LA ville de réfugiés d’Erdogan n’est qu’un voile de fumée
8 mars 2016
- Sputnik France
- 08 Mars 2016
Die Zeit: la ville de réfugiés d’Erdogan n’est qu’un voile de fumée
InternationalDossier:
Selon le journaliste, ce « projet audacieux » d’Erdogan n’est pas du tout destiné à aider les réfugiés.
La proposition du président turc Recep Tayyip Erdogan de construire une ville de réfugiés en Syrie est un voile de fumée dont le but est de camoufler auprès de l’Union européenne les vraies intentions d’Ankara, annonce l’hebdomadaire allemand Die Zeit.
« Le projet audacieux de construire une ville de réfugiés, très humain au premier coup d’œil, n’est en réalité qu’un voile de fumée et rien de plus. Ce voile est destiné à cacher auprès des 28 pays membres de l’Union européenne les vraies intentions de la Turque », écrit Ludwig Greven, observateur de l’hebdomadaire.
Selon le journaliste, ce « projet audacieux » d’Erdogan n’est pas du tout destiné à aider les réfugiés. La proposition a été faite à des fins de propagande, le président turc voulant montrer à la communauté internationale que son pays était toujours prêt à poursuivre l’accueil des réfugiés syriens. Mais il est vrai qu’il le ferait en territoire étranger. En outre, la combinaison de mots « ville de réfugiés » sonne plus harmonieusement aux oreilles de la communauté que celle de « zone tampon », dont la création est depuis longtemps revendiquée par le gouvernement turc.
Si jamais cette ville est construite, la coalition dirigée par les États-Unis sera obligée de mettre en place une zone d’exclusion aérienne, ce qui pourrait conduire à des affrontements avec les avions de combat russes, estime l’observateur.
Il existe encore une raison pour laquelle Erdogan veut ériger cette ville, c’est de faire échouer les projets des Kurdes du Nord, qualifiés par Ankara de terroristes et soutenus par Moscou et Washington.
« C’est le plus grand sujet de préoccupation pour Erdogan, qui redoute qu’après l’Irak du Nord, les Kurdes créent une région autonome en Syrie, et qu’ensuite les Kurdes turcs, s’inspirant de cet exemple, n’exigent eux aussi leur autonomie », écrit Ludwig Greven.
Par ailleurs, Erdogan a omis de préciser les délais de construction et n’a pas indiqué qui contrôlerait la ville.
« La Turquie pourrait prétendre à la souveraineté sur cette ville de réfugiés, qu’elle serait obligée de soutenir. Mais ceci constituerait une violation flagrante du droit international », souligne le journaliste.