En effet, alors que les autorités japonaises font le forcing pour obliger les populations à retourner dans leurs villes, leurs villages, malgré la pollution nucléaire qui perdure, des experts constatent que le site nucléaire dévasté s’enfonce tout doucement, plus ou moins profondément suivant les bâtiments.
Dès le début de la catastrophe, la centrale s’était affaissée d’environ 70 cm, mais ce n’est que le 5 novembre 2015 que l’exploitant l’a confirmé en donnant quelques détails supplémentaires.
En effet, Tepco à admis qu’il y avait un tassement inégal d’un bâtiment à l’autre, comme on peut en juger sur cette photo. Puis en 2013, à la suite du typhon « Whipha », un glissement de terrain s’était produit, et 2 ouvriers du site nucléaire avait twitté là-dessus, s’étonnant du silence de l’exploitant. Auparavant, on apprenait au printemps dernier que la quantité de becquerels rejetés dans le Pacifique prenait des proportions dramatiques, puisqu’en 314 jours, 2200 milliards de Bq avaient rejoint les eaux de l’océan, la période s’étendant du 16 avril 2014 au 23 février 2015.
En effet, s’il faut en croire Tepco, 10% des eaux contaminées s’écoule directement dans les eaux du Pacifique, reconnaissant que la quantité de tritium qui a fuit s’élève à 4 800 000 000 000 Bq, mais sachant les dissimulations précédentes dont l’exploitant est coutumier, on peut imaginer que les quantités réellement relâchées soient plus importantes. De toute façon, il faudra des années pour appréhender le véritable impact environnemental de Fukushima sur l’Océan Pacifique. D’ailleurs le 5 novembre 2015 Tepco avait annoncé avoir découvert une fuite d’eau contaminée, (photo) sans pour autant pouvoir la localiser exactement, représentant 7,2 milliards de Bq de radioactivité gamma (strontium, césium 134, césium 137, et d’autres nucléides dont la nature n’a pas été communiquée).
Ce qui expliquerait le pic monstrueux de radioactivité atteignant 9,4 Sv/h à l’extérieur de l’enceinte du réacteur N°2…c’était le 2 octobre 2015. S’il est vrai qu’une dose d’un seul sievert déclenche des vomissements, des hémorragies, mais n’est pas mortelle, une dose unique de 5 sieverts serait fatale pour 50% des personnes exposées dans un délai d’un mois. À titre de comparaison, lors de la catastrophe de Tchernobyl, le critère déterminant l’évacuation des riverains était une exposition de 350 mSv, selon l’association mondiale du nucléaire.
Un autre épisode avait été passé sous silence, et a été dévoilé dans un rapport paru début 2014 : lors de l’explosion des réacteurs de la centrale japonaise, le porte-avion américain, le USS Ronald Reagan, croisait à 2 miles de là, participant a une opération dénommée « amitié » qui consistait à venir en aide aux victimes du tsunami. Au pire des moments, les 5500 marins présents sur le navire se virent enveloppés dans un brouillard chaud, lequel avait un « gout métallique », et comprenant le danger, le navire pris le large, sauf qu’entre temps, de nombreux marins avaient été touchés par la radioactivité émanant de la centrale, et il fallu par la suite laver le pont du porte-avion de fond en comble comme on peut le constater sur cette photo.
Malgré tout Tepco et les responsables de la marine américaine soutiennent que les soldats n’ont pu recevoir une dose suffisamment élevée pour susciter des craintes… En tout cas, s’il faut en croire Global Research évoquant un rapport récent, Fukushima a maintenant contaminé le 1/3 de la surface des océans dans le monde. Ce rapport a été publié en juillet 2015, et manifestement, cette pollution continue de s’étendre. Une confirmation a été donnée puisque des traces de radioactivité, du césium 134 et 137, dues à la catastrophe de Fukushima ont été détectées dans des échantillons prélevés en février 2015 au large d’Ucluelet, non loin de Vancouver, au Canada.
Ceci dit, il faut relativiser, car, s’il faut en croire l’ACRO, les eaux de la Manche sont plus radioactives que celles de Fukushima. C’était lors d’un prélèvement datant d’octobre 2012, et il est probable que cette affirmation ne soit plus valable aujourd’hui.
Sans pour autant manier un catastrophisme de mauvais aloi, c’est en mars 2014 que l’association Robin des Bois avait assuré qu’il y avait un risque sanitaire réel pour les riverains américains du Pacifique. Le président de l’association, Jacky Bonnemains, rappelle qu’un bar péché en juin 2013 était déjà contaminé à hauteur de 1000 Bq par kilo : « la teneur en césium 137 de l’eau de l’Océan Pacifique est préoccupante (…) il va y avoir concentration de la radioactivité dans les derniers maillons de la chaîne alimentaire (…) les sardines mangent du plancton contaminé. Et ensuite les thons, poissons carnivores vont manger les poissons contaminés par le plancton. Au bout du compte il va y avoir concentration de la radioactivité dans ces derniers maillons de la chaine alimentaire (…) les poissons migrent, ils ne connaissent pas les frontières administratives ».
Résultat, ces poissons péchés aux 4 coins de la planète vont finir dans nos assiettes, et tant que Fukushima continuera de cracher son poison, la chaîne alimentaire sera de plus en plus touchée… En 2011, juste après la catastrophe, Michelle Rivasi avait demandé à l’Union Européenne que les seuils de radioactivité européens soient mis au diapason avec ceux pratiqués au Japon, soit pour les aliments solides 500 Bq par kilo. Or le 28 mai 2014, l’Europe s’est bien alignée sur les normes japonaise de contamination radioactive alimentaire imposées depuis la catastrophe de Fukushima sauf qu’entre temps, le Japonavait relevé le seuil autorisé, passant « la dose admissible » de 1 mSv à 20 mSv/an. Mais, comme chacun sait, la norme, quelle qu’elle soit, n’empêche pas le danger.
Il y a quand même une bonne nouvelle : le Pape François n’en finit pas d’étonner, preuve en est puisqu’il a déclaré être anti-nucléaire… Lors d’une conférence avec les évêques japonais, il a comparé l’énergie nucléaire à la Tour de Babel en déclarant : « les humains ne devraient pas enfreindre les lois de la nature créées par Dieu. ». Pas sur que cette courageuse position empêche les bâtiments de la centrale japonaise de continuer de s’enfoncer, ni que les eaux contaminées continuent de polluer le Pacifique. Les miracles ont leurs limites… D’ailleurs, en France, au plus haut sommet de l’État, un hommecontinue de croire au mythe nucléaire.
Comme dit mon vieil ami africain : « quand l’éléphant trébuche, les fourmis souffrent ».