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27 décembre 2024

Le mea culpa de T. Blair, l’impunité des puissants et la servitude volontaire


Le mea culpa de T. Blair, l’impunité des puissants et la servitude volontaire

par M. Aurouet – dimanche 1er novembre 2015

M. Blair, ancien Premier Ministre de Grande-Bretagne, vient de faire son mea culpa pour l’invasion de l’Irak en 2003. Nous savons aujourd’hui sans le moindre doute à ce sujet que M. Blair a menti à son peuple, pretextant que le chef de l’Etat irakien était une menace pour le Moyen-Orient et pour le monde. M. Blair, qui jusqu’ici s’était montré plutôt droit dans ses bottes, jouant au démocrate sûr de défendre le camp du bien contre une incarnation évidente du mal, se comporte aujourd’hui comme s’il avait commis une erreur, laissant penser du coup que des excuses suffiraient. Or, déclencher une guerre, c’est à dire envoyer à la mort bon nombre de soldats britanniques et tuer des milliers de civils irakiens, sur le seul fondement d’un mensonge, n’est pas une erreur mais bien une forfaiture. C’est une haute trahison caractérisée qui devrait le faire traduire en justice. Quel crime politique peut-il être plus élevé en démocratie que d’engager sa nation dans une guerre dans la manipulation de tous ?

Bien sûr, je ne me fais guère d’illusion : M. Blair peut sans doute dormir tranquille, contrairement d’ailleurs aux supposés « voyous » de la compagnie Air France coupables d’un énervement bien tranquille, si on le compare à ce que leur demandait le marxisme. Je ne défends pas ici et à l’inverse une forme d’impunité des petites gens, je souligne simplement qu’il y a deux poids deux mesures. « Selon que vous serez puissants ou misérables… » disait à juste titre la fable de La Fontaine. Il est bien sûr déplorable que les puissants de ce monde, qu’il s’agisse d’oligarques ou de politiciens, agissent en toute impunité même lorsque les conséquences de leurs actes s’avèrent dramatiques pour le grand nombre. S’agissant de M. Blair, sa responsabilité n’est pas seulement de s’être comporté en criminel cynique, mais d’avoir destabilisé tout le moyen-Orient jusqu’à engendrer ce monstre totalitaire qu’est l’Etat islamique. Au mensonge qui caractérise la forfaiture s’ajoute donc une faute géopolitique qui fait aussi de M. Blair un incompétent pathétique.
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Mais ce qui est plus déplorable encore, c’est l’apathie dans laquelle nos démocraties se sont vautrées. Nous savons que nos dirigeants peuvent nous mentir et nous manipuler, nous savons que nous sommes massivement espionnés par des puissances étrangères et même alliées, nous n’ignorons pas que les gouvernements peuvent s’essuyer le derrière avec nos votes, comme cela a été le cas avec le traité de Lisbonne ou encore récemment en Grèce, nous savons aussi que les campagnes électorales sont affaire de propagande et de gros sous sans le moindre souci d’honnêteté envers les citoyens, nous savons enfin que, sans verser dans le complotisme, l’oligarchie économique et financière a écrasé la puissance publique tout en dominant les classes moyennes et les pauvres (Warren Buffet : « la lutte des classes existe, elle est en train d’être gagnée par les riches »). Le peuple en tant que corps politique est méprisé, perpétuellement bafoué dans l’expression de sa volonté et très largement manipulé.

Ceux qui protesteraient en me traitant de populiste ne m’impressionnent pas. Comme disait le regretté Philippe Muray, « ça ne prend plus » et leurs imprécations sont à présent parfaitement dérisoires. Car enfin, si du point de vue de la pensée politique il n’y a pas de peuple, comme le soutenait M. Moix dans ONPC devant un M. Onfray beaucoup plus pertinent que lui, alors il n’y a tout simplement pas de démocratie. Il peut certes y avoir un Etat de droit sans peuple, mais pas de démocratie sans peuple. Et en démocratie, que cela plaise ou non à M. Moix, le peuple est souverain. Mais je ne glorifie pas le peuple pour autant. Car enfin, il est en partie responsable de son sort. Il est seul responsable de son apathie et s’il est coupable d’une chose, évidente à mes yeux, c’est de s’accomoder d’une servitude volontaire qui atteint aujourd’hui des sommets. Comme le disait La Boétie, « ils ne sont forts que parce que nous sommes à genoux ». Il serait temps pour le peuple de s’en souvenir.

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