l’immigration qui en découle, du chômage et du parasitisme, de la guerre et de la paix, de l’écologie, de l’étouffement des cultures, de l’individualisme exacerbé, bref du sens de la vie.

Toutes (je dis bien: toutes) les composantes politiques, religieuses, associatives, se mettant autour de la table pour élaborer un projet concret commun à réaliser en commun pour redonner un sens aux vies individuelles et à notre vie commune. De la « bonne » unité nationale !

Quelque chose de comparable (je ne dis pas : identique) fut à l’oeuvre à la Libération avec le gouvernement du général de Gaulle allant de l’extrême-droite à l’extrême-gauche. Qui peut dire qu’il n’y a pas aujourd’hui aussi une urgence comparable (je ne dis pas: identique) ?

Utopie ? Sans doute. Mais la pire utopie est la poursuite des dérives actuelles qui, ne posant que la question des moyens économiques ou techniques et jamais celle des fins, mènent – comme on le voit – les communautés nationales et la communauté mondiale à l’asphyxie et à l’inhumanité.

L’administrateur du blog (Alain Raybnaud)

« L’intégrisme nait toujours d’une frustration devant la solitude et le non-sens d’un monde sans but. » (Roger Garaudy)

Posted: 08 Jan 2015 02:49 PM PST
L’intégrisme, religieux ou politique, naît toujours d’une frustration devant la solitude et le non-sens d’un monde sans but. Des hommes désespérés, sans avenir, des desperados sont la proie de tous les « nihilismes » à l’égard de prétendues « valeurs » qui ne donnent plus à la vie consistance et signification, la proie aussi de messianismes, de faux messies promettant un royaume de Dieu, de n’importe quel Dieu.
C’est alors la griserie sécurisante de défilés en masse, avec des torches, à Nuremberg, pour y brûler des livres comme symboles des fausses sagesses qui conduisaient au néant, et célébrer les vieux mythes et les rites guerriers du Dieu Wotan.
L’on ne peut échapper à ces fausses réponses des intégrismes qu’en éveillant les hommes au sens des vraies questions.
D’abord celle d’un ordre social et économique, politique, donnant à chacun les possibilités de déployer pleinement les richesses qu’il porte en lui, mais aussi celle des postulats sur lesquels un tel ordre repose, et qui sont la matrice de toute vision religieuse du monde.
D’un monde découpé, à la tronçonneuse du positivisme, en objets isolés et en individus présentant la même mutilation, faire renaître la conscience de l’unité vécue de ce monde où chaque être n’existe que par sa relation avec tous les autres et prend par elle un sens.
Tu te crois « branché » ? Branché sur quoi ? Sur le contraire de la vie.
« Branché » sur l’avalanche des décibels ou dans la cage du walkman. Branché sur ce bourdonnement d’ailes de mouches se débattant dans la glu des pubs, au supermarché.
Branché sur la télé des fausses vies, faites de coïts, de flics et d’explosions, sur fond de pub encore, de jeux de mémoire pour oublier, de loteries à l’ignoble slogan : « C’est facile et ça peut rapporter gros! »
Débranchez, robots télécommandés, débranchez vos prothèses ! Sortez de vos prisons pendant que, dehors, il y a encore des gens, de vrais gens, avec un langage d’homme ! Pendant qu’il y a encore des choses, avec leurs parfums sous le gaz-oil, leur amour sous le sexe, leurs musiques sous l’hystérie, le poète amoureux ou mystique sous l’« ordinanthrope».
Alors nous n’éprouverons plus le besoin d’aucun intégrisme pour trouver dans le grégaire
un ersatz de communauté, dans le fanatisme un ersatz du divin.
Toute éducation, tout art, toute politique qui n’aident pas à cette prise de conscience de ce qui est proprement humain en l’homme nous conduisent à un suicide planétaire.

***

Et encore quelque chose de bien tourné: Je ne suis pas Charlie

Post de Loch Lomond :

« Nous sommes tous Charlie » proclame Libération,
et bien non pas moi,
Je n’ai pas fait campagne en faveur du traité de Maastricht, je ne suis pas Charlie,
Je n’ai jamais amalgamé le PCF et le FN, je ne suis pas Charlie,
Je n’ai pas soutenu les bombardements de l’OTAN sur la Yougoslavie, je ne suis pas Charlie,
Je n’ai pas fait campagne pour le OUI au référendum sur la constitution européenne en 2005, je ne suis pas Charlie,
Je n’ai pas cherché à enfoncer Denis Robert et défendu Clearstream, je ne suis pas Charlie,
Je n’ai jamais pensé que Cuba est une dictature, je ne suis pas Charlie,
Je n’ai jamais pensé que Chavez était un dictateur, je ne suis pas Charlie,

Je n’ai pas approuvé le bombardement de la Libye, je ne suis pas Charlie,
Je ne me suis pas réjoui de l’assassinat de Khadafi, je ne suis pas Charlie,
J’ai désapprouvé, en 2006 l’attaque du Liban par Israël, je ne suis pas Charlie,
Je ne prend pas partie, systématiquement pour Israël contre les Palestiniens, je ne suis pas Charlie,
Je ne ferme pas les yeux sur le nazisme en Ukraine, je ne suis pas Charlie,
Je pense que Femen est un mouvement qui prend sa source dans l’extrême droite ukrainienne, je ne suis pas Charlie,
Je ne pense pas que la Russie soit un pays dangereux pour la paix dans le monde, je ne suis pas Charlie,
Je ne pense pas que la Russie soit responsable de la situation en Ukraine contrairement à l’UE et l’OTAN, je ne suis pas Charlie,
Je n’ai pas appelé à l’intervention en Syrie, je ne suis pas Charlie,
Je n’ai jamais fait de l’opposition syrienne des héros, j’ai toujours pensé que ce sont des fanatiques islamistes plus ou moins manipulés, je ne suis pas Charlie,
Les journalistes de Charlie, comme les policiers et l’agent d’entretien tués sont évidemment innocents et leur assassinat est injustifiable, mais n’en faites pas des héros…
Rendre hommage aux victimes, oui bien sûr, mais ce n’est pas autour de Charlie et de ses « valeurs » que je voudrais voir se rassembler le peuple français… et refusons cette union nationale masquant l’intention réelle des terroristes et les responsabilités écrasantes des dirigeants français dans la
haine suscité par notre pays…

Commentaire: Je partage à cent pour cent ce texte ; je viens de répondre ceci à quelqu’un qui voulait me proposer la signature d’une pétition en faveur de Charlie
: ce qui s’est passé avec les assassinats de plusieurs journalistes est quelque chose de très grave, pour autant je ne suis pas Charlie, je n’aimais pas ce journal qui n’aimait pas les communistes que nous sommes, et méprisait bien souvent les petites gens. La presse est en grande difficulté et la
liberté d’opinion gravement mise en cause depuis de nombreuses années et de ce point de vue le groupe Lagardère ainsi que d’autre marchants d’armes ont une grande responsabilité dans ce qui lui arrive. Je trouve donc plus tôt
faux cul que le groupe Lagardère qui alimente en armes tous les régimes réactionnaires du monde arabe, se mette en tête de la campagne pour la parution du journal. Le CNR avait un point très clair sur la liberté de la presse, en particulier contre la presse de monopole et ses grandesconcentrations. Exigeons l’application de la loi et le retour aux principes de l’ordonnance de 45. »

Gilbert Rémond

 

Dernière modification le : 10/01/2015 @ 16:18
Catégorie : Aucune

Partager

Plus d’histoires deLibye