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29 mars 2024

Qui peut encore digérer le dîner du Crif ?


Addition salée pour la cohésion nationale. Ce lundi soir, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) organise son dîner annuel en présence de membres éminents de la classe politique. Une opportunité pour les convives de goûter les sermons du président Roger Cukierman et de savourer la finesse de ses injonctions.

The-place-to-be : plus attrayant qu’une soirée caritative pour célébrités désœuvrées, le rendez-vous annuel du dîner du Crif est devenu, pour sa 31ème édition, un moment incontournable de la vie publique. Ce lundi 7 mars, ils seront environ 700 invités, triés sur le volet, à vouloir en être et y paraître. Acteurs politiques, décideurs économiques, personnalités religieuses et sociétaires du spectacle se rendront à cette cérémonie d’un genre particulier : celle durant laquelle, selon ses porte-paroles, la communauté juive délivre son message à la République. Et peu importe aux convives si de plus en plus de citoyens juifs contestent au Crif, comme bon nombre de leurs compatriotes musulmans à l’endroit du Cfcm, toute légitimité pour les représenter. Les jeux de rôles sont d’ores et déjà attribués.

La dérive droitière, entamée en 2010 avec l’arrivée de Gilles-William Goldnadel et ses comparses au comité directeur du Crif, s’est confirmée avec le retour à la présidence de l’ex-banquier d’affaires Roger Cukierman, âgé aujourd’hui de 79 ans. Ces dernières années ont d’ailleurs vu apparaître une forme inédite de repli identitaire au sein de la communauté juive, particulièrement parmi les plus jeunes. Des intellectuels vont même jusqu’à dénoncer cette crispation idéologique : ainsi, le journaliste Jean Daniel n’avait pas hésité à comparer les responsables du Crif à des « représentants français du Likoud » tandis que Rony Brauman et Elizabeth Lévy, pour une fois d’accord, qualifiaient cette institution de « seconde ambassade  d’Israël ». Même le philosophe Alain Finkielkraut, surnommé jadis « le porte-flingue d’Ariel Sharon« , semble parfois, lui aussi, excédé quand il en vient à juger comme étant « légèrement grotesque » le rendez-vous annuel du Crif, ce « tribunal dînatoire » qui s’apparente à une « convocation du gouvernement ». Des jugements sévères de la part de personnalités de l’intérieur de la communautéd’ordinaire plus accommodantes avec leurs représentants autoproclamés.

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