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20 avril 2024

Normalisations israéliennes de l’Algérie.


Normalisations israéliennes de l’Algérie.

Impact24 le 04.10.2015 22:02

Par Mohamed Bouhamidi.

Notre ministre de la Culture vient d’exiger de Merzak Allouache le remboursement des aides reçues du gouvernement algérien pour son film qui a participé à un festival organisé en Israël.

Demande absurde.

Il avait, à propos de la participation de Lyès Salem au festival d’Ashdod,(1) annoncé sa velléité d’introduire une clause de remboursement des aides pour tout film financé en partie par l’Algérie.

Cette clause n’existe donc pas encore.

Existerait-elle, le ministère ne pourrait quand-même pas poursuivre des entreprises françaises qui ont obtenu des financements algériens pour leurs films, comme pour L’Oranais et de bien d’autres, car relevant des juridictions françaises, tel que stipulé dans l’accord de coproduction algéro-français. (2)

Le ministre sera contraint de comprendre qu’en signant cet accord, le gouvernement algérien a désarmé notre Etat.

D’autres accords avaient déjà désarmé notre Etat au plan économique, politique, etc. particulièrement l’Accord d’Association avec l’Union Européenne dont les clauses de révision relèvent au mieux de l’ornement esthétique.

Le contenu néocolonial de cet acte liant notre cinéma aux perceptions françaises ne pouvait échapper à la vigilance de toutes les structures de l’Etat concernées par la coopération internationale. Il reflète, donc, leur option commune pour séparer l’idée de culture de l’idée de Nation et de société, vision consensuelle qui unissait tous les courants de pensée de Ahmed Taleb à Mostefa Lacheraf, en passant par M.S. Benyahia, R. Malek, A. Meziane, B. Bessaïeh et toutes les élites.

Le projet des réformes vers une économie de marché, donc une économie capitaliste assumée avec ses inégalités et injustices, ne pouvait accepter l’idée d’une culture au service du peuple. Ni d’une action culturelle au service de la Nation, contraire au choix d’une mondialisation sans réserve ni garde-fou et d’une économie livrée au bon vouloir des I.D.E.

Déjà, le gouvernement de M. Hamrouche a voulu verser le sport et la culture dans le secteur marchand. Cela se réalisera pour la culture dans les années 2000, quand l’argent versé sans compter a gagné les acteurs culturels, pourvu qu’ils en reçoivent des miettes, à l’option de mettre l’action du ministère au service du profit des entreprises, avec les passe-droits, les conflits d’intérêts, le réseautage et les coteries, l’interpénétration des promoteurs privés et des fonds de l’Etat etc.

Ce choix de la déterritorialisation de la culture poussait vers le cosmopolitisme et la promotion de la «réussite parisienne» ou «germanopratine» comme critère unique et dénationalisé de la réussite.

Si notre ministre de la Culture veut réellement retrouver les chemins d’un retour vers une culture nationale, il doit s’attaquer à ces questions de fond et s’interroger sur les ressorts profonds et lointains de cette influence hégémonique des cercles français dans notre secteur de la culture. Pas s’en prendre à Merzak Allouache.

Il doit s’interroger sur les raisons qui font que ces aides pour le livre, le cinéma, etc. ne sont pas encadrées par un texte contraignant qui les mette au seul service des besoins algériens de l’enfance, la jeunesse, la promotion du patrimoine, la connaissance de notre histoire plurimillénaire etc.

La demande de remboursement adressée à Merzak Allouache cache très mal que la normalisation avec Israël trouve ses sources à l’intérieur des options mondialistes du pouvoir et ses champions à l’intérieur des structures gouvernementales et de ses obscures commissions qui échappent à tout contrôle et à tout encadrement.

La normalisation avec Israël n’est pas une option de l’opposition mais l’option partagée par des secteurs de l’opposition et des secteurs du pouvoir.

En refusant les injonctions du pouvoir, Merzak Allouache vient de le mettre face à ses indignations affectées et ses démissions réelles.

Pour certains défenseurs algériens de la cause palestinienne et du boycott d’Israël, Merzak Allouache a le droit indiscutable et sans restriction de produire les œuvres qu’il veut et les montrer où il veut. Ils entendent interpeller le seul pouvoir dont on ne sait plus «qui est son idéologue» comme vient de le rappeler avec brio et avec raison la dernière chronique de Omar Benbekhti (3)?

M.B

1- http://www.lexpressiondz.com/culture/lecran_libre/216788-voila-pourquoi-l-oranais-est-programme-en-israel.html

2-http://www.joradp.dz/FTP/jo-francais/2008/F2008064.pdf

3- http://www.impact24.info/qui-est-lideologue-du-systeme-algerien/

source : http://www.impact24.info/normalisations-israeliennes-de-lalgerie/

Tag(s) : #Palestine – Boycott culturel d’Israël
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