Silence et embarras. Habituellement prompts à saisir la balle au bond – surtout lorsqu’ils sont en campagne électorale -, les responsables israéliens ne réagissent pas à la publication de plusieurs rapports rédigés par la Fnuod (une force de Casques bleus stationnée sur le plateau du Golan depuis 1974) décrivant la situation sur le terrain. Car ces documents confirment que des officiers de l’Etat hébreu entretiennent des contacts suivis avec certains des groupes rebelles combattant le régime d’Al-Assad. Parmi lesquels des islamistes du Front al-Nusra, la branche syrienne d’Al-Qaeda.

Soins. Certes, depuis 2013, la porte-parole de Tsahal publie régulièrement des communiqués affirmant que des civils et des rebelles syriens blessés sont hospitalisés de l’autre côté de la ligne de démarcation. A partir de 2014, Israël a d’ailleurs autorisé plusieurs équipes de télévision à interviewer ces personnes – uniquement des civils – et à filmer une partie des soins qui leur étaient prodigués dans les hôpitaux de Haïfa, de Tibériade et de Safed.

Mais les rapports de la Fnuod adressés aux quinze membres du Conseil de sécurité sont d’une autre facture que cette opération de propagande : ils révèlent que les rencontres entre militaires israéliens et rebelles syriens sont quasi quotidiennes depuis au moins dix-huit mois. Ces notes d’observation démontrent qu’un dialogue s’est instauré entre les deux parties le long de la ligne de séparation entre la Syrie et la partie du Golan occupée par Israël. Du 1er mars au 31 mai 2014, les Casques bleus ont ainsi comptabilisé 59 réunions.

Dans la foulée, ils ont constaté qu’en certaines occasions, Tsahal transfère des caisses aux rebelles, comme ce fut le cas le 10 juin. Que contenaient-elles ? Mystère. A deux occasions la Fnuod a aussi observé que des officiers israéliens faisaient pénétrer des rebelles en bon état de santé sur le territoire de l’Etat hébreu. Où se rendaient-ils ? Pour discuter avec qui ? Dans ce cas également, il n’y a pas de réponse. La majorité des contacts observés se sont déroulés à proximité d’un poste de la Fnuod surnommé «Point 85». Ce n’est plus le cas aujourd’hui puisque la situation militaire s’est dégradée sur le Golan et que les Casques bleus y sont moins présents depuis l’enlèvement de 45 d’entre eux par le Front al-Nusra entre le 28 août et le 10 septembre.

Rumeurs. Les médias contrôlés par le régime syrien accusent régulièrement les rebelles d’être «aux ordres de l’occupant sioniste». Dans les milieux israéliens du renseignement, des rumeurs selon lesquelles l’Etat hébreu aiderait certains groupes combattants de façon active circulent également depuis le début de la guerre civile syrienne. Des cours de formation et des livraisons d’armes ont parfois été évoqués, mais rien n’a jamais été démontré.

Nissim Behar Intérim à Tel-Aviv