MamAfrika TV | Par Allain Jules
Il fallu que l’Occident soit frappé en plein cœur pour que l’ONU agisse. Alors que le Secrétaire général de l’ONU ne fait que condamner les attentats meurtriers perpétré par Boko Haram, toujours rien. Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité vendredi une résolution française qui permet de « prendre toutes les mesures nécessaires » pour combattre le groupe Etat islamique (EI), une semaine après les attentats qui ont fait 130 morts à Paris.
Alors que la Russie et l’Irak sont victimes de ces monstres depuis des années, il est étonnant que ce soit seulement maintenant que la « communauté internationale » prend l’affaire au sérieux. La résolution « demande aux Etats qui en sont capables de prendre toutes les mesures nécessaires, en conformité avec les lois internationales, et en particulier avec la charte de l’ONU (..) sur le territoire contrôlé par l’EI en Syrie et en Irak ».
Les pays sont invités à « redoubler d’efforts et à coordonner leurs initiatives afin de prévenir et stopper les actes terroristes commis spécifiquement » par l’EI, ainsi que par d’autres groupes extrémistes associés à Al-Qaïda.
Menace mondiale et sans précédent
Le Conseil qualifie l’EI de « menace mondiale et sans précédent contre la paix et la sécurité internationales » et se déclare « déterminé à combattre par tous les moyens cette menace ».
Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a salué dans un communiqué un texte qui « appelle à l’amplification de la lutte contre Daech », un acronyme de l’EI en arabe.
Un engagement concret
« Il importe maintenant », a-t-il ajouté, « que tous les Etats s’engagent concrètement dans ce combat, qu’il s’agisse de l’action militaire, de la recherche de solutions politiques, ou de la lutte contre le financement du terrorisme ».
François Delattre, l’ambassadeur français à l’ONU, a qualifié les attentats de Paris « agression armée contre la France » et a déclaré que la résolution permet de mener des efforts transnationales contre l’EI. « En se basant sur cette résolution historique du Conseil de sécurité de l’ONU, la France va poursuivre ses efforts afin de galvaniser la communauté international pour vaincre notre ennemi commun », a-t-il déclaré.
La résolution ne donne pas à proprement parler d’autorisation légale pour agir militairement contre l’EI et elle n’invoque pas l’article 7 de la charte de l’ONU qui prévoit l’emploi de la force.
Mais elle fournit un appui politique à la campagne contre les djihadistes en Syrie et Irak, qui a été intensifiée à la suite des attentats de Paris, revendiqués par l’EI.
Le droit de se défendre contre une attaque
Les raids aériens français en Syrie ont pour base légale le droit d’un Etat à se défendre contre une attaque, reconnu par l’article 51 de la Charte des Nations unies.
La résolution condamne les attaques à Paris, mais aussi celles qui ont été menées depuis début octobre par l’EI à Sousse (Tunisie), à Ankara, Beyrouth ou contre un avion russe au-dessus de l’Egypte.
Elle a été votée au moment où à Bamako une prise d’otages dans un hôtel a fait au moins 27 morts selon les autorités maliennes. Cette attaque a été revendiquée par un groupe djihadiste lié à Al-Qaïda.
Empêcher les citoyens de s’enrôler dans l’EI
La résolution invite les pays à « intensifier leurs efforts » pour empêcher leurs citoyens de s’enrôler dans les rangs de l’EI, comme l’ont fait des milliers de jeunes de pays occidentaux dont des centaines de Français, et pour tarir le financement des groupes extrémistes.
Elle prévoit aussi que l’ONU prenne de nouvelles sanctions contre les dirigeants et membres du groupe et ses soutiens. Hum ! On verra bien comment la Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite seront sanctionnés. Un poker menteur occidental et surtout une manière astucieuse de se moquer de leurs concitoyens morts après les attentats de cette secte meurtrière qu’est Daesh.
Incohérence et arrogance occidentale
La Russie a de son côté proposé mercredi au Conseil d’adopter une nouvelle version de son projet de résolution, que le président russe Vladimir Poutine avait présenté fin septembre.
Mais ce texte est pour l’instant rejeté par les Occidentaux parce qu’il prévoit d’associer le gouvernement du président syrien Bachar al-Assad à la lutte contre les groupes extrémistes.
Contrairement à la Russie; Londres, Paris et Washington veulent un départ rapide du président syrien dans le cadre d’une transition politique pour, disent-ils, régler le conflit. Depuis quand sont-ils devins ? Avec les précédents irakien et libyen, ils feraient mieux de la boucler…