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16 avril 2024

30 ans d’essais nucléaires en Polynésie : impact sanitaire sur les populations


N’OUBLIONS PAS LES ESSAIS NUCLÉAIRES À REGGANE EN ALGÉRIE OÙ LA POPULATION IRRADIÉ TOUT AUX ALENTOUR, SURTOUT QUE CES ESSAIS ONT EU LIEU EN   ATMOSPHÈRE ET QUE LA FRANCE NE S’INQUIÉTAIT PAS DES POPULATIONS.

EssaisPolynesieEntre 1966 et 1996, la France a effectué 193 essais nucléaires atmosphériques et souterrains sur les atolls polynésiens de Moruroa et de Fangataufa. Dans le dernier dossier de l’Observatoire des armements, Bruno Barrillot s’intéresse aux conséquences des essais sur les populations les plus vulnérables (enfants et femmes), et souligne l’absence de mesures de prévention et de suivi sanitaire des populations locales par les autorités françaises.

Par Marion Loddo, membre du comité de pilotage d’ICAN Youth

Dans « Essais nucléaires : les atteintes aux enfants », Bruno Barrillot dresse un constat accablant de l’impact sur les femmes et les enfants du programme d’essais nucléaires français en Polynésie, posant notamment la question du risque de la transmission d’anomalies génétiques susceptibles d’affecter les futures générations. Ce dossier permet de mettre en exergue les effets inacceptables de ces armes et les risques qu’elles font peser sur les populations civiles et les générations futures.

Dans un premier temps, Barrillot évoque les résultats d’études sur les effets des essais nucléaires américains dans les îles Marshall qui ont révélé une augmentation du nombre de fausses couches et le développement de troubles médicaux et de maladies par les enfants des couples qui avaient été exposés aux retombées des essais. Bien que de telles études n’ont pas encore pu être réalisées pour le cas de la Polynésie, on peut s’attendre à ce que les essais français aient produit des effets similaires.

Le dossier fait clairement ressortir l’opacité qui persiste concernant l’impact des retombées radioactives des essais en Polynésie comme en atteste les réactions négatives ou les efforts de verrouillage de l’information dès lors que la question est abordée. Les archives médicales couvrant les 20 premières années des essais nucléaires restent d’ailleurs inaccessibles à ce jour. Barrillot s’appuie sur de nombreux témoignages de membres du personnel médical en service à l’époque et d’une directrice d’école, qui révèlent des cas de malformations à la naissance, de leucémies, ou de tumeurs cérébrales suite aux essais. Le dossier mentionne également un taux de mortalité infantile quatre fois supérieur à la moyenne de la métropole chez les anciens travailleurs et militaires de Moruroa et cite les résultats d’un rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AEIA) qui montrent que les doses de radioactivités absorbées entre 1966-1974 par les nourrissons en Polynésie étaient globalement les plus importantes de tout l’hémisphère Sud.

Barrillot explique que la déclassification de centaines de documents en 2012-2013 a prouvé que les différents responsables de l’époque – présidents, ministres de la défense, et service de santé des armées – étaient au courant des effets des essais nucléaires sur la population et l’environnement, bien qu’aucunes mesures de prévention ou de prise en charge des populations concernées n’aient été mises en œuvre. La politique de désinformation sur l’innocuité des essais nucléaires, et la minimisation de l’impact des retombées radioactives, sous couvert du secret défense, démontrent « une volonté de défendre avant tout la ‘raison d’État’ au détriment de la vie et de la santé de leurs lointains concitoyens. »

Ce dossier a été publié par l’Observatoire des armements à l’occasion du voyage officiel de François Hollande en Polynésie en février dernier. Au cours de sa visite, le Président a reconnu que « les essais nucléaires menés entre 1966 et 1996 en Polynésie française ont eu un impact environnemental, provoqué des conséquences sanitaires » et a également annoncé une révision du traitement des demandes d’indemnisation des victimes des essais. Bien qu’encourageantes, ces annonces restent en dessous des attentes des victimes et n’indique pas de changement de position de la part des autorités françaises qui 20 ans après la fin des essais nucléaires continuent de se cacher derrière l’argument du secret militaire et la fausse notion de risques négligeables.

Liens utiles :
Infographie d’ICAN France sur les essais nucléaires français
Observatoires des armements
– Associations des victimes des essais : http://www.association193.org ; http://www.moruroaetatou.com

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