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19 avril 2024

Syrie/Iran: Vladimir Poutine a dit…


Syrie/Iran: Vladimir Poutine a dit…

Publié par Gilles Munier sur 27 Octobre 2015, 10:32am

Catégories : #Syrie

Syrie/Iran: Vladimir Poutine a dit…

Revue de presse : Le Courrier de Russie – 26/10/15*

Extraits du discours de Vladimir Poutine au Forum de Valdaï (22/10/15):

« Il y a 50 ans déjà, à Léningrad, la rue m’a appris une règle : si la bagarre s’avère inévitable, il faut frapper le premier. Et la menace de frappes terroristes en Russie n’est pas devenue plus importante – ni moins – du fait de notre opération militaire en Syrie : je peux vous en assurer… »

« La force militaire sera longtemps encore un instrument de politique internationale »

Chers collègues, soyons réalistes : la force militaire restera évidemment, et pour longtemps encore, un instrument de politique internationale. On peut le déplorer ou s’en réjouir, mais c’est un fait. La question est ailleurs : ne sera-t-elle utilisée que lorsque tous les autres moyens auront été épuisés ? Quand il faut affronter des menaces comme le terrorisme, par exemple, et selon les règles établies du droit international ? Ou bien montrera-t-on le poing en toute occasion, simplement pour rappeler au monde qui est le chef à la maison, sans s’interroger sur la légitimité de l’emploi de la force ni sur ses conséquences, et sans régler les problèmes mais, à l’inverse, en les multipliant ?

« Il ne faut pas séparer les terroristes entre modérés et radicaux »

On voit ce qui se passe aujourd’hui au Proche-Orient. L’organisation terroriste État islamique a pris le contrôle de territoires immenses. Comment ? Réfléchissez seulement : si elles avaient pris Damas ou Bagdad, les bandes terroristes auraient quasiment obtenu le statut de pouvoir officiel et créé une place d’armes pour leur expansion mondiale. Est-ce que quelqu’un pense à cela ? Il est temps que toute la communauté internationale comprenne enfin à quoi nous avons affaire. Nous sommes face à un ennemi de la civilisation, de l’humanité et de la culture mondiale, porteur d’une idéologie de haine et de barbarie, qui foule aux pieds la morale et les valeurs des religions mondiales, y compris de l’islam, en le compromettant.

Et il ne faut pas jouer avec les mots, séparer les terroristes entre modérés et radicaux. On voudrait comprendre où se situe la différence. Peut-être, pour certains spécialistes, les bandits modérés ne décapitent-ils les enfants qu’en nombre modéré ou selon des méthodes tendres ? On ne se débarrassera pas de ces terroristes, et c’est une illusion de croire qu’on pourra en venir à bout par la suite, les éloigner du pouvoir ou s’entendre avec eux d’une quelconque façon.

« L’opération militaire russe en Syrie est totalement légitime »

Nous comprenons bien que les combattants qui se battent dans au Proche-Orient constituent une menace pour tous, y compris pour nous, pour la Russie. Notre pays sait ce qu’est une agression terroriste, nous savons ce qu’ont fait les bandits dans le Nord Caucase. Nous nous souvenons des attentats terroristes à Bouddionovsk, à Moscou, à Beslan, dans d’autres villes de Russie. La Russie a toujours combattu le terrorisme, sous toutes ses manifestations.

Après que les autorités syriennes officielles nous ont demandé de l’aide, nous avons décidé de lancer une opération militaire dans ce pays. Je le souligne de nouveau : cette opération est totalement légitime, et son seul but est de contribuer au rétablissement de la paix. Et je suis certain que l’action des soldats russes aura une influence positive sur la situation et aidera les autorités officielles à créer les conditions nécessaires pour se diriger vers une régulation politique et frapper de façon préventive les terroristes qui menacent aussi notre pays, la Russie. Et aider de cette façon tous les pays et les peuples qui se trouveront en danger si les terroristes rentrent chez eux.

« Il n’y a pas de menace nucléaire iranienne »

Il ne faut pas créer des emplois qui, par leur nature, représentent une menace pour toute l’Humanité. Créons plutôt des emplois dans la sphère de la biologie, de la pharmaceutique, des hautes technologies non liées à la production d’armes.

Je vous assure que les spécialistes américains des secteurs de la sécurité et des armements stratégiques se rendent parfaitement compte que leur travail menace le potentiel militaire russe. Et tout ce système est créé pour réduire à néant les potentiels de tous les autres États possédant l’arme nucléaire, à l’exception des États-Unis. Pourtant, les arguments ont toujours été autres, on n’a cessé de nous parler de la « menace nucléaire iranienne ». Mais la Russie est toujours partie de l’idée qu’il n’y avait aucune menace nucléaire iranienne, et aujourd’hui, toute la communauté internationale considère, avec nous, que cette menace n’existe pas.

« Pourquoi créer un système de défense antimissile ? Arrêtez cela »

Les États-Unis ont initié la signature d’un accord avec Téhéran sur le règlement du problème nucléaire iranien. Nous avons activement accompagné et soutenu nos partenaires américains et iraniens, nous avons obtenu une décision d’entente et l’accord est entré en vigueur, l’Iran a accepté de transférer son uranium enrichi. Il n’y a pas de problème nucléaire iranien. Dans ce cas, pourquoi créer un système de défense antimissile ? Arrêtez cela. Mais non – non seulement rien ne s’arrête, mais de nouveaux tests sont conduits, des exercices sont organisés, ces systèmes seront mis en place en Hongrie avant la fin de cette année, et en Pologne d’ici 2018 ou 2020.

Je peux vous dire – et les spécialistes le savent bien – qu’un site de positionnement de missiles anti-balistiques peut être utilisé efficacement aussi pour y installer des systèmes de missiles de croisière. Est-ce que ça ne constitue pas une menace pour nous ? Évidemment que si, et cela modifie jusqu’à la philosophie même de la sécurité internationale. Si un pays estime qu’il peut se protéger de toute frappe de croisement ou de riposte parce qu’il a mis en place au-dessus de lui un « parapluie anti-missiles », il a les mains libres pour employer n’importe quel armement. Et c’est cela qui constitue une violation de l’équilibre stratégique.

« Vous êtes en train de nous refaire l’Irak, ici »

Comment peut-on admettre des coups d’État ? Vous êtes en train de nous refaire l’Irak et la Libye, ici. Les autorités américaines n’ont pas honte de déclarer qu’elles consacrent des milliards de dollars – ouvertement, publiquement -, qu’elles ont dépensé 5 milliards pour soutenir l’opposition. Est-ce le bon choix ?

Tout le monde sait que, dans l’histoire des États-Unis, on a vu deux fois arriver au pouvoir un président élu par la majorité des grands électeurs, mais bénéficiant en réalité du soutien d’une minorité d’électeurs. C’est ça, la démocratie ? Non. La démocratie, c’est le pouvoir du peuple, de la majorité du peuple. Un homme choisi pour le plus haut poste de l’État par une minorité d’électeurs – comment ça ? Ce problème existe dans la Constitution américaine. Eh bien, nous n’exigeons pas que vous changiez votre constitution.

On peut discuter autant que l’on voudra, mais quand on finance l’opposition intérieure… L’opposition est une chose normale – simplement, elle doit exister sur ses propres bases. Mais dépenser des milliards quasiment ouvertement pour soutenir une opposition intérieure – pensez-vous que ce soit une pratique politique normale, que cela crée une atmosphère de confiance entre les États ? Je ne le pense pas.

«Rien d’efficace n’a pu être fait en Syrie »

Nous espérons que les actions coordonnées de notre aviation et des autres moyens de frappes, en accord avec les attaques de l’armée syrienne, donneront un résultat positif. Ce résultat suffira-t-il à dire que le terrorisme est vaincu en Syrie ? Non. Il faudra encore de sérieux efforts pour l’affirmer. Il y faudra encore un travail important et, je tiens à le souligner – un travail commun.

Ça fera tout de même bientôt six mois que la coalition dirigée par les États-Unis vise des positions sur place, plus de 11 pays y ont pris part et plus de 500 frappes ont été lancées sur divers objectifs – mais il n’y a aucun résultat, c’est un fait manifeste. De quel résultat pourrait-on parler, alors que depuis le début de ces opérations, les terroristes n’ont fait que se renforcer sur le territoire de la Syrie et de l’Irak, se sont consolidés sur les frontières où ils se trouvaient déjà et ont étendu leur zone de présence ? De fait, selon moi, nos collègues ne sont parvenus à rien d’efficace pour le moment.

« La question du départ d’Assad doit être réglée par le peuple syrien lui-même »

Je considère qu’un partage de la Syrie serait la pire des options, une solution inadmissible qui ne permettrait pas de résoudre le conflit mais créerait, au contraire, les conditions pour qu’il se poursuive et s’aggrave. Ce conflit deviendrait alors permanent. Si la Syrie est divisée en parties isolées, en territoires isolés, ces territoires se feront la guerre éternellement, et rien de bon n’en sortira.

Ensuite, quant à savoir si Assad doit partir ou non – je l’ai répété à de nombreuses reprises : je considère que ce n’est absolument pas correct. Comment pourrions-nous, de l’extérieur, poser la question et décider si tel ou tel chef d’État doit ou non s’en aller. C’est le peuple syrien lui-même qui doit en décider. Certes, et ici je dois émettre des réserves, nous devons être assurés que le pouvoir se forme sur la base de procédures démocratiques ; mais il doit évidemment s’agir d’un contrôle objectif – c’est le plus important – et non à la solde de tels ou tels puissance ou groupe de pays.

« L’armée syrienne remporte des succès avec notre soutien »

Je regarde les enregistrements vidéo après les frappes. C’est impressionnant. Il y a tellement d’explosions de munitions qu’elles atteignent presque les avions. On a le sentiment que ces munitions et ces armes viennent de tout le Proche-Orient, une puissance colossale a été amassée sur place. Et une question s’impose : d’où vient l’argent ? C’est une puissance tout simplement colossale ! Qui s’est pourtant amoindrie aujourd’hui, évidemment. Et l’armée syrienne remporte des succès avec notre soutien. Ces succès sont encore modestes, mais ils sont bien là. Et je suis certain qu’il y en aura encore.

Un « centre d’information » a été mis en place à Bagdad, associant la Russie, la Syrie et l’Irak : il sert à échanger des informations et déterminer les orientations principales de la lutte contre le terrorisme, notamment contre l’EIIL. Mais il n’est absolument pas prévu, pour le moment, d’élargir nos opérations militaires à l’aide des forces de défense aérospatiale.

« Nous avons d’excellentes relations avec les États où la majorité de la population est chiite »

Le but de ces opérations militaires et de ces efforts diplomatiques est la lutte contre le terrorisme, et non la médiation entre les représentants des diverses orientations de l’islam. Nous avons la plus haute estime pour nos amis qui confessent le chiisme, autant que pour les représentants de l’orientation sunnite, et alaouite – tous, nous ne faisons pas de différence.

Nous avons d’excellentes relations avec toute une série d’États où l’orientation sunnite prédomine, nous avons d’excellentes relations avec les États où la majorité de la population est chiite, et nous ne faisons donc aucune différence. Je le répète encore une fois : notre objectif le plus important – le seul – est la lutte contre le terrorisme.

Avec ça, nous comprenons la réalité dans laquelle nous évoluons et travaillons. En Syrie, par exemple, vous savez que sur les 34 – je crois – membres du gouvernement, plus de la moitié (environ, je peux me tromper) sont des sunnites, et cette part est aussi importante dans l’armée. La Syrie a toujours été pour une grande part un État laïc.

Photo : Vladimir Poutine au Forum de Valdaï

*Source : Vladimir Poutine à Valdaï : « Si la bagarre s’avère inévitable, il faut frapper le premier »

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