La Troisième Guerre mondiale débutera-t-elle au Proche-Orient ?
24 octobre 2015
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Nous assistons aujourd’hui, en Syrie, à une confrontation entre les deux camps que j’identifiais dans ces mêmes colonnes dans un article datant du 5 juillet dernier ; à savoir le bloc islamo-orthodoxe représenté par la Russie, la Syrie, le Hezbollah et l’Iran (mais aussi la Chine en arrière-plan), tenant tête à l’alliance judéo-wahhabo-protestante regroupant les États-Unis (et ses vassaux européens), Israël et les pétromonarchies du Golfe.
Si ce que j’écrivais hier à propos de cette « quasi-guerre mondiale » paraissait purement théorique, voire surréaliste aux yeux de certains, depuis l’entrée directe de la Russie sur le théâtre de guerre syrien, cette thèse est devenue subitement réaliste.
Les consommateurs d’informations ayant la mémoire courte, il est utile de rappeler que nous avions frôlé une conflagration mondiale en septembre 2013 lorsque les navires de guerre américains, au large des côtes syriennes, s’apprêtant à bombarder le pays de Shâm, furent stoppés net par les Russes lors d’un face-à-face sous haute tension.
Après que l’attention de l’ours russe eut été détournée par l’allumage d’un feu à sa porte ukrainienne seulement deux mois après le coup d’arrêt à l’intervention américaine, Daech fut formé – ses cadres dirigeants l’ont organisé dans une prison américaine au sud de l’Irak – et bien équipé en armes américaines « accidentellement » larguées à leur intention, pour terminer le travail que la coalition atlantiste n’a pu achever.
Car il faut le redire, un des rôles du terrorisme est l’affaiblissement et/ou la destruction des ennemis des États-Unis et d’Israël : la Russie (via le terrorisme en Tchétchénie), la Libye, l’Irak, la Syrie, l’Algérie, le Yémen…
L’intervention russe en Syrie, en plus d’opérer un grand nettoyage méthodique, a eu le mérite de mettre en évidence la duplicité des Américains – qui accusent Poutine, sans rire, de frapper les rebelles (terroristes) modérés -, des Turcs, mais aussi des Israéliens, qui voient d’un très mauvais œil la destruction de leur outil géostratégique.
Netanyahou s’est précipité en Russie avec l’état-major israélien pour tenter d’obtenir (en vain) de Poutine, entre autres choses, la garantie qu’il pourra continuer à survoler et bombarder la Syrie, comme il le fait depuis le début du conflit syrien, tandis qu’Israël ouvrait grand les portes de ses hôpitaux aux terroristes, notamment à Safed. D’ailleurs, le très compatissant Premier ministre israélien s’était rendu au chevet de terroristes blessés.
La concentration des grandes puissances militaires au Proche-Orient, les tensions exacerbées par les sanctions économiques contre la Russie et la politique de containment visant cette dernière et le géant chinois, et la tentative israélienne de déclencher une troisième Intifada pourraient sans doute être le prélude à une Troisième Guerre mondiale.
Il est peu probable qu’Obama laisse les forces qui poussent en avant les États-Unis déclencher cette guerre alors que son mandat touche à sa fin. Mais l’arrivée de la très belliqueuse Hillary Clinton ou d’un républicain, quel qu’il soit, à la Maison-Blanche pourrait allumer l’ultime mèche.