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19 avril 2024

TRIBUNE LIBRE. Relations internationales: la marchandisation de la diplomatie française.


TRIBUNE LIBRE. Relations internationales: la marchandisation de la diplomatie française.

Allain Jules
 

diplomatieLe Général De Gaulle doit certainement se tourner et se retourner sans arrêt dans sa tombe depuis l’arrivée au pouvoir de l’aile la plus rétrograde du parti socialiste français. Ce héros de la libération de la France du joug nazi a toujours fait de l’indépendance de la diplomatie française un point d’honneur. Ce flambeau d’une diplomatie souveraine, Jacques Chirac l’a tenu haut pendant son magistère. Aucune pression n’est parvenue à le faire plier et suivre veulement les USA dans leur guerre en Irak. Aujourd’hui, cette indépendance de la politique étrangère française n’est qu’un vieux souvenir.

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Un observateur averti ne peut s’empêcher de se poser la question de savoir ce qui explique la position bushiste et ultra-conservatrice de la France sur les dossiers syrien et nucléaire iranien.

En effet, depuis l’accession accidentelle de François Hollande à la magistrature suprême française, il fait montre d’un alignement servile de la politique étrangère de son pays sur les intérêts d’Israël et des pays du Golfe.

Si cela ne dépendait que de lui, la Syrie aurait été attaquée sur la base de la provocation préméditée et fabriquée de toutes pièces de l’usage des armes chimiques. Même ceux qui ont la mémoire courte se rappellent que c’est au moment où des experts internationaux étaient sur le terrain pour enquêter sur l’utilisation d’armes chimiques que de telles armes furent utilisées sous leur nez.

Six objectifs étaient visés : deux immédiats, deux à moyen terme et deux à long terme.

Les deux objectifs immédiats étaient : 

  1. d’accuser Damas de faire usage d’armes chimiques, devant des experts internationaux,

  2.  d’obliger les Etats-Unis qui avaient fait de cet usage leur ligne rouge à entrer dans la guerre afin de renverser le régime Assad et livrer le pays au chaos terroriste.

Hollande, rayonnant de joie avait déjà le doigt sur la gâchette attendant l’ordre du maître américain et non l’avis du peuple français qu’il avait décidé d’ignorer « républicainement », pardon royalement. Grande a été sa déception et celle des faucons de tous bords pour ne pas dire vautours de la trempe de Valls, Fabius et BHL.

Les représentants du peuple  britannique, échaudés par le mensonge du millénaire de Bush à propos des armes de destruction massive en Irak, ont purement et simplement refusé de laisser embarquer leur pays dans une autre aventure aussi meurtrière que contre-productive. 

Les deux objectifs à moyen terme étaient :

  1. l’isolement du Hezbollah libanais qui, privé du soutien syrien serait militairement affaibli. La cinquième colonne dormante intérieure ferait alors de son désarmement face à un Israël va-t’en guerre  une condition majeure pour son acceptation sur l’échiquier politique du Liban. Que le Hezbollah accepte de désarmer ou non, plusieurs prétextes étaient déjà sur la table pour l’attaquer le moment venu et par Israël,  et par les terroristes qui auraient pris le contrôle de la Syrie et par les extrémistes libanais qui n’attendaient que leur heure.

  2. l’Iran, séparé de son allié syrien serait davantage isolé dans la mesure où l’Irak frère, confronté à une guerre sans fin aurait pu être plus facilement morcelé avec de larges zone sous contrôle de forces hostiles à Téhéran. La pression sur son programme nucléaire aurait été plus efficace et la porte serait alors largement ouverte pour freiner le progrès scientifique et technique de ce pays et plus tard à renverser son régime.

Last but not least, les deux objectifs à long terme étaient : 

  1. de redessiner la carte du monde arabo-musulman en morcelant prioritairement tout le Proche et Moyen-Orient en micro-Etats fantoches à l’image de la plupart des pays du Golfe  et mettre leurs richesses énergétiques et financières sous le contrôle de L’Occident.

  2. de priver la Russie et la Chine d’un rôle international digne de ce nom pour en faire alors des géants aux pieds d’argile obligés de s’aligner derrière l’Occident qui continue de rêver d’une domination mondiale jusqu’à la fin des temps ou de se disloquer à la longue

Devant la réalité du terrain après plus de quatre ans d’offensive sur la Syrie, beaucoup de dirigeants occidentaux ont redimensionné leur rêve, mais pas Hollande. Devant les espèces sonnantes et trébuchantes des pétromonarchies et le lobby juif qui ne parvient plus à contrôler totalement l’administration américaine, la France marchandise sa diplomatie. Elle a freiné des quatre fers pour faire capoter l’accord nucléaire iranien. Si les autres négociateurs avaient suivi la volonté française, il n’y aurait jamais eu d’accord.

Abattre le régime syrien pour réaliser les six objectifs plus haut mentionnés est toujours pour l’actuel gouvernement français un très rentable miroir aux alouettes. Voyant ce rêve s’éloigner de plus en plus, voilà que Hollande sort de son chapeau une enquête contre Assad et l’Etat syrien pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité, enquête dont les résultats sont falsifiés et connus d’avance.  

Aujourd’hui les responsables français rivalisent dans l’utilisation d’un langage aussi insultant et ordurier que mensonger à l’encontre des autorités légales et légitimes de Syrie.

Ne pouvant plus défendre la thèse du « Assad responsable à 100 % de tous les morts et blessés de Syrie y compris les soldats de l’armée régulière », voilà que Hollande revoit sa copie. Droit dans ses petits souliers et toute honte bue, il donne désormais les 20 % de responsabilité aux terroristes laissant les 80 % restants à Bachar. Par cette ineptie, il veut nous faire croire que le vrai danger ce n’est pas le terrorisme qui a sur son tableau de chasse de nombreux citoyens français innocents mais le gouvernement syrien dont le seul tort qui lui a valu cette guerre mondiale occidentalo-terroriste qui ne dit pas son nom est de veiller jalousement à l’indépendance du pays.

Représentant permanent des monarchies du Golfe et d’Israël au Conseil de sécurité et dans les négociations sur le nucléaire iranien, la France se voit payer en contrepartie. L’Arabie Saoudite lui acheté pour des milliards de dollars des armements pour elle, le Liban, l’Egypte et en secret pour d’autres pays. Les avions Rafales qui peinent à être exportés sont achetés à coût de milliards de dollars par des Etats du Golfe. Acheter directement les deux Mistrals initialement destinés à la Russie et dont aucun pays ne voulait aurait fini de mettre à nu la marchandisation de la politique étrangère française. C’est la raison pour laquelle la technique du furet est utilisée. Les navires seront livrés à l’Egypte mais tout le monde sait que le pays de d’Al Sissi n’est pas l’acheteur de diplomatie. 

Exiger aveuglément le départ du dirigeant qu’un pays aussi souverain que la France s’est choisi est la forme la plus parfaite de l’arrogance !                                    

Comment un Président aussi impopulaire que Hollande qui sera immanquablement battu par n’importe quel candidat si le PS en fait le sien peut se permettre d’exiger le départ mort ou vif, mais de préférence mort (Bachar ne mérite pas d’être sur cette terre, dixit Fabius), peut-il l’exiger ? 

Seules les monarchies rétrogrades et la Turquie néo ottomane lui font ouvertement écho. Et sans mot dire, les terroristes dont ils sont les parrains connus de tous applaudissent. Les 2500 sorties des avions de la coalition « antiterroriste » contre l’Etat Terroriste Daesh l’ont paradoxalement renforcé.

Les clichés, photomontages et autres vidéos truquées et non vérifiables que la presse meanstream sert à profusion ne sont que poudre aux yeux pour mieux manipuler l’opinion.

Et à travers cette presse, les ennemis de la Syrie autoproclamés « amis »  continuent de charger le pouvoir en place de tous les crimes possibles et imaginables. Comment un régime accusé de massacrer à grande échelle son propre peuple (depuis quand les terroristes venus des quatre coins du monde constituent-ils le peuple syrien ?) et attaqué de toutes part par des forces presque totalement étrangères peut-il résister pendant plus de quatre ans ? Que les esprits chagrins ne nous parlent pas de la présence de quelques détachements du Hezbollah. Si tel était le cas, le Viêt-Nam du Sud soutenu par des dizaines de milliers de GI’s hyper équipés ne serait jamais tombé. L’armée du Shah d’Iran, ses forces de renseignement étaient beaucoup plus puissantes que celles de la Syrie. Mais lorsque son peuple s’est soulevé contre lui, il a été balayé en un laps de temps, malgré ses puissants soutiens intérieurs et extérieurs. Et Ben Ali ! Et Moubarak !                                       

Alors trêve de mensonges et de manipulations. Ce n’est pas d’ailleurs la personne  d’Assad qui gêne sinon la République française ne l’aurait pas invité au défilé du 14 juillet 2008, essayant ainsi de l’avoir diplomatiquement dans l’escarcelle occidentale au détriment de l’Iran.

S’il avait joué le jeu, il ne serait pas aujourd’hui attaqué et qualifié de tyran, de dictateur ou de criminel. Tous les responsables syriens, répétons-le ne sont pas des frères d’Assad et on ne parle pas de la Syrie Assadite. Et quand des pétrodollars sont en jeu, les marchands de diplomatie ferment les yeux et se bouchent les oreilles sur tous les excès de leurs clients. En marketing, on nous apprend que le client est roi et quelle que soit la marchandise.

Ce qui gêne Hollande et ses partisans, c’est la souveraineté pleine et entière dont veut jouir le peuple syrien, le peuple iranien et le peuple libanais. L’on craint l’effet domino et il faut pour lui tout faire pour saper ceux qui osent tenir tête. Des rois craignant pour leurs trônes financent et s’agitent en comptant sur un hypothétique parapluie sécuritaire occidental contre leur propre peuple oubliant qu’on n’arrête pas la mer avec ses bras.

Abdel BAKAYOKO

Email : abdelbakayoko@gmail.com

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