« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » (Bossuet)
L’hypocrisie autour des attentats de Paris, complaisamment reproduite par des médias en dessous de tout, est si indécente qu’il est nécessaire de remettre les points sur les i, par simple respect pour la mémoire des victimes. Les cofondateurs de l’Etat Islamique viennent aujourd’hui verser des larmes de crocodile ; au royaume de la com’, le foutage de gueule est roi.
Obama fut l’un des premiers à exprimer ses condoléances et sa « sympathie ». Il ne nous a malheureusement pas expliqué pourquoi son pays a amoureusement accompagné la montée en puissance de Daech. Des documents déclassifiés du DIA (le renseignement militaire américain) datant de 2012 montrent que les Etats-Unis, ses alliés du Golfe et la Turquie souhaitaient favoriser la création d’une « principauté salafiste » dans l’est de la Syrie « afin d’isoler le régime » Assad. Le directeur de l’époque du DIA, le général Michael Flynn, a avoué que l’administration Obama était parfaitement au courant de ce qui allait arriver et que c’était souhaité (« une décision délibérée »).
Erdogan a fait part de sa compassion, c’est gentil à lui… Il n’est cependant un secret pour personne que le sultan soutient à bout de bras Al Qaeda, à qui il a été jusqu’à fournir du sarin, et surtout l’Etat Islamique, ce qu’a reconnu le vice-président US Biden l’année dernière. Pour continuer à alimenter Daech en armes, Ankara est même prêt à faire la guerre aux Kurdes, ce qui ne semble absolument pas gêner l’Occident prêt à toutes les compromissions. Mais après tout, n’est-ce pas Fabius qui déclarait qu’Al Nosra (= Al Qaeda en Syrie) faisait « du bon boulot » ?
L’Arabie saoudite et le Qatar se sont fendus d’un communiqué pour déplorer les attaques de Paris. On aimerait qu’ils déplorent également les milliards de pétrodollars qu’ils déversent chaque année pour financer des milliers d’écoles coraniques dans le monde promouvant leur vision fondamentaliste de l’islam, véritables usines à terroristes. On aimerait qu’ils déplorent le fait d’avoir, après Al Qaeda dans les années 80, une nouvelle fois aidé et armé un monstre – Daech – censé casser l’arc chiite que leur mentalité moyenâgeuse et sectaire craignait plus que tout. Secret de polichinelle éventé par Biden encore, ou par le général Clarke, gens peu suspects de « conspirationnisme ». Cela n’empêche pourtant pas nos dirigeants d’aller se vautrer dans les ors des palais saoudiens pour signer des contrats.
Quant à Merkel et son pathétique « nous mènerons le combat ensemble« , qu’elle nous explique déjà comment a pu lui venir l’idée abracadabrante de vouloir, pour les beaux yeux du patronat allemand à la recherche de main d’oeuvre bon marché, ouvrir l’Europe à des millions de réfugiés parmi lesquels s’étaient évidemment infiltrés des terroristes, comme le répétaient les services de renseignement. L’un des tueurs de vendredi avait un passeport syrien… Combien d’autres dans des cellules dormantes ?
N’est-ce pas cette même clique de dirigeants occidentaux, pétromonarchiques et turc qui ont, tous ensemble, semé le chaos en Irak, en Libye et en Syrie, détruisant les structures étatiques fragiles de ces pays, ouvrant la voix à la guerre civile et à l’anarchie, créant d’énormes sanctuaires djihadistes dont Ben Laden n’aurait même pas pu rêver ?
Je n’ai jamais été adepte du « tous pourris », formule généralement creuse et qui ne règle rien. Mais il est difficile en l’occurrence de penser autre chose…
Observatus geopoliticus | 14 Novembre 2015