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25 avril 2024

Le journal des Amitiés Franco-Irakiennes


 

Attentat à Charlie Hebdo : Comment tout a commencé (p. 2 et 4)

n°154
Décembre 2014
Janvier 2015

Quand le Mossad assassinait un grand caricaturiste palestinien

par Gilles Munier

Souvenons nous ! Le dessinateur et caricaturiste palestinien Naji al-Ali, célèbre au Proche-Orient, a été assassiné à Londres, le 22 juillet 1987, près du quotidien koweiti Al-Qabas où il travaillait. Il était irrévérencieux à l’égard des potentats arabes, appelait le sionisme par son nom et dénonçait la corruption de certains dirigeants palestiniens. Un tueur- professionnel lui a logé une balle dans la tête et a continué son chemin calmement, sans être inquiété.

La presse occidentale ne s’est pas émue – comme c’est le cas aujourd’hui après l’attentat dont a été victime Charlie Hebdo – de cette attente à la liberté d’expression.

Dix mois plus tard, Scotland Yard a arrêté un certain Ismaïl Suwan, un étudiant palestinien impliqué dans l’organisation du meurtre. Interrogé, il a révélé qu’il avait été recruté par le Mossad et que ses supérieurs l’avait informé du projet d’assassinat.

Devant le refus d’Israël de s’expliquer sur ce crime, Margaret Thatcher Premier ministre britannique – ordonna la fermeture de l’antenne du Mossad à Londres – Palace Green – et l’expulsion de deux « diplomates » israéliens. Bien que connue du MI5 service de renseignement intérieur britannique l’identité de l’assassin un agent du Kidon, le service action du Mossad – n’a jamais été divulguée.

La presse occidentale n’a pas remué ciel et terre pour que le tueur et ses commanditaires soient appréhendés et jugés.

Le Mossad a poursuivi ses activités en Grande-Bretagne tranquillement, mais sans statut officiel.
Il a fallu attendre 1998 pour qu’Ephraïm Halevy, nouvellement nommé à la tête du Mossad, obtienne de Margareth Thatcher la réouverture du bureau du Mossad à Londres.

A lire : Le Livre de Handala, caricatures de Naji al-Ali paru en 2011 aux Editions Scribest (140 dessins de Naji al-Ali inédits & annotés) Extrait à télécharger.
Dans la présentation du
Livre de Handala, le dessinateur- caricaturiste français Siné licencié de Charlie Hebdo en juillet 2008 pour des propos dits antisémites » par Philippe Val, le directeur d’alors – a rappelé que le dessinateur a été tué « à cause des convictions qu’il exprimait à merveille à travers ses dessins et son petit personnage nommé Handala ».

Handala, personnage-culte dans le monde arabe est un réfugié palestinien de 10 ans, miséreux, présent sur tous les dessins de Naji al-Ali, le dos tourné au monde qui a trahi son peuple.

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Attentat à Charlie Hebdo:

Comment tout a commencé par Gilles Munier

Pour mémoire : CARICATURES DU PROPHETE: Une manipulation néo-conservatrice ?

(AFI-Flash n°55 15 février 2006)

Des ambassades et des consulats du Danemark attaqués ou en flammes, des drapeaux danois brûlés par des manifestants en colère, des journalistes et des caricaturistes menacés de mort, le corps expéditionnaire danois en Irak calfeutré dans ses bases, des appels au boycottage des produits danois, norvégiens, français… Les extrémistes néo- conservateurs danois, américains, israéliens – ou autres – peuvent se frotter les mains : avec la publication des caricatures insultantes du Prophète Muhammad dans le Jyllands- Posten, relayée quatre mois plus tard par France-Soir et Charlie Hebdo, ils ont donné

aux opinions publiques occidentales un avant-goût du «Choc des civilisations». Le bombardement préventif de l’Iran ou la Syrie, accusés par Condoleezza Rice de souffler sur les braises, est plus que jamais à l’ordre du jour.

La crise provoquée le 30 septembre 2005 par le quotidien Jyllands-Posten aurait pu se limiter au cadre danois. Il suffisait que des excuses sincères soient présentées aux musulmans du pays dans les jours qui suivaient. Mais c’est l’inverse qui s’est produit : les démarches des organisations musulmanes locales se sont heurtées à un mur de dédain ou d’arrogance. Le 20 octobre, le Premier ministre libéral Anders Fogh Rasmussen a fait savoir aux ambassadeurs de 10 pays arabes qui voulaient le rencontrer pour protester, qu’il n’avait pas le temps de les recevoir.

Quelque chose de pourri au Royaume du Danemark

Le Jyllands Posten n’a pas d’équivalent en France. C’est un quotidien xénophobe, voire raciste. Il mène des campagnes incessantes contre les immigrés musulmans, et entretient au Danemark un climat exécrable. Pour le rédacteur en chef de Politiken – autre quotidien danois – la publication des caricatures du Prophète n’avait pas d’autre but que « d’offenser, de conspuer la minorité musulmane » (1). La rédaction du quotidien l’avait d’ailleurs dit clairement à l’époque, avant qu’elle ne se retranche derrière la liberté d’expression.

Flemming Rose, responsable de la page « Kulture » du journal, est un proche de Daniel Pipes, néo- conservateur considéré aux Etats-Unis comme le principal théoricien de l’islamophobie (2). Il lui a d’ailleurs consacré en 2004 un article louangeur sous le titre « La menace islamiste »… (3)

Daniel Pipes, très apprécié de George W. Bush, Dick Cheney et Paul Wolfowitz, dirige le Middle East Forum, un think tank dont le but est de « promouvoir les intérêts américains au Proche-Orient ». Sa grande idée a été la création de Campus Watch, un observatoire dénonçant les professeurs qui ne sont pas assez pro-israéliens à son goût. C’est en effet un fervent propagandiste d’Israël, de tendance ultra sioniste, c’est-à-dire reprochant à l’Etat hébreu ne pas réprimer suffisamment les Palestiniens. Pour lui les fondamentalistes musulmans sont des « tueurs potentiels » qu’il faut éliminer.

Il est l’auteur d’un article alarmiste intitulé « Les musulmans arrivent ! Les musulmans arrivent ! », publié en novembre 1990 dans la National Review, où il affirme que « les sociétés d’Europe occidentale ne sont pas

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suffisamment préparées à une immigration massive de gens à la peau mate, cuisinant des plats étranges et n’appliquant pas vraiment les normes d’hygiène allemandes ».

Excuses de circonstance

Excédés par le comportement méprisant des autorités, les organisations musulmanes danoises ont interpellé l’Umma la communauté des Croyants – à travers ses représentants officiels. Des délégués ont été envoyés au Caire par l’imam Ahmed Abou Laban, proche des Frères musulmans, pour demander à Amr Moussa, Secrétaire général de la Ligue arabe, et au Cheikh Mohammed Sayyed Tantaoui, Grand imam de l’Université d’Al-Azhar, de réagir. Puis, le 6 décembre, Ahmed Akkari, porte parole d’un regroupement de 27 organisations musulmanes danoises, a remis les caricatures aux représentants de 57 pays réunis à La Mecque pour le sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), parmi lesquels le roi Abdallah d’Arabie et le président iranien Mahmoud Ahmadinejad (4).

Les libéro- conservateurs danois sont restés sourds aux protestations des Etats musulmans. Cela n’a rien d’étonnant quand on sait que pour le Parti populaire danois (Dansk Folkeparti – 13,3% des votes- 24 députés), qui les soutient au Parlement, les musulmans sont au Danemark pour le « conquérir, comme ils l’ont fait ces 1400 dernières années» (5). Pour ceux qui en doutaient encore, la provocation est devenue claire lorsque le Jyllands-Posten a autorisé la revue chrétienne norvégienne Magazinet à republier les caricatures le 10 janvier… pour l’Aïd Al-Fitr, la plus grande fête musulmane.

D’ailleurs, si le 30 janvier, Carsten Juste, directeur du Jyllands-Posten, a fini par « s’excuser », c’est uniquement parce que les intérêts commerciaux du Danemark, et la vie de Danois, sont en jeu. Et, il l’a fait de façon peu convaincante (6). Il a prévenu que c’était des « excuses » de circonstance, et que d’autres caricatures seront publiées, si besoin est. Le texte de sa déclaration publié en arabe sur son site ne trompe pas : il est différent de celui traduit en français (7).

French Connection

Les excuses hypocrites de Carsten Juste, puis celles du Premier ministre danois, auraient pu calmer le jeu et l’affaire prendre un autre cours si France-Soir n’avait pas relancé la campagne islamophobe et, par voie de conséquence, ajouter la France aux pays « blasphémateurs ». Comme Vebjoern Selbekk de Magazinet, Serge Faubert, rédacteur en chef de France-Soir, savait ce qu’il faisait en publiant les caricatures du Prophète. Au Proche-Orient ses amitiés sont pro-israéliennes et il est connu pour assimiler toute critique de l’idéologie sioniste à de l’antisémitisme. Pourquoi Rami (Raymond) Lakah, l’homme d’affaires franco-égyptien propriétaire du quotidien, a limogé le Pdg Jacques Lefranc en lui reprochant d’avoir porté atteinte aux «croyances et [aux] convictions intimes de chaque individu», alors que ce dernier était hostile, selon divers témoignages, à la publication des caricatures ?

France-Soir et Charlie Hebdo qui l’a imité, ne voulait pas seulement faire du coup publicitaire pour augmenter leur tirage ou alors il faudrait qu’ils expliquent ce qu’a à voir la recherche du profit à tout prix avec la déontologie journalistique. Dans cette affaire la liberté d’expression a bon dos et l’invocation des mannes de Voltaire par France- Soir relève de la crapulerie (8). L’incitation à la haine religieuse – c’est uniquement de cela qu’il s’agit – est le fond de commerce des néo-conservateurs et des extrémistes israéliens qui entraînent le monde dit chrétien dans une nouvelle croisade contre l’islam.

Deux poids, deux mesures

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a finalement porté plainte contre les médias ayant reproduit les caricatures du Prophète. Tant mieux, mais on doute qu’ils soient condamnés. En France, l’islamophobie se porte bien. L’écrivain Michel Houellbecq n’a-t-il pas été définitivement relaxé par la justice après avoir déclaré en 2001 au magazine Lire : « La religion la plus con, c’est quand même l’Islam » ; et Alain Finkielkraut, « philosophe » d’une certaine gauche française, n’a-t-il pas dit au quotidien israélien Haaretz (18 novembre 2005), sans être ensuite ostracisé: « Malgré tout ce que la France a fait pour eux les fils d’immigrés islamiques la haïssent. C’est comme çà dans leur culture. […] Le problème est que la plupart de ces jeunes sont noirs ou arabes et s’identifient à l’Islam»?

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Le 31 janvier, Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, avait raison de déclarer que la presse européenne « observe deux poids, deux mesures » envers l’islam et le judaïsme parce qu’elle «craint d’être accusée d’antisémitisme, mais invoque la liberté d’expression lorsqu’elle caricature l’islam». Il ne faut surtout pas croire que les musulmans sont les seuls à partager cette analyse.

Notes :
(1) Interview sur Europe 1
(1/2/05).
(2) Daniel Pipes, expert de la haine http://www.voltairenet.org/article13765.html
(3) The threat of islamism, par Flemming Rose
(Jyllands-Posten 29/10/04)
(4) How a meeting of leaders in Mecca set off the cartoon wars around the world, par Daniel Howden (The Independant 10/2/06)
http://news.independent.co.uk/world/middle_east/article344482.ece
(5) Déclaration de Soren Krarup, prêtre a la retraite porte-parole du Dansk Folkepart. http://fr.wikipedia.org/wiki/Islamophobie#Au_Danemark
(6) Le dilemme du rédacteur en chef, interview de Carsten Juste, par Pierre Collignon
(8/2/06) http://www.jp.dk/udland/artikel:aid=3548096:fid=11332
(7) Le Phare
Blog de Gérard Klein qui suit le développement de cette affaire avec beaucoup d’objectivité. http://gklein.blog.lemonde.fr
(8) France-Soir titrait en Une le 2 février :
« Au secours Voltaire, ils sont devenus fou » !*

*Nota : Le journaliste ignare de service ce jour-là à France Soir ne savait pas que Voltaire, mieux informé sur ce qu’est l’islam, avait écrit en 1770* :
« Dans cette prodigieuse étendue de pays [terres gouvernées par le Koran] il n’y a pas un seul mahométan qui ait le bonheur de lire nos livres sacrés et très peu de littérateurs parmi nous connaissent le Koran. Nous nous en faisons presque toujours une idée ridicule, malgré les recherches de nos véritables savants. L’Alcoran passe encore aujourd’hui pour le livre le plus élégant et le plus sublime qui ait encore été écrit dans cette langue. Nous avons imputé à l’Alcoran une infinité de sottises qui n’y furent jamais ».

*Cité en février 2004 par Alain Gresh dans « A propos de l’islamophobie « » (Oumma.com- 11/10/14)

Sur le blog France-Irak Actualité.com

Plus un sou pour Israël ! , par Maïtre Maurice Buttin
Chronique : A méditer… , par Chérif Abdedaïm
1,8 milliard de $ par jour, c’est le budget militaire US officiel, financé par le reste du monde,
par Jean-Paul Baquiast
L’impunité cause de violences désespérées , par Bernard Cor
3755 enfants
enlevés par l’armée israélienne ces quatre dernières années, dont 1266 enfants rien qu’en

2014 , par Saed Bannoura
Voeux pour 2015… et plus: Transfert d’Israël sur une partie du territoire des Etats-Unis
L’Etat islamique a repris Baiji , par Gilles Munier
La bataille du Djebel Sinjar
Acte 1 , par Gilles Munier /
La guerre par les médias et le triomphe de la propagande , par John Pilger
Irak : le monde trouble du mercenariat militaire , par Rupert Cornwell Opinion : La stratégie du Mossad contre les BDS , par Asa Winstanley

Les Amitiés franco-irakiennes présentent ses meilleurs pour 2015 à ses membres et sympathisants, ainsi qu’aux lecteurs de son blog-Internet.

Pour lui permettre de poursuivre ses activités, nous vous demandons de penser à renouveler l’aide que vous nous avez apporté jusqu’ici.

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IRAK

Guerres entrecroisées pour le pétrole Guerres entrecroisées pour le pétrole irakien

Par Gilles Munier (Afrique Asie janvier)

La malédiction de l’or noir s’est abattue sur la Mésopotamie depuis sa découverte sous l’empire ottoman. Les guerres d’Irak, l’irrédentisme kurde et l’entrée en lice de l’Etat islamique plongent le « berceau de l’humanité » dans l’horreur et la désespérance.

La prise de la province de Ninive par l’Etat islamique en Irak a ouvert un nouveau chapitre de la guerre du pétrole au Proche-Orient. Contre toutes prévisions, c’est la Chine qui se trouve être le principal bénéficiaire du renversement de Saddam Hussein dans

le secteur pétrolier. En 2013, elle a importé près de la moitié de la production irakienne. PetroChina contrôle quatre grands champs dans le sud du pays et le géant chinois CNPC (China National Petroleum Corporation) investit massivement dans les infrastructures pétrolières de production. Dur à digérer pour les major pétrolières américaines qui pensaient toucher le pactole après l’installation d’un régime pro- américain à Bagdad en 2003. Devançant ses concurrents, Exxon Mobil a été la première à se rabattre sur le Kurdistan en signant, dès 2011, six contrats d’exploration et de production avec le Gouvernement régional du Kurdistan présidé par Massoud Barzani. Particularités : certaines concessions se trouvent dans les « territoires disputés », annexés par la Région kurde aux lendemains de la prise de Mossoul, et où s’affrontent depuis quelques mois djihadistes, peshmergas et milices chiites irakiennes « conseillées » par le général iranien Qassem Suleimani, chef desForces al-Quds, unité des Pasdarans (Gardiens de la Révolution islamique) chargées des opérations à l’étranger (cf. l’encadré).

La proclamation d’un Etat islamique à cheval sur le nord de la Syrie et l’Irak a permis aux Etats- Unis de revenir en force à Bagdad et, peut-être, de procéder à terme à une redistribution des cartes dans le domaine pétrolier. L’Iran qui partage cette analyse de la situation, a pris les devants en proposant ses services à Massoud Barzani, tout en restant inflexible quant à son soutien au régime de Bagdad concernant la question des « territoires disputés ». Amerli, débarrassée de la menace des djihadistes de l’Etat islamique qui l’assiégeaient, n’est pas seulement une ville turkmène chiite, mais elle est entourée de terres riches en hydrocarbures. Idem pour Jalawla et Saadiyah situées à 115 km au nord-est de Bagdad dans la province multiethnique de Diyala, près de champs pétroliers et de la frontière avec l’Iran.

Jackpot pour Chevron et Exxon

Autre conséquence de l’émergence de l’Etat islamique en Irak : Bagdad a mis fin à l’interdiction faite au Gouvernement régional kurde (GRK) d’exporter son pétrole. Désormais, Erbil livrera 550 000 barils/jour dont 300 000 provenant des champs de Kirkouk – par le réseau de pipelines kurdes, en accord avec de la société d’Etat Somo ; le GRK recevra en retour un milliard de dollars par mois pour payer, notamment, les salaires des peshmergas et des fonctionnaires.

Les réserves kurdes étant estimées à 14 milliards de barils et le prix de revient du baril de pétrole kurde n’étant que de 5 dollars, les majors occidentales se frottent les mains : Chevron et Total qui avaient été sommées par Bagdad de rompre leurs contrats avec la Région autonome vont pouvoir engranger des bénéfices considérables. La texane Marathon Oil et la canadienne Oryx Petroleum ont annoncé leur retour. Elles peuvent toutes dire, pour l’instant, merci à Abou Bakr al-Baghdadi !

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L’accord conclu entre Bagdad et Erbil durera ce que durent les roses. Ces dernières semaines des médias kurdes ont en effet révélé que du pétrole provenant de puits sous contrôle de l’Etat islamique transitait par la Région autonome. Un million de barils de pétrole kurde a été livré au port israélien d’Ashkelon en juin dernier, et de mystérieux transbordements ont été observés en mer de Chine méridionale. Qui peut croire que ce genre de contrebande a lieu sans complicités à haut niveau ? Plus de 300 fonctionnaires ont été arrêtés pour calmer l’opinion publique kurde. Les membres des familles Barzani et Talabani impliqués dans ces trafics n’ont pas été inquiétés.

Qassem Suleimani, un «Guevara» chiite

Le 10 juin dernier, quelques heures après la prise de Mossoul, le jet privé du général iranien Qassem Suleimani, commandant des Forces al-Quds, a atterri à Bagdad. Il était accompagné d’ « experts » iraniens et du Hezbollah libanais. Objectifs prioritaires : remonter le moral des troupes chiites irakiennes et empêcher l’Etat islamique (EI) de s’emparer du sanctuaire chiite de Samarra. Le maître-espion, parfaitement informé du projet de l’opposition sunnite de renverser Nouri al-Maliki, et qui fuyait jusque-là les médias comme la peste, est ensuite apparu en plein jour et en photo sur tous les points chauds anti- EI. Fin août dernier, on l’a vu sur You Tube fêtant la libération d’Amerli avec des membres de milices chiites irakiennes.

Début novembre, Suleimani était à Jurf al-Sakher, ville à majorité sunnite, située à 50 km au sud de Bagdad, tenue par l’Etat islamique qui barrait la route à des millions de pèlerins se rendant, comme chaque année, dans la ville sainte chiite de Kerbala. Fin novembre, il apportait son soutien aux peshmergas à Jalawla située dans les zones pétrolières, revendiquées par la Région autonome du Kurdistan et occupées sur ordre de Massoud Barzani après la prise de Mossoul par l’EI, puis « libérée » par les djihadistes aidés par des membres de la tribu Kroui, anciens militaires dans l’armée irakienne de Saddam Hussein. La frontière avec l’Iran étant proche, l’aviation iranienne est entrée en action et l’EI s’est retiré. Mais, au final, Barzani a eu la mauvaise surprise de voir les milices chiites contester son autorité sur les territoires reconquis. L’omniprésence du général Suleimani sur le front anti-EI, et la médiatisation qui en a été faite l’ont vite transformé en « sauveur suprême » de tout ce que l’Iran possède de collaborateurs et alliés en Irak, une sorte de « Che Guevara » chiite…. Des milices chiites comme Asaib ahl al-Haq (la Ligue des Vertueux), condamnées pour des atteintes aux droits de l’homme comparables à celles de l’EI – assassinats, tortures, nettoyages ethniques – sont quasiment réhabilitées par les récits de leurs batailles contre les djihadistes. Du coup, Hadi al-Amiri, chef de la Brigade Badr, créée par l’ayatollah Khomeini pendant la guerre Iran-Irak, en photo aux côtés de Suleimani, est devenu un des dirigeants les plus puissants de la scène irakienne. Il a fait du forcing pour devenir ministre de l’Intérieur de Haidar al-Abadi, nouveau Premier ministre, mais a dû retirer sa candidature devant la levée de boucliers des quelques personnalités sunnites pro- gouvernementales. Mohammed al- Ghabban, un de ses proches a été nommé, avec son accord, à sa place. Par son intermédiaire, Amiri et le général Suleimani auront les mains libres pour constituer l’encadrement d’une « Armée populaire » dans laquelle devraient se fondre toutes les milices chiites pour ne pas laisser trop de terrain à une « Garde nationale sunnite » financée par les Etats-Unis.

Barak Obama n’est pas étranger au rappel par les Nations unies d’une décision, prise en 2007, interdisant au général Suleimani tout voyage à l’étranger. L’intéressé n’en a jamais tenu compte. Sous sa direction – outre l’Irak, la Syrie et le Liban le champ d’intervention des Forces al- Quds couvre désormais le Yémen où, avec son aide, les rebelles houtis – chiites zaïdites, c’est-à-dire ne reconnaissant que les cinq premiers imams descendants du Prophète Muhammad ont pris le contrôle de Sanaa, la capitale. Pas étonnant qu’en Iran, la popularité de Qassem Suleimani enfle crescendo. Le « martyr vivant », comme le surnomme l’ayatollah Khamenei, Guide suprême de la République islamique, pourrait être appelé à de plus hautes fonctions.

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Revue de presse

L’Occident est responsable des troubles
et de la montée du terrorisme au Moyen-Orient

Par Sofia (revue de presse : french.china.org.cn 22/12/14)*

Depuis un siècle, le Moyen-Orient a été une région profondément troublée. Ce constat n’a jamais été plus vrai que cette année, lorsqu’un groupe de terroristes extrêmement violents a formellement établi le califat de l’État islamique (EI) dans certaines parties de l’Irak et de la Syrie, montrant au monde sa brutalité et sa barbarie.

Si l’on examine le processus de création de l’EI, on constate que l’Occident est responsable de la nouvelle montée du terrorisme dans la région. Il est à noter que l’un des objectifs de l’EI est d’inverser les effets de l’accord Sykes-Picot conclu secrètement par les puissances européennes en 1916 pendant la Première Guerre mondiale. Cet accord leur avait permis de fixer librement les frontières des Etats dans leurs domaines respectifs d’influence et de contrôle au Moyen-Orient.

Ces frontières arbitraires, visant à maintenir les nations arabes divisées et dans une position de faiblesse, ont entraîné de nombreux conflits au cours des dernières décennies. Cependant, les puissances occidentales semblent s’être à peine préoccupées des douleurs et des souffrances qu’elles ont apportées aux peuples de la région. En effet, celles-ci ont poursuivi leurs politiques interventionnistes dans les affaires régionales dès qu’elles le pouvaient.

Au fil des ans, pour servir leurs propres intérêts économiques et sécuritaires au Moyen-Orient, les pays occidentaux ont soit choisi de promouvoir des changements de régime impulsés de l’extérieur dans les pays dont ils jugeaient les gouvernements pas suffisamment coopératifs, soit recouru tout simplement aux moyens militaires directement.

Dans l’ensemble du Moyen-Orient, les terres brûlent et la paix a été déchirée en lambeaux. La Libye plonge rapidement dans une guerre civile depuis que les puissances occidentales ont lancé des frappes aériennes contre le pays et ont renversé son dirigeant Mouammar Kadhafi. L’Irak est toujours engagé dans des luttes territoriales avec les militants de l’Etat islamique. Enfin, plus d’un million de Syriens ont fui leur patrie au milieu d’une guerre sanglante qui fait rage depuis des années et qui ne semble pas prête de s’achever.

En dépit des effusions de sang massives et des troubles durables qu’elles ont provoqués, les puissances occidentales essaient de faire croire au monde qu’elles ont tout fait pour promouvoir la liberté et la démocratie pour le bien de tous. C’est exactement la déclaration que le monde a entendu lorsque le gouvernement irakien de Saddam Hussein a été renversé en 2003 par les Etats-Unis, lorsque des avions de combat français et britanniques ont bombardé la Libye en 2011 et en particulier à l’heure où le bloc occidental essaie de faire destituer le président syrien Bachar al-Assad en soutenant les rebelles en Syrie.

Pourtant, les politiques interventionnistes qui ont eu des effets contraires aux buts recherchés ont prouvé que les puissances occidentales agissaient simplement pour leurs propres intérêts, et non pour les valeurs qu’elles défendent.

Pire encore, leur pure poursuite d’intérêts personnels et leur refus total d’agir en puissances mondiales responsables ont largement contribué à la naissance de l’EI aujourd’hui.

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En Irak, Washington n’a pas réussi à promouvoir la formation d’un gouvernement irakien suffisamment mixte pour parvenir à une réconciliation nationale entre les différentes confessions. A cause de cette mauvaise gestion, les problèmes les plus profonds de la nation sont restés irrésolus et des vagues d’attentats terroristes et de violences confessionnelles ont tué des dizaines de milliers d’innocents.

Lorsque le président américain Barack Obama a retiré toutes les troupes américaines d’Irak pour honorer sa promesse de campagne, il a laissé derrière lui une situation chaotique. Or, c’est précisément la situation difficile de l’Irak qui a joué un rôle dans la création de l’Etat islamique.

On estime aussi que les militants du groupe ont acquis une grande partie de leur expérience de combat lors d’une autre guerre dans laquelle l’Occident est impliquée, à savoir celle visant à renverser Bachar al-Assad en Syrie.

Ainsi, il est grand temps pour la communauté internationale d’exprimer haut et fort son opposition à l’interventionnisme militaire de l’Occident.

D’autre part, ces puissances interventionnistes devraient trouver des mesures globales et efficaces pour aider à mettre fin au chaos qu’elles ont semé et à guérir les blessures des nations traumatisées par leurs interventions pour le bien de toutes les parties concernées.

*http://french.china.org.cn/foreign/txt/2014-12/22/content_34379426.htm

Destruction du tombeau de Saddam Hussein

Le tombeau de Saddam Hussein situé à Al-Awja, son village natal près de Tikrit, a été détruit par des miliciens chiites envoyés dans la région pour lutter contre les djihadistes de l’État islamique.

Il y a un an environ, le corps de l’ancien président irakien avait été déplacé par des membres de sa tribu en un lieu secret, mais pas ceux – notamment – de ses deux fils Odaï et Qussaï, de son petit-fils Mustafa, de son demi-frère Barzan al-Tikriti et du vice-président Taha Yassine Ramadan, enterrés près

de lui. (Vidéo : http://www.liveleak.com/view?i=87a_1419781806)

Rappel: Le tombeau de Michel Aflak, fondateur du parti Baas, a également été profané par des miliciens chiites après l’invasion américaine de 2003. Il était pourtant situé dans la Zone verte, ultra-sécurisée. (A ce sujet, lire : http://www.france-irak-actualite.com/page-3997622.html)

AFI Flash

Bulletin des Amitiés franco-irakiennes Rédaction et traduction : Gilles Munier, Xavière Jardez Courriel : gilsmun@gmail.com – Portable : 06 19 74 45 99 Désabonnement à AFI Flash : cliquer sur l’adresse courriel, écrire « non » dans la partie objet, puis cliquer sur « envoyer »

 

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