Turquie, Israël : deux pôles d’instabilité
6 novembre 2015
Turquie, Israël : deux pôles d’instabilité
par Elliot – jeudi 5 novembre 2015
Dans ce Moyen-Orient porté à ébullition par les politiques de Gribouille qui datent du traité de Sèvres en 1920 ( accords Syke-Picot) et retravaillées dans les think tanks américains ( principalement liés à Israël par les liens du sang ou de la mythologie ) et successivement mises en œuvre par la dynastie des Bush avec la complicité active de quelques pays satellites, deux autocrates émergent qui ont beaucoup de points communs : Netanyahu et Erdogan.
En premier lieu, ils gouvernent par flatterie des couches de la population peu réceptives à l’empathie mais au contraire recroquevillées sur leurs petites mesquineries et qui adhèrent de plain pied à des politiques très contraignantes qui entravent l’exercice des libertés démocratiques.
Ces populations ne sentent pas concernées par le débat d’idées mais par leurs seules obsessions étriquées qu’elles soient sécuritaires ou nationalistes.
Autocrates certes mais aussi otages de ceux qui les ont faits rois et donc bridés dans l’exercice de leur pouvoir d’initiative pour peu que l’idée leur en effleurât l’esprit.
Pourtant l’un et l’autre ont dans leurs geôles des atouts maîtres susceptibles de conduire leurs peuples à la paix : respectivement Oçalan en Turquie, chef historique du PKK, et Marwan Barghouti, un charismatique responsable de l’OLP, qui, tous deux, devraient être des interlocuteurs privilégiés dans la recherche d’un dialogue constructif..
Les deux hommes forts de cette région du monde, Erdogan et Netanyahu sont de rusés tacticiens mais de piètres stratèges ( ils promettent la paix et l’ordre et récoltent intensification des hostilités et tempête intérieure ) mais pire, ce sont surtout de calamiteux hommes d’état, de médiocres boutiquiers qui caressent des prétentions bien au-delà de leurs moyens.
Bref ces personnages ont chez eux à portée de mains les moyens de marquer l’histoire mais – si l’on fait exception d’une timide tentative d’Erdogan de nouer le dialogue avec Oçalan, qu’il a vite abandonnée, sans doute effrayé par sa propre audace – leur pusillanimité et la démagogie qui leur tient lieu de boussole les dissuadent de poser des actes décisifs.
Ainsi donc le spectre de la guerre civile continue de menacer plus que jamais la Turquie, les cercueils vont continuer de s’aligner, le problème kurde continuera d’empoisonner la vie des Turcs et le bond en avant économique du pays, fruit des premiers temps de la gouvernance Erdogan, va s’enliser dans les sables incertains de l’action/répression sans compter avec les remous de l’affaire syrienne et le caractère imprévisible des initiatives de Daech sur son territoire.
Déjà le tourisme est en fort recul et ce n’est pas la figure menaçante du nouveau sultan qui va attirer les mouches au portefeuille garni de devises, la production manufacturière est en berne, les taux de croissance turcs – qui firent la fierté légitime de l’AKP – se rapprochent de la moyenne européenne. Autant dire que la Turquie risque d’être contaminée par le mal endémique de l’Union Européenne la stagnation/ régression.
En Israël, les couteaux de cuisine s’opposent aux destructions de maisons et à la confiscation des terres, ce ne sont plus des missiles bricolés qui s’écrasent dans le désert, une pure abstraction pour la majorité des citoyens israéliens, ce sont des citoyens vaquant à leurs occupations qui risquent le coup de poignard dans le dos, partout et nulle part à la fois.
La terreur est très mauvaise conseillère et ceux qui exploitent ces sentiments sont des apprentis sorciers qui participent à un psychodrame dont ils ne sortiront pas indemnes…
Les USA se désintéressent de la situation dans les territoires, leur regard et leurs inquiétudes portent ailleurs, là où la réémergence de le Russie et de l’Iran leur porte ombrage sans qu’ils y puissent encore apporter remède.
L’Union Européenne est sans consistance, les pays qui la composent tirent à hue et à dia, obnubilés par le court-termisme, la France gesticule, c’est ce qu’elle sait faire de mieux et c’est un moindre mal quand on voit avec la Libye où cela mène quand elle associe les actes aux énervements grimaciers.