Abdelaziz Belkhoja: Un an après les élections, BCE enfonce la Tunisie et redresse Ennahdha.
22 octobre 2015
ITRI : INSTITUT TUNISIEN DES RELATIONS INTERNATIONALES
Abdelaziz Belkhoja: Un an après les élections, BCE enfonce la Tunisie et redresse Ennahdha.
Publié par Candide le 22 octobre 2015 dans Actualités, Chroniques, Tunisie, USA
Nida et Béji Caïd Essebsi furent élus pour une raison très précise : remettre debout un pays saccagé par Ennahdha.
Un an après, le constat est plus qu’amer : le pays et le parti sont par terre, Ennahdha est plus debout que jamais.
Comment en est-on arrivé là?
En 2014, militants et responsables de Nida affichaient fièrement le programme socio-politique du parti, rédigé par des légions de spécialistes. Pourtant, cette fierté légitime a fait place au triomphe des contrebandiers, à l’impunité des mafieux, des terroristes et des corrompus et à l’absence totale de réformes ou de relance.
La raison ?
Au lieu de nommer à la tête du gouvernement un homme à poigne ayant assez de personnalité, d’entregent et d’intelligence, Béji Caïd Essebsi, à la surprise de tout le monde et encore plus de son propre parti, a nommé un homme sans vision ni idées ni charisme, un exécutant qui affiche publiquement sa « bonne conscience » alors qu’il n’a même pas été capable de combattre les poubelles ni les moustiques, sans parler de la maffia, du terrorisme, ou encoredu chômage et de la crise.
Où est passé le programme ? Où sont passés les grands projets ? Habib Essid n’a pas eu la capacité de les aborder, tout simplement. Un chef à l’image de son administration aux procédures ridicules et à mille lieues d’une conscience nationale. Un homme à peine apte à faire des « visites surprises », une vieille habitude portée aux nues par Zine El Abidine Ben Ali, que plus personne n’ose moquer aujourd’hui, tellement le pays s’est enlisé dans la fange depuis son départ.
Quand on demande le pourquoi, on nous répond : « Béji Caïd Essebsi a voulu nommer un exécutant pour pouvoir diriger ». Sauf que rien n’a été ordonné à l’exécutant. La Présidence a augmenté ses effectifs, mais abandonné tout son pouvoir, même sa direction des Grands Projets, jugée dictatoriale. Même les conseillers du président se comptent sur les doigts de deux mains. Bref, il y a donc un exécutant sans plan à exécuter, et c’est exactement ce qui se passe.
Alors qui gère le pays?
Le pays n’est pas gouverné, encore moins géré. Il y a une « organisation » qui fait la pluie et le beau temps. Elle est composée de :
– politiciens véreux issus des deux grandes formations politiques,
– d’ « hommes d’affaires » ayant sucé les banques nationales, véritables colonne vertébrale de l’économie du pays. L’Etat veut aujourd’hui amender ces affairistes, les prenant pour des entrepreneurs car il croit, dans son extrême naïveté, que ce sont ces profiteurs qui vont sauver l’économie.
– de patrons de médias, qui « font l’événement » selon leurs intérêts et ceux de leurs bailleurs de fonds,
– de hauts cadres pourris de la police, de la douane, de la Justice et des prisons,
– de chefs de milices libyennes et de groupes terroristes tunisiens,
– d’agents de Renseignement d’ambassades étrangères.
Cette organisation mafieuse s’est assurée l’impunité parce qu’elle est intervenue à tous les niveaux, depuis 2012, dans l’envoi des jihadistes en Syrie et dans le trafic de l’argent sale et des armes. Les liens qui se sont noués et qui ont produit des fortunes énormes sont très forts et ils ont même joui, à un certain moment, de la protection de puissances étrangères profondément impliquées dans le terrorisme en Syrie.
Aujourd’hui, c’est cette même nébuleuse qui prépare le retour des milliers de terroristes obligés de quitter la Syrie à cause des bombardements russes et que les monarchies pétrolières veulent éloigner de leur territoire.
Avec l’arrivée du nouveau pouvoir, en 2015, pourquoi le système est-il resté en place?
Le système s’est enraciné dans l’Administration avec, principalement, les nouvelles recrues d’Ennahdha, placées dans tous les ministères pour protéger son Etat dans l’Etat. Exemples :
– Banque Centrale (empêcher les contrôles des mouvements financiers et protéger les corrompus),
– Justice (libérer les protégés du réseau capturés par des policiers non soumis)
– Police (éloigner les capacités, protéger les réseaux),
– Douane (protéger les trafics),
– Agriculture (gardes forestiers dans les zones frontalières pour protéger les terroristes) etc. plus de 150 000 fonctionnaires ont été placés par Ennahdha pour assurer sa main mise sur le pays.
Ennahdha est-elle souveraine sur ce système? Non.
Les réseaux que nous venons de voir, impliqués dans toutes les affaires (terrorisme, grèves, trafics, assassinats politiques) ont cependant une obligation : aider Ennahdha à exécuter la stratégie qui se décide au-dessus d’elle, par des services secrets occidentaux et orientaux (CIA, Qatar, Turquie, etc…) et dont l’objectif est très clair : renforcer les islamistes de Libye, de Tunisie, d’Algérie et d’Egypte et défendre la politique étrangère des Frères Musulmans qui, un cran au dessus, sert celle de l’Otan. En effet, dans cette ambiance de nouvelle Guerre Froide, très dangereuse pour l’équilibre existant, l’Otan veut absolument détacher l’Algérie de ses liens avec la Russie (d’où les problèmes actuels qui secouent la superstructure algérienne), et aussi empêcher tout rapprochement sérieux entre la Russie et la Tunisie d’où le sabotage systématique de toutes les initiatives tuniso-russes.
C’est ainsi qu’en Tunisie, cette mafia ne trouve devant elle aucune résistance. Le chef du gouvernement Habib Essid ne fait rien pour la contenir, au contraire, il a été plusieurs fois averti par de hauts cadres administratifs honnêtes et nationalistes, mais il a refusé d’intervenir. La vérité est que ces problèmes le dépassent. Il n’est pas conscient d’être, constitutionnellement, le chef du gouvernement. Il va même, pour les plus simples décisions, demander l’accord d’Ennahdha à laquelle il a abandonné, entre autres départements, la Justice et la Diplomatie tunisienne ,avec, en prime, l’immobilisme total du ministre des Affaires Etrangères qui, carrément, parle du retour des terroristes.
Le rôle de Béji Caïd Essebsi dans tout ça?
Lui aussi a fait allégeance à l’Otan. Non seulement à cause de l’intégration, récente de la Tunisie comme « allié non membre de l’Otan », mais surtout à cause de son rôle en 2011, en tant que Chef du Gouvernement, dans l’attaque contre la Libye. Béji Caïd Essebsi est donc le plus mal placé, aujourd’hui, pour s’élever contre les amis de ses amis, contre l’Etat dans l’Etat mis en place par Ennahdha.
Pourtant, le retournement de situation est aujourd’hui légitime, car si, à l’époque, la Tunisie défendait sa propre survie en épousant les intérêts de l’Otan, aujourd’hui, elle fait le contraire car elle se positionne en fournisseur de terroristes qui risquent, d’un jour à l’autre, de la jeter dans le chaos.
C’est pour cette raison que tout le monde, après les élections, espérait un changement diplomatique avec un rétablissement complet des rapports avec la Syrie et une alliance offensive avec la Russie. Béji Caïd Essebsi avaitla possibilité politique et diplomatique de renier une alliance qu’il avait conclue pour défendre la Tunisie mais qui est devenue négative pour le pays.
Mais, comme nous l’avons vu, c’est le contraire qui a été fait, la Tunisie s’est encore plus rapprochée d’un Otan qui instrumentalise nos terroristes et elle a rejeté toutes les invitations de la Russie alors que cette dernière triomphe diplomatiquement dans le sens des intérêts vitaux de la Tunisie.
Voilà donc le bilan d’une année au pouvoir de Nida et du Président Béji Caïd Essebsi. L’échec absolu du chef du Gouvernement Habib Essid et de ses ministres, non seulement dans la gestion de l’Etat, mais aussi sur les gros dossiers que l’on vient de citer et qui touchent à l’honneur, la souveraineté et l’intégrité de la Tunisie.
Mais il serait injuste de blâmer, sur ces dossiers, un Habib Essid qui ne les maîtrise pas et qui sont de la compétence du Président de la République, véritable chef de la diplomatie et de la sécurité du pays, et qui laisse ces deux domaines vitaux aux mains d’une mafia, alors que l’écrasante majorité des Tunisiens, au fait de toutes ces histoires, ne cesse d’exiger de la poigne dans la défense du pays.
Existe-t-il pour autant des solutions ?
Oui. Nommer un Chef du Gouvernement apte à tenir son rôle, le choisir sur la base d’un projet général de remise sur pied du pays intégrant, en premier lieu, un ministre de l’Intérieur, un ministre des Affaires Etrangères et un ministre de la Défense possédant non seulement une conscience nationale mais aussi une vision de leur mission.
Enfin, un ministre de l’économie qui a des objectifs précis, non des objectifs de rigueur, mais de développement. Notons que le département de l’économie, le plus important dans les circonstances actuelles, est toujours vacant.
Béji Caïd Essebsi aura-t-il la conscience politique nécessaire pour reconnaître son échec et la nécessité de repartir d’un bon pied ?
Telle est la question.
Abdelaziz Belkhoja
Tunis le 22/10/2015
Abdelaziz Belkhodja: Lettre ouverte aux Tunisiens responsables
https://tunisitri.wordpress.com/tag/abdelaziz-belkhodja/
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Publié par Candide le 22 octobre 2015 dans Actualités, Chroniques, Tunisie, USA
bellkoja belkojaUn an après les élections : BCE enfonce la Tunisie et redresse Ennahdha.
Nida et Béji Caïd Essebsi furent élus pour une raison très précise : remettre debout un pays saccagé par Ennahdha.
Un an après, le constat est plus qu’amer : le pays et le parti sont par terre, Ennahdha est plus debout que jamais.
Comment en est-on arrivé là?
En 2014, militants et responsables de Nida affichaient fièrement le programme socio-politique du parti, rédigé par des légions de spécialistes. Pourtant, cette fierté légitime a fait place au triomphe des contrebandiers, à l’impunité des mafieux, des terroristes et des corrompus et à l’absence totale de réformes ou de relance.
La raison ?
Au lieu de nommer à la tête du gouvernement un homme à poigne ayant assez de personnalité, d’entregent et d’intelligence, Béji Caïd Essebsi, à la surprise de tout le monde et encore plus de son propre parti, a nommé un homme sans vision ni idées ni charisme, un exécutant qui affiche publiquement sa « bonne conscience » alors qu’il n’a même pas été capable de combattre les poubelles ni les moustiques, sans parler de la maffia, du terrorisme, ou encoredu chômage et de la crise.
Où est passé le programme ? Où sont passés les grands projets ? Habib Essid n’a pas eu la capacité de les aborder, tout simplement. Un chef à l’image de son administration aux procédures ridicules et à mille lieues d’une conscience nationale. Un homme à peine apte à faire des « visites surprises », une vieille habitude portée aux nues par Zine El Abidine Ben Ali, que plus personne n’ose moquer aujourd’hui, tellement le pays s’est enlisé dans la fange depuis son départ.
Quand on demande le pourquoi, on nous répond : « Béji Caïd Essebsi a voulu nommer un exécutant pour pouvoir diriger ». Sauf que rien n’a été ordonné à l’exécutant. La Présidence a augmenté ses effectifs, mais abandonné tout son pouvoir, même sa direction des Grands Projets, jugée dictatoriale. Même les conseillers du président se comptent sur les doigts de deux mains. Bref, il y a donc un exécutant sans plan à exécuter, et c’est exactement ce qui se passe.
Alors qui gère le pays?
Le pays n’est pas gouverné, encore moins géré. Il y a une « organisation » qui fait la pluie et le beau temps. Elle est composée de :
– politiciens véreux issus des deux grandes formations politiques,
– d’ « hommes d’affaires » ayant sucé les banques nationales, véritables colonne vertébrale de l’économie du pays. L’Etat veut aujourd’hui amender ces affairistes, les prenant pour des entrepreneurs car il croit, dans son extrême naïveté, que ce sont ces profiteurs qui vont sauver l’économie.
– de patrons de médias, qui « font l’événement » selon leurs intérêts et ceux de leurs bailleurs de fonds,
– de hauts cadres pourris de la police, de la douane, de la Justice et des prisons,
– de chefs de milices libyennes et de groupes terroristes tunisiens,
– d’agents de Renseignement d’ambassades étrangères.
Cette organisation mafieuse s’est assurée l’impunité parce qu’elle est intervenue à tous les niveaux, depuis 2012, dans l’envoi des jihadistes en Syrie et dans le trafic de l’argent sale et des armes. Les liens qui se sont noués et qui ont produit des fortunes énormes sont très forts et ils ont même joui, à un certain moment, de la protection de puissances étrangères profondément impliquées dans le terrorisme en Syrie.
Aujourd’hui, c’est cette même nébuleuse qui prépare le retour des milliers de terroristes obligés de quitter la Syrie à cause des bombardements russes et que les monarchies pétrolières veulent éloigner de leur territoire.
Avec l’arrivée du nouveau pouvoir, en 2015, pourquoi le système est-il resté en place?
Le système s’est enraciné dans l’Administration avec, principalement, les nouvelles recrues d’Ennahdha, placées dans tous les ministères pour protéger son Etat dans l’Etat. Exemples :
– Banque Centrale (empêcher les contrôles des mouvements financiers et protéger les corrompus),
– Justice (libérer les protégés du réseau capturés par des policiers non soumis)
– Police (éloigner les capacités, protéger les réseaux),
– Douane (protéger les trafics),
– Agriculture (gardes forestiers dans les zones frontalières pour protéger les terroristes) etc. plus de 150 000 fonctionnaires ont été placés par Ennahdha pour assurer sa main mise sur le pays.
Ennahdha est-elle souveraine sur ce système? Non.
Les réseaux que nous venons de voir, impliqués dans toutes les affaires (terrorisme, grèves, trafics, assassinats politiques) ont cependant une obligation : aider Ennahdha à exécuter la stratégie qui se décide au-dessus d’elle, par des services secrets occidentaux et orientaux (CIA, Qatar, Turquie, etc…) et dont l’objectif est très clair : renforcer les islamistes de Libye, de Tunisie, d’Algérie et d’Egypte et défendre la politique étrangère des Frères Musulmans qui, un cran au dessus, sert celle de l’Otan. En effet, dans cette ambiance de nouvelle Guerre Froide, très dangereuse pour l’équilibre existant, l’Otan veut absolument détacher l’Algérie de ses liens avec la Russie (d’où les problèmes actuels qui secouent la superstructure algérienne), et aussi empêcher tout rapprochement sérieux entre la Russie et la Tunisie d’où le sabotage systématique de toutes les initiatives tuniso-russes.
C’est ainsi qu’en Tunisie, cette mafia ne trouve devant elle aucune résistance. Le chef du gouvernement Habib Essid ne fait rien pour la contenir, au contraire, il a été plusieurs fois averti par de hauts cadres administratifs honnêtes et nationalistes, mais il a refusé d’intervenir. La vérité est que ces problèmes le dépassent. Il n’est pas conscient d’être, constitutionnellement, le chef du gouvernement. Il va même, pour les plus simples décisions, demander l’accord d’Ennahdha à laquelle il a abandonné, entre autres départements, la Justice et la Diplomatie tunisienne ,avec, en prime, l’immobilisme total du ministre des Affaires Etrangères qui, carrément, parle du retour des terroristes.
Le rôle de Béji Caïd Essebsi dans tout ça?
Lui aussi a fait allégeance à l’Otan. Non seulement à cause de l’intégration, récente de la Tunisie comme « allié non membre de l’Otan », mais surtout à cause de son rôle en 2011, en tant que Chef du Gouvernement, dans l’attaque contre la Libye. Béji Caïd Essebsi est donc le plus mal placé, aujourd’hui, pour s’élever contre les amis de ses amis, contre l’Etat dans l’Etat mis en place par Ennahdha.
Pourtant, le retournement de situation est aujourd’hui légitime, car si, à l’époque, la Tunisie défendait sa propre survie en épousant les intérêts de l’Otan, aujourd’hui, elle fait le contraire car elle se positionne en fournisseur de terroristes qui risquent, d’un jour à l’autre, de la jeter dans le chaos.
C’est pour cette raison que tout le monde, après les élections, espérait un changement diplomatique avec un rétablissement complet des rapports avec la Syrie et une alliance offensive avec la Russie. Béji Caïd Essebsi avaitla possibilité politique et diplomatique de renier une alliance qu’il avait conclue pour défendre la Tunisie mais qui est devenue négative pour le pays.
Mais, comme nous l’avons vu, c’est le contraire qui a été fait, la Tunisie s’est encore plus rapprochée d’un Otan qui instrumentalise nos terroristes et elle a rejeté toutes les invitations de la Russie alors que cette dernière triomphe diplomatiquement dans le sens des intérêts vitaux de la Tunisie.
Voilà donc le bilan d’une année au pouvoir de Nida et du Président Béji Caïd Essebsi. L’échec absolu du chef du Gouvernement Habib Essid et de ses ministres, non seulement dans la gestion de l’Etat, mais aussi sur les gros dossiers que l’on vient de citer et qui touchent à l’honneur, la souveraineté et l’intégrité de la Tunisie.
Mais il serait injuste de blâmer, sur ces dossiers, un Habib Essid qui ne les maîtrise pas et qui sont de la compétence du Président de la République, véritable chef de la diplomatie et de la sécurité du pays, et qui laisse ces deux domaines vitaux aux mains d’une mafia, alors que l’écrasante majorité des Tunisiens, au fait de toutes ces histoires, ne cesse d’exiger de la poigne dans la défense du pays.
Existe-t-il pour autant des solutions ?
Oui. Nommer un Chef du Gouvernement apte à tenir son rôle, le choisir sur la base d’un projet général de remise sur pied du pays intégrant, en premier lieu, un ministre de l’Intérieur, un ministre des Affaires Etrangères et un ministre de la Défense possédant non seulement une conscience nationale mais aussi une vision de leur mission.
Enfin, un ministre de l’économie qui a des objectifs précis, non des objectifs de rigueur, mais de développement. Notons que le département de l’économie, le plus important dans les circonstances actuelles, est toujours vacant.
Béji Caïd Essebsi aura-t-il la conscience politique nécessaire pour reconnaître son échec et la nécessité de repartir d’un bon pied ?
Telle est la question.
Abdelaziz Belkhoja
Tunis le 22/10/2015
Abdelaziz Belkhodja: Lettre ouverte aux Tunisiens responsables
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