Une fois empoché le prix Nobel de la paix, en octobre 2009, Barack Obama se rangeait, un an et demi plus tard, aux côtés du belliqueux Nicolas Sarkozy et de David Cameron pour renverser des régimes considérés comme indésirables, punir les peuples et détruire les pays trop développés de l’Afrique du Nord et du monde arabe.
Les guerres états-uniennes à répétition ayant plongé l’Irak dans le chaos, le président de la monarchie élective française, Nicolas Sarkozy, armé de tous les pouvoirs que lui donnait la Constitution, épaulé par des médias mainstream qui relayaient amplement les informations dictées par les monarchies les plus arriérées du Globe, ne voudrait pas être en reste. À partir de la mi- février 2011, tous les prétextes seraient bon pour abattre l’État des masses libyen.
Suite à une intervention de Saïf al-Islam Gaddhafi à la télévision libyenne, dans la nuit du 20 au 21, des bandes armées mettaient le feu à des bâtiments officiels, dont la Maison du Peuple, à Tripoli. Le lendemain 22, la présidente tunisienne de la FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme), Souhayr Belhassen, affirmait sur la chaîne de télévision Arte :
“Écoutez, comme vous le savez, en Libye, c’est très très difficile d’avoir des informations. Mais ce que nous savons, c’est que il y a une morgue près de l’hôpital principal de Tripoli, qui est aménagée dans une école et qui contient 450, 450 cadavres, qui contiendrait 450 cadavres. Bien évidemment, rien n’est vérifiable : ce sont évidemment des sources fiables, sûres, mais, est-ce que, c’est très très difficile de vérifier l’information.”
(Je reprends, ici, la transcription de l’intervention telle qu’elle se trouve dans mon ouvrage La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011), Éditions Paroles Vives 2014, page 491.)
Et puis, la voici qui pique au vif les chefs des États européens qui ne parlent pas encore d’intervenir en Libye…
“Donc, les intérêts économiques et les intérêts financiers des Européens ont toujours prévalu par rapport à Kadhafi et, aujourd’hui, je crois que c’est le peuple libyen qui paie la facture”. » (Idem.)
Le peuple libyen a effectivement payé, de mars à octobre 2011, et, quatre ans après, il paie toujours la facture des bombes occidentales appelées sur son pays par la présidente de la FIDH, Souhayr Belhassen. Cette dernière, journaliste de métier, sera tout d’abord récompensée pour sa parfaite collaboration avec l’État français et sa probité exemplaire… Elle sera décorée par le successeur de Nicolas Sarkozy, François Hollande, de l’insigne de Chevalier de la Légion d’honneur en novembre 2012.
Aujourd’hui, autre nouvelle, plus fracassante encore… Quatre organisations tunisiennes viennent de se voir décerner le prix Nobel de la paix 2015 : l’Ordre des avocats, l’organisation patronale UTICA (Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat), le très contradictoire syndicat UGTT (Union Générale Tunisienne du Travail), et la LTDH (Ligue tunisienne des droits de l’homme) dont… Souhayr Belhassen a été vice-présidente et dont elle reste la porte-parole privilégiée.
Quatre ans après le printemps arabe, qui a plongé les populations dans un bain de sang, qu’en est-il de la Tunisie, de l’Égypte, de la Libye, de la Syrie ? Les deux premiers pays ont perdu toute souveraineté ; les deux derniers, transformés en champs de ruines, avec l’appui sans modération de la FIDH, de la Ligue libyenne des droits de l’homme dont le siège était en Suisse et de l’Observatoire syrien des droits de l’homme qui observait depuis Londres, sont toujours à feu et à sang. Pour fuir les tortures et les bombes, des familles s’embarquent sur des bateaux qui vont à la dérive jusqu’à faire, de la mer Méditerranée, un gigantesque mouroir.
Le prix Nobel de la paix, sera-t-il attribué, l’année prochaine, à Nicolas Sarkozy?
(Pour l’ouvrage mentionné plus haut, se référer à: http://www.francoisepetitdemange.sitew.fr )
Françoise Petitdemange